Les présidents algérien Abdelmadjid Tebboune et français Emmanuel Macron ont clos lundi 31 mars huit mois d’une grave crise diplomatique entre l’Algérie et la France.
Lors d’un appel téléphonique, ils ont aplani les différends et tracé la feuille de route de sortie de crise en 10 points dont la reprise, sans délai, des coopérations sécuritaire, judiciaire et migratoire, ainsi que le dossier de la mémoire.
Quelque peu éclipsée par l’affaire Marine Le Pen qui a été condamnée le même jour à quatre ans de prison dont deux avec sursis et 5 ans d’éligibilité, ce qui l’empêche de se porter candidate à la présidentielle 2027, la réconciliation franco-algérienne suscite des réactions en France et en Algérie.
Fin de la crise entre l’Algérie et la France : la réaction de Benjamin Stora
Dans une déclaration à TSA ce mardi 1er avril, l’historien Benjamin Stora a jugé « nécessaire » la reprise du travail sur le dossier de la mémoire qui a été interrompu dans la foulée de l’éclatement de la crise entre les deux pays.
« C’était nécessaire compte-tenu des enjeux (sécurité, immigration, coopération économique, importance de la diaspora…). La remise en marche de la commission mixte des historiens était aussi nécessaire pour poursuivre le travail mémoriel, comme l’ont montré les récentes discussions sur la conquête sanglante de l’Algérie au 19e siècle », explique Benjamin Stora qui co-préside la commission mixte algéro-française d’historiens qui a été mise en place par Tebboune et Macron après la visite de travail du président français en Algérie en août 2022.
Cette commission a pour objectif de régler le litige mémoriel qui empoisonne les relations entre les deux pays.
Mélenchon et Wauquiez taclent Bruno Retailleau
Autre réaction, celle de Jean-Luc Mélenchon, le chef de La France insoumise (LFI). « Inaperçu mais très fort : Macron a dégagé Retailleau des affaires sérieuses. L’Algérie et la France c’est sérieux. Ce n’est pas pour Retailleau et ses provocations de petit politicien », a écrit Jean-Luc Mélenchon qui avait déjà dénoncé le 20 mars la gestion de la crise avec l’Algérie par le ministre de l’Intérieur français. « M. Retailleau doit se calmer. Le temps des colonies est terminé ! », a-t-il dit le 20 mars dernier.
À droite, Laurent Wauquiez a taclé Bruno Retailleau, son rival pour la présidence du parti Les Républicains (LR). « La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a-t-il écrit, en partageant un article de Franceinfo annonçant la fin de la crise entre l’Algérie et la France.
La « riposte très graduée » renvoie directement au ministre de l’Intérieur français qui a brandi, à maintes reprises, cette menace contre l’Algérie pour l’obliger, selon lui, à reprendre ses ressortissants sous OQTF et à libérer Boualem Sansal.
Arrêté à l’aéroport d’Alger le 16 novembre dernier, l’écrivain franco-algérien a été condamné à 5 ans de prison par le tribunal de Dar el Beida à Alger. Lundi, le président Macron a demandé officiellement à son homologue algérien un geste de clémence en faveur de Boualem Sansal.
Dans les médias français : entre autisme et prudence
Les principaux médias français évoquent le début de la désescalade entre la France et l’Algérie. À l’image du journal Le Monde qui a titré ce mardi 1er avril : "Le début de la désescalade diplomatique entre la France et l’Algérie".
"La France et l’Algérie au défi de nouer une relation durable« , nuancent Les Echos. »Paris et Alger tentent de réchauffer une relation bilatérale refroidie par des mois de crise diplomatique", écrit le principal journal économique français.
Libération semble affiche plus d’optimisme : "La France et l’Algérie relancent la relation bilatérale après des mois de crise", écrit-il.
"La brouille franco-algérienne en passe d’être réglée ? Au sortir d’un échange téléphonique, les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune ont acté, ce lundi 31 mars, une relance de la relation bilatérale après des mois de crise, qui doit se concrétiser par une reprise de la coopération sécuritaire et migratoire, selon un communiqué commun", détaille le journal français.
🇫🇷 🇩🇿 Le communiqué commun des présidents Macron et Tebboune marque une rupture avec la méthode et les provocations inutiles du Ministre Retailleau. C’est un désaveu important : L’Algérie n’est plus une colonie française et ses relations diplomatiques avec la France ne doivent…
— David Guiraud (@GuiraudInd) April 1, 2025