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DJ Kore, producteur franco-algérien : « Je me bats pour valoriser mes origines »

Le producteur et compositeur franco-algérien Djamel Fezari alias DJ Kore, qui s’est fait connaître dans le milieu de la musique hip-hop, rap et électronique, veut remettre le raï sur la scène internationale. En exclusivité à TSA, il dévoile ses projets dans la musique.

Il a produit une pléiade de chanteurs algériens et a collaboré avec des artistes connus tels que Booba, L’Algérino, La Fouine, Soprano, Lacrim…

DJ Kore a également signé des musiques de film et a travaillé avec des rappeurs américains. Il fait partie des artistes qui ont produit un clip contre l’extrême droite entre les deux tours des législatives anticipées de juin dernier en France où le Rassemblement est arrivé en tête. Un clip qui a suscité une vive polémique en France.

À 45 ans, le producteur franco-algérien se lance un nouveau défi : redonner un second souffle à la musique raï, en rassemblant les anciennes et nouvelles pointures de ce genre musical.

Raï : le nouveau défi de Djamel Kore

Le raï va peut-être renaître de ses cendres grâce à Djamel Fezari. C’est le nouveau cheval de bataille du producteur franco-algérien. Après la déferlante de ce genre musical dans les années 1990 et début 2000, en France, avec Cheb Khaled, Cheb Mami, Faudel et les autres, cette musique algérienne qui a atteint l’universalité, et qui a été inscrite au patrimoine de l’Humanité de l’Unesco en 2022, s’est progressivement éteinte.

Djamel Kore a décidé de prendre le taureau par les cornes pour rallumer la flamme de cette musique populaire née dans l’Ouest algérien, la seule du monde qui a atteint l’universalité.

« J’ai rassemblé des chanteurs de l’ancienne et la nouvelle génération dans un studio où je travaille sur un nouveau projet : remettre le raï sur la scène internationale », a-t-il confié à TSA.

Un album et un concert sont inscrits dans l’agenda du producteur. « Pour moi, la culture est une forme de résistance. Le raï pourrait disparaître si on ne se bat pas pour le conserver. Je veux remettre à flot cet héritage qui était à son apogée il y a quelques années », détaille-t-il.

DJ Kore : « Le raï pourrait disparaître… »

La musique, Djamel a baigné dedans dès son plus jeune âge. « Je suis issu d’une famille de mélomanes. Mon oncle était membre du collectif Zoulou Nation », explique-t-il.

Né en 1980 à Seine-Saint-Denis (Paris) de parents algériens, Djamel a toujours gardé un lien fort avec l’Algérie. « Mon père est originaire de Mostaganem, ma mère de Nedroma. Depuis mon enfance, je passais toutes mes vacances en Algérie ».

Baccalauréat en poche, Djamel s’inscrit à la fac, en langues étrangères appliquées. « Je n’y suis pas resté longtemps. L’appel de la musique m’a éloigné des études. J’ai alors endossé le costume de DJ à la fin des années 1990. Les premiers succès avec Rohff, Booba et d’autres artistes français m’ont conforté dans mon choix », raconte-t-il.

Surfant sur la vague Hip-hop, RnB, Raï et variétés françaises, Djamel Fezari que tout le monde appelle Kore, « car je fais bouger les corps », explique-t-il, gagne ses galons petit à petit. Il signe des bandes originales de films comme celle de Taxi 3 Pattaya, une consécration qui lui ouvre d’autres portes.

La fièvre du raï

En 2004, il fusionne le raï et le RnB dans un superbe projet qui fera des émules : Raï n’B Fever : un collectif de Raï, RnB et hip-hop franco-algérien.

« J’ai jeté des ponts entre plusieurs genres musicaux basés sur le Raï. Cela a donné des tubes incroyables comme ‘Sobri’ avec Leslie et Amine, ‘Un gaou à Oran’ de Magic Système et Mohamed Lamine, ainsi que d’autres tubes qui ont cartonné. En mars 2008, j’ai organisé un concert rassemblant tous ces jeunes chanteurs algériens nés en France, à Bercy. Ce fut une déferlante ! Le succès a dépassé toutes mes attentes », se souvient-il.

Djamel Kore et la parenthèse américaine

En 2010, Djamel Kore s’envole pour les États-Unis. « Là-bas, j’ai travaillé avec de grosses pointures du rap américain : Rick Ross, Will I am, French Montana… »

Dans la foulée, le producteur franco-algérien ajoute une corde à son arc en explorant la musique électronique. Il produit, entre autres, les albums de Brodinski et Club Cheval.

« J’ai collaboré avec quasiment toutes les scènes urbaines françaises depuis mes débuts à ce jour. Je revendique mon éclectisme musical. En tant que producteur, je ne veux pas être cantonné dans un seul registre, mais toucher à tout », explique-t-il.

Fier de ses origines algériennes, ce Franco-Algérien estime que « la musique n’a pas de frontières ». « Je me bats pour valoriser mes origines dans un pays qui n’accepte pas l’éclectisme musical », affirme Djamel Kore.

Avec son nouveau label AWA (Arab With Attitude), Djamel Fezari a plein de nouvelles idées. « J’ai créé une plateforme qui réunit de jeunes talents comme Tif, Lacrim… Il y a un grand désir de retour vers la musique raï. Un album est en préparation, puis, j’espère monter un concert raï. Le rêve serait qu’il puisse se tenir en Algérie et pourquoi pas à Oran ! »

Le compositeur et producteur franco-algérien se rend régulièrement en Algérie. « J’ai récemment tourné un clip à la Cité Lescure d’Oran avec Rim’K ».

Marié à la chanteuse Leslie, Djamel Fezari alias Kore est père de deux enfants de 9 ans et 7 ans.

Le plus grand challenge de ce producteur et compositeur est de voir résonner à nouveau la musique raï sur la scène internationale. « J’y travaille avec ardeur actuellement en espérant qu’on assistera bientôt à la renaissance de cet héritage musical qui ne doit, en aucun cas, disparaître », espère-t-il.

De la casquette de DJ Hip-hop à celle de producteur et compositeur, Djamel Fezari poursuit une brillante carrière. Très attaché à l’Algérie où il se rend régulièrement depuis son enfance, il réserve aux mélomanes qui le suivent, d’autres nouvelles surprises.

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