La crise entre Paris et Alger, alimentée par des cercles de l’extrême droite, n’arrange en rien les intérêts des deux pays. En Algérie comme en France, des voix appellent à l’apaisement et au dialogue pour préserver l’avenir des relations bilatérales et des communautés respectives.
C’est le cas en Algérie du député de l’émigration, Mohamed Hani, qui a appelé ce jeudi 17 avril à l’apaisement « pour ne pas tomber dans le piège de l’extrême droite » française, « hostile à l’Algérie » et « nostalgique de l’Algérie française ».
Intervenant en plénière à l’Assemblée populaire nationale (APN), consacrée au projet de loi relatif aux Wakfs, le député et membre de commission des affaires étrangères, de la coopération internationale et de la communauté nationale à l’étranger, a profité de l’occasion pour aborder la question de la crise qui secoue les relations algéro-françaises.
Algérie – France : « Il ne faut pas ajouter de l’huile sur le feu »
Le député a choisi de s’exprimer en français, pour éviter que ses propos ne soient « traduits et sortis de leurs contextes », a-t-il justifié. Mohamed Hani a d’emblée affirmé que le problème de l’Algérie actuellement, ce ne sont nullement les Français, « mais plutôt une classe politique nostalgique d’une Algérie française ».
Faisant ainsi référence à l’extrême droite française, le parlementaire algérien a chargé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, tout en lui reprochant d’être à l’origine du regain de la crise entre les deux pays, après un début d’apaisement.
« Après huit mois de tensions, il est temps que la diplomatie officielle reprenne son cours », a déclaré le député Mohamed Hani, tout en saluant le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, « qui a eu la sagesse » et surtout l’intelligence de cornériser un ministre de l’Intérieur qui a toujours affiché son hostilité à l’Algérie ».
Pour lui, il est inconcevable que ce ministre, qui est « l’enfant gâté d’un certain (Philippe) De Villiers, connu pour ses positions d’extrême droite », accuse l’État algérien « d’État voyou ». De plus, il dénonce « l’opération barbouzienne, qui a été opérée à Paris sur un agent consulaire algérien, en enfreignant sa protection consulaire ».
« L’Algérie est souveraine […] Nous ne sommes donc pas à la merci de la France »
Il est donc évident, pour Mohamed Hani, que le regain des tensions entre Paris et Alger, alors que les relations étaient sur le point d’être apaisées, relève de la responsabilité de Bruno Retailleau, à travers l’arrestation du représentant du consulat d’Algérie à Créteil et pour servir ses propres desseins politiques.
L’objectif, selon lui, était clair : « c’est de créer une nouvelle tension entre Alger et Paris ». Or, il estime que les deux États doivent obligatoirement travailler ensemble et que le fait de rajouter de l’huile sur le feu n’est de l’intérêt d’aucune de ces deux parties.
« Mais, il faut dire certaines vérités », a ajouté le parlementaire. Les agissements du ministre français de l’Intérieur répondent à « un programme politique bien tracé », à savoir « l’élection au sein de son parti et des ambitions pour la présidentielle de 2027 » en France.
Tout en insistant sur la nécessité de la reprise du dialogue diplomatique entre les deux États, Mohamed Hani a rappelé solennellement que « l’Algérie est souveraine. Nous avons diversifié nos partenaires et nous ne sommes donc pas à la merci de la France ou d’un autre pays ».
Ce qui se passe actuellement « est dans l’intérêt de Bruno Retailleau »
L’Algérie ne doit donc pas « recevoir des menaces », a-t-il dit, affirmant que la « ligne rouge a déjà été franchie », notamment par les multiples déclarations de Bruno Retailleau. De son point de vue, malgré cela, les deux pays doivent continuer à travailler dans le bon sens.
Le député algérien suggère un retour au dialogue et appelle à ne pas tomber dans le piège de l’extrême droite, « car nous avons une forte communauté qui, avec toutes les assurances du président Tebboune, elle se sent sous pression ».
Tout ce qui se passe actuellement « est dans l’intérêt de Bruno Retailleau. Il ne faut pas qu’on tombe dans ce piège », a conclu le député, tout en appelant les membres de la communauté algérienne en France à respecter les lois de la République française et à se défendre dans le cadre de ce qu’elles leur permettent.