Société

Effondrement d’un immeuble à Béchar : voici les « raisons »

A Ben Aknoun sur les hauteurs d’Alger, dans un immeuble récent mitoyen d’une annexe de la mairie d’El Biar, un résident a entrepris, sans autorisation ni permis de construire, d’agrandir son appartement situé au 6e et dernier étage, avec de la charpente métallique.

La mobilisation des résidents de l’immeuble et des voisins a retardé son projet, mais il a finalement réussi à agrandir son appartement, sans qu’aucune autorité n’intervienne pour l’en empêcher. En procédant ainsi, il a mis en péril la sécurité de l’immeuble, déformé sa façade, en toute impunité.

Des exemples d’atteinte à l’urbanisme sont nombreux partout en Algérie où les règles en la matière sont rarement respectées. Chacun construit à sa manière et entreprend les travaux qu’il estime nécessaires pour agrandir ou refaire son appartement ou sa maison. Parfois les travaux touchent des parties vitales de l’immeuble, comme les poteaux, les poutres et les murs porteurs.

Une pratique courante en Algérie

C’est ce qui s’est produit à Béchar où un immeuble de 4 étages s’est effondré comme un château de cartes vendredi 18 octobre.

Par chance, les résidents ont été évacués quelques heures seulement avec son écroulement. Il aurait pu tomber au moment où les occupants étaient à l’intérieur.

Un drame a donc été évité de justesse. Pourtant, le bâtiment est récent. Il a été livré en 2016 et faisait partie d’une grande cité de 770 logements. Que s’est-il passé ?

Le ministère de l’Habitat a publié lundi les premiers éléments de l’expertise ordonnée après cet effondrement spectaculaire. Il ressort que l’immeuble s’est effondré en raison de travaux menés par des commerçants installés dans les locaux situés au rez-de-chaussée.

Selon l’agence officielle, le rapport d’expertise « a permis de déceler des fissures au niveau de certains piliers dudit immeuble touchant même le béton, dues à l’utilisation d’un outil tranchant réservé à couper le béton et le fer, ce qui confirme les modifications effectuées par les propriétaires des locaux commerciaux au niveau du rez-de-chaussée ».

Ces travaux ont « impacté directement la structure du bâtiment de 4 étages et causé son effondrement le 18 octobre 2024 à 20:34″, selon la même source.

Sans autorisation, ni accompagnement d’un architecte et sans aucun respect des règles de l’urbanisme, ni de génie civil, ces commerçants ont scié des poteaux et ont coupé ainsi les pieds sur lesquels le bâtiment se reposait.

Effondrement d’un immeuble à Béchar : ce que dit l’expertise du ministère de l’Habitat

 Le résultat est que cette opération illégale a fragilisé la structure de l’immeuble qui a fini par s’écrouler comme un château de cartes.

Qui est responsable ? Les personnes qui ont effectué les travaux sont les premiers à incriminer. Ils devront répondre de leurs actes devant la justice. Le ministère de l’Habitat a annoncé un dépôt de plainte contre X.

Mais elles n’auraient jamais pris une telle initiative si la pratique qui consiste à faire des travaux n’était pas chose courante en Algérie. Les sanctions sont rares sauf en cas de catastrophe, comme à Bechar.

Les acquéreurs d’un logement, d’une maison ou d’un local commercial ne doivent, en aucun cas, avoir la latitude de faire les travaux qu’ils veulent, particulièrement ceux qui peuvent porter atteinte à la sécurité et à la stabilité de l’immeuble, sans obtenir une autorité de l’autorité compétente, et sans contrôle des organismes accrédités comme le CTC.

Pour dissuader d’autres actes, la loi doit être appliquée avec sévérité même quand aucun drame ne se produit.  Elle doit, au besoin, être renforcée pour tenir compte d’un phénomène qui s’est amplifié ces dernières années en Algérie.

Des immeubles qui ont subi des travaux anarchiques deviennent fragiles et ne répondent pas aux normes de construction et aux règles parasismiques auxquelles l’Etat accorde une importance considérable depuis les séismes dévastateurs de Chlef en 1980 et de Boumerdes en 2003 qui endeuillé l’Algérie. Il ne faut attendre qu’un drame se produise pour agir.

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