Une autre preuve irréfutable de la montée de l’islamophobie en France. Des chercheurs universitaires rattachés au CNRS ont eu l’idée d’envoyer des CV fictifs à un échantillon d’entreprises. Le résultat est formel : le port du voile est un handicap majeur pour trouver un emploi en France.
De nombreux politiques, activistes et citoyens ont dénoncé cette réalité, de plus en plus pesante sur les musulmans de France. Certains internautes ont même partagé des enregistrements attestant de la discrimination à l’emploi qu’ils subissent à cause de leur confession religieuse ou des signes les désignant comme musulmans.
En octobre dernier, une jeune fille d’origine maghrébine a fait le buzz en partageant une vidéo dans laquelle on entend clairement la responsable d’une entreprise lui suggérer au cours d’un entretien d’embauche d’enlever le voile si elle veut être recrutée.
Une énième preuve est apportée, par des scientifiques cette fois. Les travaux du CNRS, le Centre national de la recherche scientifique, sont difficilement attaquables.
Des universitaires rattachés à cet organisme, aidés par une data analyste, ont mené une expérience pour tester l’incidence du port du voile ou pas sur les chances de se faire accepter par les entreprises en France.
Menée dans le cadre de l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans l’enseignement supérieur (Ondes), l’enquête a été présentée, lundi 9 décembre, par l’Université Gustave Eiffel de Marne-la-Vallée,
Port du voile en France : 80 % de chances en moins de se faire embaucher
Entre le 21 mars et le 1ᵉʳ avril 2024, les auteurs de l’enquête ont envoyé une paire de CV de jeunes femmes -(voilée et non voilée).
Les prétendantes fictives sont toutes supposées être nées en 2005 et étudiantes en première année de BTS Comptabilité et gestion.
Les chercheurs leur ont affecté des noms et prénoms français ou à consonance maghrébine, choisis dans la base de données d’état civil de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Des CV avec et sans voile ont été confectionnés pour des jeunes filles supposées s’appeler Sofia Cherif, Yasmine Saïdi, Sara Belkacem, Nadia Ali, Emma Martin, Léa Bernard, Manon Durand et Clara Richard.
Toutes, elles ont obtenu le bac en 2023 dans des établissements scolaires jugés « bons », ont les mêmes compétences, qualifications et expériences, ont le français comme langue native et habitent à Paris, dans des quartiers ni populaires ni cossus.
Les doubles CV ont été envoyés à des entreprises tirées au sort parmi 2000 PME parisiennes, les jeunes étudiantes sollicitent un contrat d’apprentissage.
Le résultat est sans appel. Le port du hijab diminue de plus de 80 % les chances d’obtenir une réponse positive, a conclu l’étude, citée dans Le Figaro.
Les chercheurs soulignent que le port du hijab n’est pas interdit dans le privé sauf lorsqu’un règlement intérieur stipule le contraire.
Selon l’étude, le port d’un voile augmente d’environ 25 % la part des réponses négatives (ou de non-réponse), indistinctement pour les candidates d’origine française ou nord-africaine.
Dans le détail, pour les candidates d’origine française, le port du voile a augmenté de 15,5 points (soit 25 %), la part des réponses négatives, tandis que pour les Maghrébines, la hausse est de 13,3 points (+21,1 %).
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