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Cyberattaque au Maroc : après le choc, la panique

Les révélations qui ont fuité suite au piratage des données de la caisse de Sécurité sociale CNSS ont choqué tout le Maroc. La caste des privilégiés du royaume est désormais prise de panique, redoutant un acte similaire visant les données liées aux propriétés immobilières et foncières.

Mardi 8 avril, un groupe de hackers se nommant JabaROOT DZ et se réclamant d’Algérie a mis en ligne sur une chaîne Telegram les données piratées relatives à 500.000 entreprises affiliées à la caisse marocaine de Sécurité sociale.

Certains des salaires dévoilés ont choqué l’opinion publique, notamment celui de Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi Mohammed VI et gérant de la holding royale Siger, payé 120.000 euros par mois. Dans ce pays très inégalitaire, l’écrasante majorité des salaires dévoilés est dérisoire.

Un internaute a établi des statistiques à partir des données piratées et le résultat est ahurissant : près de 80 % des employés gagnent moins de 6.500 dirhams par mois, soit moins de 611 euros.

« On connaissait les pistonnés et les pantouflards, on découvre ce qu’ils valent », ironise sous le couvert de l’anonymat un cadre du Crédit du Maroc, cité par le journal français Le Monde. Cette grande banque marocaine a vu, elle aussi, ses données salariales étalées sur la place publique.

Inégalités au Maroc : après les salaires, les biens immobiliers ? 

Ce qui s’est passé la semaine passée au Maroc n’est pas un fait anodin. Il s’agit d’un tsunami qui ne manquera pas de laisser des séquelles. Déjà, des institutions publiques se sont remises aux vieilles procédures « papier ». En quelques jours, le royaume a fait un bond de plusieurs années en arrière.

Si l’opinion publique est sidérée par les revenus indécents d’une classe restreinte de privilégiés, la presse marocaine et les institutions préfèrent regarder du côté des failles qui ont permis cette cyberattaque d’envergure.

Le desk.ma explique par exemple que le piratage s’est produit à la fin de l’année 2024 et impute la faute à l’inopérance des dispositifs de protection de la CNSS qui s’est entouré d’une myriade de prestataires.

Des sanctions sont attendues et pourraient toucher, selon les médias marocains, la direction de la CNSS et celle de la sécurité des systèmes d’information (DGSSI).

C’est que, au royaume, on redoute d’autres attaques qui pourraient divulguer les autres facettes de l’inégalité. En effet, les disparités au Maroc ne concernent pas que les revenus. Au moment où une large partie de la population a du mal à se loger, les mêmes privilégiés possèdent des empires immobiliers et fonciers.

Maroc : les privilèges de la caste dirigeante dévoilés

Immédiatement après l’attaque qui a ciblé la CNSS, l’Agence marocaine de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC) a pris la mesure extrême de suspendre son fonctionnement numérique pour retourner aux vieilles procédures du traitement et de la présence physique.

Il s’agit d’un signe indéniable de panique. L’agence a décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre l’accès à son portail électronique, rapporte le site barlamane.com.

En attendant de renforcer sa sécurité informatique, l’ANCFCC a invité l’ensemble des professionnels du droit (notaires, avocats et officiers publics ministériels), à « se présenter physiquement dans les guichets des services fonciers ».

« Le dépôt des actes, la consultation des registres et les règlements afférents devront, jusqu’à stabilisation de la situation, s’effectuer exclusivement sur place », rapporte la même source.

La décision se comprend aisément. La divulgation des biens de la famille royale, de son entourage et de tous les privilégiés du royaume est susceptible de faire l’effet d’une bombe dans un pays où les inégalités sociales ne cessent de se creuser.

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