A Alger, les cadres expatriés français s’inquiètent de l’évolution de la crise entre la France et l’Algérie. Si les fortes politiques entre les deux pays restent cantonnées jusqu’à présent à la sphère politique, elles pourraient rapidement déborder sur le terrain économique. Un basculement de la situation pourrait se produire en 2025.
Cette crise diplomatique inédite entre Paris et Alger, qui a atteint un seuil critique après l’expulsion ratée d’un influenceur algérien jeudi 9 janvier, impacte les Algériens vivant en France qui sont devenues la cible de l’extrême droite, mais aussi les Français résidents en Algérie, qui ont beaucoup à perdre en cas d’aggravation de la situation.
En Algérie, les expatriés français qui travaillent dans des entreprises françaises et algériennes suivent avec inquiétude l’évolution de cette crise. Pour 2025, ils redoutent une aggravation des tensions politiques entre les deux pays.
Le coup de gueule du représentant des entreprises françaises en Algérie
« Il y a environ 2.000 cadres expatriés français qui travaillent dans des entreprises en Algérie. Je ne parle pas des binationaux qui résident dans le pays. Il y a une forte inquiétude sur ce qui va se passer en 2025. Concernant le ressenti actuellement, il n’y a pas de changement majeur, nous sommes toujours aussi bien accueillis par nos partenaires algériens. Le problème est essentiellement politique », explique à TSA, Michel Bisac, le président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française.
Lui-même chef d’entreprise, Michel Bisac se dit fatigué par l’ampleur prise par cette crise entre la France et l’Algérie.
« En France, des politiques qui ont essentiellement des visées électoralistes n’arrêtent pas de parler en mal de l’Algérie. Ça suffit, il faut que cela s’arrête. Il y a quelques personnalités qui se sont exprimées pour condamner ces excès de langage mais nous avons besoin de davantage de voix d’apaisement », a-t-il ajouté, en allusion aux déclarations de plusieurs personnalités dont Dominique de Villepin, Ségolène Royal et au geste d’apaisement du ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot qui a proposé venir à Alger afin d’aplanir les différends.
Crise Algérie – France : « Ça suffit, il faut que ça s’arrête »
Michel Bisac assure que la crise entre les deux pays « n’a pas d’impact sur le quotidien » des expatriés français présents en Algérie.
«Les relations avec nos partenaires algériens sont très bonnes, il n’y a pas de french bashing (NDLR : le dénigrement de la France) cette fois en Algérie », affirme Michel Bisac, mais l’incertitude plane sur ce qui va se passer en 2025 et l’évolution de la crise entre la France et l’Algérie.
A Paris, c’est toujours la cacophonie qui règne au sein du gouvernement. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau maintient une ligne dure à l’égard de l’Algérie, en dépit des rappels à l’ordre de son collègue des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.
A Alger, le temps semble à l’apaisement. Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a évoqué brièvement la crise dimanche 19 janvier lors des assises du cinéma algérien.
Il a parlé de « faits regrettables » et a affirmé que l’Algérie n’a besoin que de Dieu et de ses enfants » en réponse aux appels de l’extrême droite à suspendre l’aide au développement française à l’Algérie.
Entreprises françaises en Algérie
« La plupart des entreprises françaises basées en Algérie ont réalisé une excellente année 2024. Pour 2025, il y a une inquiétude face à la surenchère verbale sur d’éventuelles mesures qui peuvent être prises, de part et d’autre de la Méditerranée », rappelle Michel Bisac.
Le patron français affirme qu’il « n’y pas de volonté de blocage » des entreprises françaises en Algérie.
« Il n’y a pas officiellement de représailles. Il y a des difficultés à obtenir certaines autorisations administratives notamment concernant l’importation pour la revente en l’état, mais cela ne touche pas uniquement les entreprises françaises », affirme-t-il.
En 2023, les échanges commerciaux entre l’Algérie et la France avaient atteint 11,8 milliards d’euros.