Il a parlé. Enfin. Alors que la crise diplomatique entre la France et l’Algérie atteint un niveau inédit, le président français a pris la parole, ce vendredi 28 février.
En visite au Portugal, Emmanuel Macron a clarifié la position officielle de la France en arbitrant sur plusieurs sujets, notamment l’accord franco-algérien de 1968. Il a également envoyé des messages d’apaisement en direction de l’Algérie et des Algériens de France.
Premier message fort du président français : les accords de 1968 ne seront pas dénoncés par la France de manière unilatérale. Bien au contraire. « On ne va pas les dénoncer de manière unilatérale. Ça n’a aucun sens », a-t-il affirmé. Pour Emmanuel Macron, le problème ne réside pas dans les accords de 1968 « sur lesquels il y a beaucoup de commentaires, parfois d’ailleurs factuellement faux », a-t-il précisé.
Crise France – Algérie : Retailleau désavoué
Il s’agit d’un désaveu pour son ministre de l’intérieur Bruno Retailleau qui a multiplié les attaques contre cet accord franco-algérien qu’il a présenté comme la source des tous les maux migratoires en France.
Le second désaveu pour le ministre français de l’intérieur porte sur la méthode. Pour le président français, « les choses se font bien quand elles se font avec exigence, avec engagement. Mais il ne faut pas qu’elles fassent l’objet de jeux politiques. Il faut qu’elles soient faites avec ce que notre pays mérite quand on parle de sa sécurité, c’est-à-dire un sens du réel et simplement une culture du résultat et de l’efficacité, et ensuite ce que le lien qu’il y a entre nos pays exige. Et donc nous, on veut être respecté et on le fera aussi avec respect ».
Comme le souligne Le HuffPost, ce passage constitue un tacle pour Bruno Retailleau et sa gestion de la crise avec l’Algérie. Le ministre de l’intérieur ne cache plus ses ambitions politiques : il veut prendre la tête du parti Les Républicains pour viser la présidentielle de 2027. L’Algérie est un sujet qui offre une bonne visibilité dans l’opinion publique française. Mais ces déclarations sur l’Algérie et les Algériens ont dépassé les limites du respect qu’une relation entre deux pays exige. D’où visiblement la mise au point de Macron.
Appel à une reprise du dialogue entre Paris et Alger
L’autre message du président Macron est un appel à une reprise du travail et du dialogue entre les deux pays. « Parce que nous n’avancerons pas s’il n’y a pas un travail, on ne peut pas se parler par voie de presse. C’est ridicule. Ça ne marche jamais comme ça », a-t-il dit.
Emmanuel Macron affirme avoir entendu les mots du président Tebboune, en allusion à l’entretien accordé par le chef de l’Etat algérien au journal L’Opinion, le 3 février dernier. Le chef de l’Etat algérien avait invité son homologue français à s’exprimer. « J’ai bien entendu les mots du Président Tebboune et je souhaite qu’il y ait maintenant un travail de fond qui soit réengagé au service de nos intérêts des uns et des autres, avec exigence, respect, engagement », a-t-il expliqué. Un appel à une reprise des contacts directs entre les deux pays.
Algériens de France : le message de Macron
Enfin, Emmanuel Macron adresse un message aux Algériens de France et aux Franco-Algériens, ciblés ces dernières semaines par l’extrême droite.
« On a des millions de Françaises et de Français qui sont nés de parents algériens, qui sont parfois binationaux, qui n’ont rien à voir avec ces débats, qui sont des gens qui vivent en paix, adhérents aux valeurs de la République. je ne voudrais pas qu’ils soient maintenant pris dans ces débats parce qu’ils ont le droit à la vie tranquille aussi », a-t-il dit.