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États-Unis : une célèbre chercheuse franco-algérienne en colère contre Donald Trump et Elon Musk

États-Unis : une célèbre chercheuse franco-algérienne en colère contre Donald Trump et Elon Musk

Source : Twitter Miriam Merad
Miriam Merad

Immunologiste et oncologue franco-algérienne de renom, Miriam Merad a poussé un coup de gueule contre la politique de l’administration Trump.

Directrice de l’Institut d’immunologie de précision de l’école de médecine Mount Sinai à New York, elle dénonce des coups budgétaires stricts qui menacent ses recherches innovantes, au moment même où elle caresse du bout des doigts un traitement contre le cancer.

De passage en Suède le 31 mars dernier où elle a reçu le prestigieux Prix Sjöberg d’un million de dollars, un prix annuel international pour la recherche sur le cancer, Miriam Merad n’a pas mâché ses mots pour critiquer les réductions de financement imposées à l’administration Trump depuis quelques semaines.

Trump, Musk et le DOGE : des choix politiques qui paralysent la recherche scientifique

Sous la houlette d’Elon Musk, le DOGE (département de l’efficacité gouvernementale) a entrepris des coups drastiques dans divers secteurs, notamment la recherche scientifique. Le National Institutes of Health (NIH), qui finance les recherches de Miriam Merad, s’en trouve sérieusement impacté.

« Je suis en colère parce que nous devons perdre notre temps précieux », confie la chercheuse algérienne citée par un média suédois. Et de poursuivre : « Nous sommes sur le point de réaliser d’énormes avancées, mais au lieu de cela, nous perdons notre temps là-dessus ».

Ses inquiétudes portent également sur les répercussions de la coupe des subventions sur l’innovation scientifique aux États-Unis.

« Si seulement nous pouvions continuer à travailler sans être dérangés »

Spécialiste du système immunitaire, Miriam Merad est une figure incontournable de la recherche scientifique internationale.

En 2020, elle est élue membre de l’Académie nationale des sciences aux États-Unis. Elle a également reçu le prix William B. Colley pour ses avancées en immunologie tumorale.

Elle travaille à mettre au point des techniques qui permettent de manipuler les macrophages (cellules du système immunitaire) pour qu’ils attaquent spécifiquement les cellules cancéreuses.

Ses recherches, une fois abouties, pourraient révolutionner le traitement des cancers en évitant les effets néfastes des thérapies agressives telles que la chimiothérapie et la radiothérapie.

« Nous sommes proches d’un traitement, nous avons trouvé la clé. Je pense que je verrai cela se produire de mon vivant. Si seulement nous pouvions continuer à travailler sans être dérangés », regrette-t-elle.

Les politiques actuellement menées aux États-Unis menacent sérieusement l’aboutissement de telles recherches et, plus globalement, c’est tout le secteur de la recherche scientifique qui en prend un coup.

Pour Mme Merad, « les chercheurs comme les athlètes d’élite, ils vont là où se trouve l’argent ». Or, si le gouvernement coupe les fonds qui alimentent la recherche, les chercheurs n’auront d’autre choix que de se tourner vers d’autres horizons.

L’oncologue algérienne s’inquiète d’une « fuite des cerveaux » et souligne que de telles mesures, au lieu de dynamiser l’économie américaine, pourraient plutôt détruire l’avantage scientifique des États-Unis.

« Ils empêchent l’accès à de nouveaux médicaments qui pourraient les aider s’ils tombent malades. À quoi bon être riche si on ne peut pas être en bonne santé ? », résume-t-elle.

« Nous pourrions guérir le cancer… »

La scientifique, qui a fait ses études en Algérie puis en France, a grandement soutenu les manifestations qui ont eu lieu en mars aux États-Unis.

À l’instar de ses pairs, elle se bat pour que le financement de la recherche biomédicale ne soit pas sacrifié : « Comment pourrais-je ne pas le faire ? Il est important que nous, chercheurs, élevions la voix pour protéger la science ».

Il en va de la santé publique et de l’avenir de millions de malades, et ça, Miriam ne le sait que trop bien. « Les traitements contre le cancer sont si limités qu’un cancer avec métastases est une condamnation à mort. C’est terrible d’être médecin dans un domaine où tous vos patients meurent », dit-elle.

Aussi impliquée soit-elle dans les manifestations, l’immunologiste ne cache pas sa frustration, elle qui refuse de perdre du temps alors qu’elle devrait faire avancer la science : « Nous pourrions guérir le cancer… mais nous sommes là ».

Sa lutte contre le cancer prend diverses formes, comme celle contre les politiques qui menacent l’avenir de ses recherches. Une chose est sûre : la science peut sauver des vies, à condition de lui en donner les moyens.

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