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Crise France – Algérie : Paris souffle le chaud et le froid

Crise France – Algérie : Paris souffle le chaud et le froid

Par Leo Altman / Adobe Stock
Algérie - France

Le rappel à l’ordre de Jean-Noël Barrot n’a pas eu d’effet. Bruno Retailleau persiste à évoquer publiquement le dossier sensible de la crise avec Alger, qui plus est avec la même rhétorique provocatrice.

A travers ses ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur notamment, la France continue à souffler le chaud et le froid dans ses rapports avec l’Algérie. Le président Emmanuel Macron est bel et bien pris au piège d’une droite dure qui versé dans la surenchère.

Mardi dernier, le chef de la diplomatie française rappelait leurs limites à ses collègues de l’Intérieur et de la Justice, Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, qui se sont exprimés publiquement sur des « leviers de pression » à actionner contre l’Algérie.

« C’est au Quai d’Orsay, sous l’autorité du président de la République, que se forge la politique étrangère de la France », a signifié Jean-Noël Barrot à travers la plateforme Brut. Jeudi, ses propos ont pris tout leur sens lorsqu’il a tendu la main à Alger pour dépasser l’impasse actuelle.

« Ni l’Algérie, ni la France n’ont intérêt à ce que s’installe une situation de crise (…) Nous sommes deux pays voisins, deux grands pays de la Méditerranée, nous avons intérêt à aplanir les difficultés », a-t-il soutenu sur RTL.

Une réunion est prévue, dans « les prochains jours », autour d’Emmanuel Macron. Selon Barrot, elle permettra de « définir les suites à donner, les mesures à prendre pour restaurer la coopération indispensable entre nos deux pays ».

Pour Bruno Retailleau, au contraire, « toutes les mesures doivent être mises sur la table, des mesures individuelles et plus générales ».

Le ministre de l’Intérieur est accusé par la gauche de poursuivre un agenda et il ne s’en détourne pas, quitte à contrarier la solidarité gouvernementale.

Ce dimanche, il est revenu à la charge dans un entretien diffusé sur BFMTV, assumant tout ce qu’il a dit jusque-là sur l’Algérie.

« J’ai considéré que la France avait été humiliée », insiste-t-il à propos du renvoi de l’influenceur expulsé par la France le 9 janvier pour « appels à la violence ».  « Je ne peux rien supporter je ne laisserai rien passer », a-t-il répété.

Bruno Retailleau : l’Algérie « n’a pas respecté le droit international »

« L’Algérie n’a pas respecté le droit international, elle n’a même pas respecté les textes qu’elle s’est donnée par l’accord entre nos deux pays, le protocole de 1994 qui indique, comme la convention de Chicago, que quand vous avez un ressortissant algérien, que vous avez un passeport biométrique, donc infalsifiable, qui est en cours de validité vous devez accepter, c’est le droit international », a de nouveau accusé Retailleau.

A propos de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, il dira qu’il a été « arrêté injustement détenu arbitrairement, il est âgé et il est malade ».

« Je connais les douleurs de l’histoire, je connais parfaitement le passé, l’histoire que nous avons entre la France et l’Algérie. Au nom de cette douleur de l’histoire, un pays comme l’Algérie ne peut pas offenser un pays comme la France, y compris détenir, dans les conditions que je viens de vous donner, un ressortissant français », a ajouté Retailleau pour qui c’est la « fierté française » qui a été « blessée par l’offense que l’Algérie a faite ». ,

Bruno Retailleau plaide pour un « rapport de force » avec l’Algérie

« Je pense qu’on est allés au bout du bout » et les tentatives de réconciliation « n’ont pas été payées en retour », a estimé le ministre français de l’intérieur qui se dit convaincu que « sans rapport de force, on n’y arrivera pas ».

« Je suis favorable à des mesures fortes mais ce n’est pas moi qui prend la décision, c’est évidemment au plus haut niveau que cette décision doit être prise », a-t-il reconnu. Comprendre, si cela ne tenait qu’à lui, il aurait déjà décrété les mesures qu’il brandit et qu’il a répétées encore, ce dimanche.

« Des mesures individuelles, comme les visas diplomatiques, et  collectives, je pense à l’accord de 1968 et l’échange de lettres pour les diplomates de 2007. On a une graduation de la réponse et la France doit choisir les moyens corrects de répondre à l’Algérie, à son agressivité », a insisté le ministre français de l’Intérieur qui ne lâche pas l’accord de 1968, un accord « daté » et qui a selon lui « déformé l’immigration algérienne ». "Il n’a pas lieu d’être. Il faut le remettre sur la table », a-t-il insisté.

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