Des violences inacceptables ont une fois encore frappé le personnel médical en Algérie. Cette fois, les faits se sont déroulés au CHU Ibn Rochd d’Annaba. Dans la nuit du vendredi au samedi dernier, 5 membres de l’équipe soignante ont été violemment agressés par des individus, causant des blessures graves à 2 d’entre eux, selon de nombreux médias dont le journal local Akher Saa.
Un infirmier a dû subir l’amputation de trois doigts de sa main droite, tandis qu’un autre a été transféré pour des blessures au visage, incluant des fractures et des traumatismes dentaires. Ces agressions ont entraîné des périodes d’incapacité pour les victimes, dont un infirmier avec une durée de 30 jours.
A l’origine de ces violences, le refus de 3 individus accompagnant un patient d’obtempérer aux demandes du personnel soignant, leur refusant l’accès à un lit d’hospitalisation avant l’établissement des examens médicaux nécessaires.
La situation a dégénéré en une violente altercation, mettant en danger le personnel et les patients présents dans le service des urgences du CHU d’Annaba.
Dès que l’alerte a été donnée, les forces de sécurité sont rapidement intervenues pour mettre hors d’état de nuire les 3 malfrats responsables de l’agression.
Ces derniers ont été interrogés et présentés devant le procureur de la république près le tribunal d’Annaba. Informé de l’incident, le directeur de la Santé et de la Population (DSP), Mohamed Nacer Daamèche, accompagné du directeur général du CHU, Abdelkrim Benmhidi se sont rendus au chevet des victimes afin de s’assurer de leur état de santé.
Mr Benmhidi, DG du CHU a consenti à nous accorder un entretien pour partager son ressenti et exprimer sa profonde préoccupation. Il a d’emblée exprimé son « mécontentement face au comportement indigne de certains individus », soulignant « le sentiment de méfiance qu’ils ont généré chez le personnel » médical de l’hôpital.
Malgré ces difficultés, il a rappelé « la mission humanitaire du CHU les obligeait à continuer à prendre en charge leurs patients, sans jamais fermer leurs portes, même face à la menace du terrorisme », dans les années 1990 ou de « la pandémie de Covid-19 » durant les années 2020-2022. Il a également insisté sur « l’importance de la présence régulière de la police, dont l’intervention rapide est vivement appréciée ».
M. Benmhidi a salué le professionnalisme et la conscience de sa mission du personnel, qualifiant celui-ci de véritable « armée blanche » prête à « affronter tous les obstacles pour assurer les soins et la sécurité des patients ».
Cette agression contre le personnel médical et les agents de sécurité du CHU n’est malheureusement pas un cas isolé. Des incidents de ce type ont eu lieu dans les services d’urgence des hôpitaux algériens.
Une plainte a été déposée contre les agresseurs par la direction générale de l’hôpital Ibn Rochd d’Annaba.
La violence n’a pas sa place dans nos établissements de santé
Une nouvelle loi visant à protéger les personnels soignants algériens des agressions est en vigueur depuis 2022 suite à la signature par le président Abdelmadjid Tebboune de l’ordonnance modifiant et complétant le Code pénal.
En Algérie, des peines pouvant aller jusqu’à la réclusion à perpétuité pour les agresseurs du personnel soignant sont prévues par loi.
Les nouvelles dispositions incluent « la protection juridique de tous les personnels des établissements de santé, qu’ils soient publics ou privés, contre les agressions verbales et physiques, ainsi que la répression des actes de vandalisme contre les biens des établissements de santé ».
De plus, cette loi vise à lutter contre les actes portant atteinte à la dignité des patients et au respect dû aux personnes décédées, notamment à travers les réseaux sociaux.