search-form-close
Essais nucléaires français : l’Algérie formule 4 exigences

Essais nucléaires français : l’Algérie formule 4 exigences

Par Leo Altman / Adobe Stock

Le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Brahim Boughali, a énuméré 4 principales exigences à propos des essais nucléaires effectués par la France dans le Sahara algérien au début des années 1960 : reconnaissance, justice, nettoyage des sites et remise des archives.

Boughali s’exprimait au cours d’une journée d’études organisée ce jeudi 13 février à Alger sous le thème : "Explosions nucléaires françaises en Algérie : un crime contre l’humanité et l’environnement. »

Cette journée d’étude coïncide avec le 65ᵉ anniversaire des premières explosions, le 13 février 1960, et survient dans un contexte de fortes tensions entre l’Algérie et la France, entre autres sur le litige mémoriel.

Essais nucléaires français en Algérie : la reconnaissance d’abord

Dans un discours lu devant les participants, le président de la chambre basse du Parlement algérien a appelé la France à reconnaître officiellement « sa pleine responsabilité dans ces crimes nucléaires ». Brahim Boughali a indiqué que cette reconnaissance ne devrait pas être « seulement un aveu politique superficiel, mais un aveu suivi d’un engagement moral clair ».

La France est également appelée à « rendre justice aux victimes des explosions nucléaires et à leurs familles à la mesure de l’ampleur du drame qu’ils ont vécu » et à « garantir le droit légitime du peuple algérien à la justice ».

« Rendre justice aux victimes » des explosions nucléaires françaises en Algérie

Le président de l’APN a ajouté que la France a la responsabilité de nettoyer les zones contaminées par les radiations et les déchets nucléaires et de remettre à l’Algérie les archives complètes des sites d’essais, afin, a-t-il dit, « que nos experts puissent évaluer les dégâts et prendre les mesures appropriées à leur égard ».

Brahim Boughali a dénoncé « un crime odieux, commis contre une terre pure et un peuple innocent, un crime dont les blessures saignent encore aujourd’hui sans trouver d’issue ».

Nettoyer les sites des essais nucléaires et remettre les archives

Ces essais ont été effectués sans que les autorités coloniales se soucient de leurs « effets dangereux sur la population, sur l’environnement ou sur le sort des générations », au mépris total de toutes les valeurs humaines et en violation flagrante de toutes les conventions internationales, a-t-il ajouté.

Le nombre total d’explosions nucléaires réalisées par la France dans le désert algérien s’élève à 17 explosions dont les effets dévastateurs « nous hantent encore aujourd’hui », avec des maladies cancéreuses et des malformations congénitales résultant des radiations laissées, a précisé le président de la chambre basse du Parlement algérien.

Essais nucléaires dans le Sahara : l’Algérie rejette la loi française sur l’indemnisation des victimes

Aussi, la France ne doit pas se soustraire à sa responsabilité « en tentant en vain de contourner le problème et d’ignorer les faits », a indiqué Brahim Boughali qui a souligné que le recours de la France à une loi censée viser à indemniser les victimes des explosions nucléaires « n’est qu’une tentative superficielle, pleine de mensonges et de vente d’illusions, qui n’engage que ses rédacteurs », car, selon lui, cette loi ignore les explosions dans Sahara algérien et « pose des conditions d’indemnisation impossibles ».

Boughali a évoqué une autre séquelle du colonialisme qui a continué à tuer même après l’indépendance, les mines disséminées le long des frontières est et ouest du pays. Les opérations de déminage menées par l’armée nationale populaire ont été achevées en 2016 et 11 millions de mines ont été détruites, a-t-il rappelé.

Les participants à la journée d’études ont retenu en outre plusieurs recommandations, dont la promulgation d’une loi criminalisant le colonialisme français et obligeant la France à reconnaître sa responsabilité dans ses crimes contre l’humanité, notamment le génocide et les essais nucléaires, et ouvrant la voie à une responsabilité pénale et civile, le maintien d’une pression internationale pour exiger que la France assume ses responsabilités et l’encouragement des victimes et leurs familles à porter plainte devant les tribunaux internationaux et à exiger une juste réparation des dommages subis.

  • Les derniers articles

close