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En Algérie, la récolte de maïs grain bat son plein dans le Sud

En Algérie, la récolte de maïs grain bat son plein dans le Sud

Par Fred / Adobe Stock
Maïs grain.

Depuis plusieurs jours, la récolte du maïs grain est lancée dans le Sud algérien. Une culture largement encouragée par l’Algérie pour réduire les importations, devenues coûteuses, et assurer son autosuffisance. Objectif : arriver à la mise en culture de 220.000 hectares de maïs à l’horizon 2028.

À Adrar, un investisseur filme la récolte. Une moissonneuse-batteuse vide sa trémie dans la benne d’un camion. La vis sans fin de l’engin livre par à-coups un flot de grains jaune or.

Maïs grain : pourquoi c’est un produit stratégique en Algérie

Un deuxième engin attend à son tour pour vider sa trémie. À l’avant de la moissonneuse-batteuse, la barre de coupe pour les céréales est remplacée par des becs cueilleurs adaptés au maïs.

Un matériel fabriqué à Sidi Bel Abbés sous licence Sampo. À proximité, d’autres camions attendent. La Coopérative des céréales et des légumes secs (CCLS) locale a mis à la disposition des exploitations plusieurs engins de récolte et l’Office national des aliments du bétail (ONAB) a déployé la logistique nécessaire pour engranger cette récolte de maïs surgit en plein désert.

Pour l’Onab, il s’agit d’acheminer les récoltes vers les centres de stockage, parfois distants de plusieurs centaines de kilomètres, puis d’assurer le séchage des grains.

Des grains indispensables à l’élevage des poules, une viande accessible pour les ménages à faible revenu et source de protéines.

Sur les ondes de la Radio algérienne, le 14 janvier dernier, Hanane Labiod, directrice de régulation et de valorisation des productions agricoles au ministère de l’Agriculture et du développement rural, a eu l’occasion de faire un point d’étape sur la production de maïs en grains en Algérie.

Elle revenait d’une tournée dans la wilaya de Timimoun pour le lancement officiel de la récolte et a témoigné de l’expansion des cultures de maïs grain au Sud : « Une culture relativement nouvelle ».

Ce qui n’a pas empêché des investisseurs d’arriver à des rendements records de 115 quintaux, même si la moyenne se situe autour de 80-90 avec des cas à 50 quintaux à l’hectare.

Les récoltes de maïs grain auparavant achetées par l’ONAB au prix de 4.500 DA le quintal le sont aujourd’hui à 5.000 DA, de quoi assurer une meilleure rentabilité aux investisseurs. Un prix qui reste supérieur à celui qui a cours sur le marché mondial, a précisé Hanane Labiod.

Les investisseurs bénéficient d’un soutien sur le prix d’achat du matériel d’irrigation et des engrais. Comme seuls les grains sont récoltés, le maïs laisse après récolte des résidus de culture qui contribuent à enrichir le sol. Un avantage non négligeable dans ces sols désertiques.

Les services agricoles algériens comptent sur la récolte de quelque 16.000 hectares de maïs grain au niveau des wilayas d’Adrar, Timimoun et Ouargla et visent pour 2025 des semis sur 30.000 hectares, dont 8.000 hectares au Nord du pays.

Concurrence du maïs fourrage

La culture souffre de la concurrence du maïs fourrage. Récolté plus tôt, le maïs est haché et conditionné en balles rondes enrubannées avec du film plastique, ce qui permet sa conservation durant deux années. Un produit fortement recherché par les éleveurs et vendus à prix libre.

En 2021, l’agence APS faisait état à El Ménea d’une production locale de maïs ensilage de 150.000 tonnes contre seulement 13.000 tonnes pour le maïs grain.

À Adrar, en 2022, près de 88.000 quintaux de maïs grain ont été récoltés contre plus de 600.000 quintaux en maïs ensilage. Quant à Ouargla, en 2020, le maïs ensilage atteignait près de 600 hectares contre 60 l’année précédente, rapportait le quotidien l’Expression.

Ce succès du maïs ensilage s’explique par un cycle de culture plus court, il peut être récolté après 3 mois. Avantage pour l’investisseur, moins de temps d’irrigation et donc une facture moins élevée en électricité à régler à la Sonelgaz.

Autre avantage, et pas des moindres, la récolte précoce du maïs ensilage permet de la faire suivre par un semis de blé. Un semis impossible après une récolte de maïs grain réalisée en janvier.

Ce succès pour le maïs ensilage ne se démord pas même s’il nécessite un matériel coûteux et spécifique : ensileuse, enrubanneuse et fourche hydraulique indispensable pour manipuler des balles d’une tonne.

À El Ménea, des exploitations se sont spécialisées dans ce type de production et sont apparues des prestataires de services.

C’est dire combien le pari de l’Algérie de développer largement les surfaces en maïs grain est ambitieux. Hanane Labiod a tenu à remercier les autorités de Timimoun et en premier lieu le wali pour l’aide apportée à la réussite de ce programme.

Elle a précisé son importance, faisant état de 3,5 millions de tonnes de maïs grain importées chaque année par l’Algérie pour nourrir ses volailles et produire de la viande blanche à des prix abordables pour les citoyens.

Un produit, a-t-elle ajouté, qui est « utilisé principalement dans les élevages avicoles ».

À raison de 1,35 kilo de mélange de maïs et de soja pour produire un kilo de viande de poulet, le maïs grain est aujourd’hui devenu en Algérie un produit stratégique pour fournir aux consommateurs de la viande blanche.

Le taux de conversion des grains en viande est inégalable dans la mesure où il faut une dizaine de kilos de grains, voire plus, pour produire un seul kilo de viande de bœuf.

Maïs en grains : vers des semences produites en Algérie

En juillet 2024, à l’occasion d’un Conseil des ministres, le président Abdelmadjid Tebboune a demandé que soit accordée une priorité au maïs grain et que cette production devienne une tradition dans la culture agricole algérienne.

La représentante du ministère s’est également félicitée du rôle d’accompagnement joué par les instituts techniques, les offices et les CCLS. Elle a indiqué que des caravanes de vulgarisation étaient organisées dans différentes wilayas pour apporter un soutien technique aux agriculteurs souhaitant se lancer dans ce type de culture.

Elle a également annoncé un futur programme de production locale de semences, actuellement, celles-ci sont toutes importées.

Les investisseurs bénéficient également de l’appui technique de grainetiers et de sociétés d’agrofourniture.

L’entreprise Timac Agro indique commercialiser au Sud des engrais sur plus de 20.000 hectares de culture tandis que Profert propose un programme de culture « Crop plan » incluant semences, engrais et produits phytosanitaires.

Les efforts de production de maïs grain dans le Sud algérien mobilisent actuellement des moyens colossaux afin de réduire les importations de ce produit stratégique.

Face à la forte demande des élevages avicoles, la logique voudrait que ces grains à haute valeur nutritive aillent principalement à ce seul type d’élevage.

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