Politique

Décès de Sid Ahmed Ghozali : un acteur et témoin des étapes clés s’en va

Sid Ahmed Ghozali est mort. L’ancien chef du gouvernement algérien est décédé ce mardi 4 février 2025 à l’hôpital militaire d’Alger, à 88 ans, a annoncé la télévision publique.

Né en 1937 à Tighenif (Mascara), Ghozali a occupé de nombreuses hautes fonctions au sein de l’État algérien à des périodes charnières de l’histoire contemporaine du pays.

C’est notamment lui qui a géré la période d’instabilité politique et sécuritaire à cheval entre les présidences de Chadli Bendjedid et Mohamed Boudiaf au début des années 1990.

Ingénieur diplômé de l’école des Ponts et Chaussées de Paris, Sid Ahmed Ghozali est devenu après l’indépendance, avec l’ancien chef de l’État Abdelaziz Bouteflika, l’un des plus jeunes membres du gouvernement algérien en occupant le poste de sous-secrétaire d’État aux Travaux publics en 1964.

Deux ans plus tard, en 1966, il est nommé PDG de Sonatrach, poste qu’il occupera jusqu’en 1977. Lorsque l’Algérie a nationalisé ses hydrocarbures en 1971, c’est lui qui était à la tête de la compagnie pétrolière algérienne.

En 1977, Sid Ahmed Ghozali revient au gouvernement comme ministre de l’Énergie et des Industries pétrochimiques, puis comme ministre de l’Hydraulique (1979-1980).

Nommé ambassadeur à Bruxelles dans les années 1980, il est de nouveau rappelé au gouvernement après l’ouverture démocratique de 1988. Il sera successivement ministre des Finances (1988-1989) puis des Affaires étrangères (1989-1991).

Sid Ahmed Ghozali, l’homme à la cravate papillon, tire sa révérence

En juin 1991, après la grève insurrectionnelle du FIS, le Front islamique du salut, Ghozali a remplacé Mouloud Hamrouche au poste de chef du gouvernement, tout en étant ministre de l’Économie.

C’est sous son égide qu’ont été organisées les premières élections législatives pluralistes de l’histoire de l’Algérie, le 26 décembre 1991. Les Algériens se souviennent de sa promesse d’organiser des élections “libres et honnêtes”.

Remporté par le FIS, le scrutin sera annulé suite à la démission du président Chadli entre les deux tours. Mohamed Boudiaf est appelé pour présider le Haut comité d’État (HCE), une sorte de présidence collégiale, et Ghozali était de ceux qui ont accueilli à l’aéroport d’Alger l’ancien dirigeant de la révolution à son retour d’exil du Maroc, le 16 janvier 1992.

Maintenu, Sid Ahmed Ghozali vivra encore en chef du gouvernement un autre événement dramatique de l’histoire de l’Algérie, l’assassinat du président Boudiaf le 29 juin 1992 à Annaba. Il quittera son poste une semaine plus tard.

Pendant cette période, Ghozali était surnommé par les Algériens, notamment par la presse indépendante naissante, l’homme “Papillon”, pour les cravates papillon qu’il affectionnait.

Le dernier poste important qu’il a occupé est celui d’ambassadeur d’Algérie à Paris entre 1992 et 1994.

Sid Ahmed Ghozali s’est opposé pendant de longues années au président Abdelaziz Bouteflika et activé pour la démocratisation du pays. Après deux tentatives infructueuses de se présenter à l’élection présidentielle (1999 et 2004), il a tenté de créer un parti politique, sans succès également.

L’hommage du président Tebboune à Sid Ahmed Ghozali

Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a salué la mémoire d’un des hommes “qui ont servi le pays en occupant de hautes fonctions et responsabilités dans les institutions de l’État, et qui ont laissé leur marque en tant que figure nationale active et témoin d’une étape décisive qui a vu des transformations et des événements importants dans la vie nationale”.

Dans un message de condoléances à la famille du défunt, le chef de l’État a aussi évoqué un “intellectuel d’élite et compétent qui a assumé les hautes responsabilités d’ambassadeur, de ministre et de Premier ministre et s’est distingué par ses riches contributions à l’arène politique nationale”.

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