Les dattes algériennes, notamment pour leur variété Deglet Nour, sont réputées à l’échelle internationale pour leur bonne qualité. Mais au Maroc, à l’approche du Ramadan 2025 qui commence le 1er ou le 2 mars, certains remettent en cause la qualité de ce fruit, comme à chaque fois, pour des raisons souvent politiques.
Chaque année, à l’approche du Ramadan, la polémique autour des dattes algériennes, incontournables sur les tables de la rupture du jeûne, refait surface au Maroc. Certains intervenants vont jusqu’à remettre en cause leur qualité, appelant à boycotter ce fruitalgérien.
Dattes algériennes au Maroc : entre rumeurs et difficultés d’exportation
Cette année encore, le débat refait surface. Une manifestation a même eu lieu il y a quelques jours au marché de gros de Derb Milan, à Casablanca, pour réclamer aux commerçants de ne plus proposer les dattes algériennes, prétendant qu’elles sont dangereuses pour la santé et qu’elles sont de qualité inférieure.
En parallèle avec ces campagnes de boycott, lancées par certains cercles au Maroc hostiles à l’Algérie, les exportateurs algériens de ce fruit roi du mois sacré se disent aussi confrontés à l’inaccessibilité du marché marocain.
Selon un exportateur algérien de dattes, cité début février par le média spécialisé Fresh Plaza, le marché marocain est « totalement inaccessible », regrettant sa résignation « à ne pas exporter vers le Maroc cette saison ». Pour lui, c’est l’état des relations entre les deux pays qui bloque les exportations, et ce, malgré la forte demande sur le marché marocain.
À une dizaine de jours seulement du début du mois sacré, la polémique autour de la qualité des dattes algériennes au Maroc enfle. Mais il est clair que le prétexte de la qualité de ce produit ne tient point la route. Des spécialistes marocains évoquent en effet des raisons liées aux relations tendues entre les deux pays.
Une transition « motivée par les difficultés politiques et diplomatiques »
« Depuis plusieurs années, le paysage de l’importation des dattes a connu des changements notables », a expliqué Riad Ouhtita, expert agricole, au média en ligne Hespress. Selon lui, « un grand nombre d’importateurs, autrefois fidèles à l’Algérie, ont modifié leur système d’approvisionnement, se tournant vers la Tunisie ».
L’expert souligne que cette transition « a été en grande partie motivée par les difficultés politiques et diplomatiques qui ont affecté les relations entre les deux pays voisins ».
Concernant la qualité des dattes algériennes, l’intervenant a d’emblée reconnu qu’elles « sont réputées pour leur qualité exceptionnelle et jouissent d’une excellente réputation sur le marché », rejetant catégoriquement les accusations de mauvaise qualité.
Il a expliqué à ce propos que les autorités marocaines font preuve d’une vigilance rigoureuse pour garantir la qualité des produits agricoles, dont les dattes. Celles en provenance d’Algérie obéissent aussi aux règles imposées par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA).
Qualité des dattes algériennes : des experts marocains mettent fin aux polémiques
Des professionnels marocains de la filière, cités par Al Arabya Maroc, assurent aussi que les dattes importées d’Algérie ne contiennent aucunement des éléments cancérigènes, comme le prétendent les partisans du boycott de ce produit.
En réponse aux rumeurs qui circulent actuellement dans le pays, ils nient catégoriquement la présence de pesticides ou de produits cancérigènes dans les dattes algériennes commercialisées au Maroc, assurant que ces produits sont soumis à des tests rigoureux par les services de contrôle.
« Les services de contrôle de l’ONSSA sont stricts en ce qui concerne l’importation de produits agricoles et alimentaires, en les soumettant aux tests de laboratoire nécessaires et en examinant minutieusement les documents d’importation, notamment les certificats sanitaires qui les accompagnent », indique le président de la Fédération des importateurs d’épices, de dattes et de fruits secs, Faiçal Chaoui.
Pour sa part, Brahim Elanbi, ingénieur agronome marocain, explique que tous les pays exportateurs vers le Maroc, dont l’Algérie, « œuvrent à adopter les normes internationales concernant les résidus de pesticides et veillent à adapter leurs systèmes aux exigences en vigueur ».