Dans le contexte de la montée des tensions diplomatiques et politiques entre Paris et Alger, les exportations des produits français agricoles et agroalimentaires vers l’Algérie sont en chute libre depuis au moins 2023.

En 2023, le total des exportations agricoles et agroalimentaires de la France vers l’Algérie a été divisé par deux, comparativement à l’année 2022. En 2024, c’était encore pire.

Selon Thierry Pouch, chef économiste des Chambres d’agriculture françaises, cité ce mardi 11 février par le journal L’Opinion, le total des exportations agricoles de la France vers l’Algérie s’élevait à 1,3 milliard d’euros en 2022.

Les exportations de la France vers l’Algérie en chute libre dans plusieurs secteurs

« Fin 2023, cette somme avait été divisée par deux, à 628 millions d’euros », a-t-il souligné.

Bien que la baisse ait été régulière ces dernières années, elle s’est nettement accélérée en 2023. Pour 2024, les chiffres ne sont pas encore disponibles mais il faut s’attendre à une nouvelle chute sévère, selon le même intervenant.

Cette rupture commerciale progressive entre les deux pays se traduit clairement dans le secteur des céréales. Selon le chef économiste des Chambres d’agriculture, en 2018, « la France fournissait à l’Algérie 5,4 millions de tonnes de grains, soit 80 à 90 % de ses besoins ».

En 2021, cette quantité a chuté à 2,1 millions de tonnes et en 2023, à seulement 608.000 tonnes. « Pour l’année 2024, ces volumes devraient encore être divisés par deux », a indiqué Thierry Pouch, soulignant qu’en 2025, les professionnels s’attendent à ce que ces volumes soient quasiment nuls.

Selon le porte-parole du syndicat des exportateurs de céréales, le Synacomex, cité par le même journal, « faire du commerce avec l’Algérie était compliqué ces dernières années », car les rapports étaient « parasités par les relations diplomatiques ».

Dans deux appels d’offres, lancés en octobre et décembre derniers, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) n’a pas sollicité le blé français. « Les sociétés françaises ne sont plus appelées », confirme le Synacomex.

Filière bovine française : « Plus rien ne part » en Algérie

Au niveau de la filière bovine, viandes ou bovins vifs, « plus rien ne part » à destination de l’Algérie, fait savoir le porte-parole d’Interbev, l’organisation de la filière.

Pour les chiffres, en 2022, la France avait exporté vers l’Algérie des animaux vivants, jeunes bovins pour la viande ou génisses destinées à la production laitière, pour un montant de 167 millions d’euros. En 2023, ce chiffre a chuté à 73 millions d’euros, puis à presque rien en 2024.

Pour ce qui est de la filière laitière, les exportations ont résisté jusqu’à 2023. Mais en 2024, elles étaient aussi en chute libre. En 2022, les exportations ont en effet été de 190 millions d’euros et ont atteint 266 millions d’euros en 2023.

L’année dernière, elles ont baissé d’un quart entre janvier et novembre par rapport à la même période de 2023.