La volonté de l’Algérie d’entrer sur le marché européen de la tomate se confirme. En Espagne par exemple, les producteurs constatent un afflux important de tomates importées en provenance des fournisseurs traditionnels du marché européen mais aussi de l’Algérie.
À travers la réforme agricole lancée ces dernières années, l’Algérie vise notamment à augmenter les exportations de ses productions maraîchères vers les marchés internationaux, en Europe en particulier.
Pour le marché de la tomate, l’arrivée de l’Algérie dans le marché européen signifie qu’elle sera en concurrence directe avec les producteurs locaux et les fournisseurs traditionnels, dont la Turquie et le Maroc. Et c’est déjà le cas, puisque des producteurs en Espagne parlent déjà de la concurrence de la tomate importée d’Algérie.
« Nous constatons un afflux plus important de tomates du Maroc, d’Algérie et de Turquie »
À Almeria, au sud de l’Espagne, les producteurs locaux craignent les répercussions de ces importations sur la stabilité du prix de la tomate, rapporte fin Horti Daily, média spécialisé dans l’industrie horticole internationale.
Dans cette région du sud de l’Espagne, les prix de la tomate se sont redressés après une chute enregistrée après Noël.
« C’est particulièrement évident pour les tomates de spécialité, qui atteignent des prix tout à fait acceptables », a déclaré un producteur local et membre du conseil d’administration de la coopérative agricole de San Isidro (CASI), leader dans la production de tomates, de fruits et de légumes à Almeria.
L’intervenant, cité par le même média, espère toutefois que les importations de ce produit en provenance des fournisseurs habituels du marché espagnol, mais aussi de l’Algérie, n’impactent pas la stabilité des prix.
« Nous espérons que les prix se maintiendront au niveau actuel en février, qui est un mois difficile, car la consommation semble stagner et, en même temps, nous constatons un afflux plus important de tomates du Maroc, d’Algérie et de Turquie vers l’Europe », a-t-il déclaré.
L’Algérie à la conquête du marché européen de la tomate
Le constat livré par ce producteur local confirme donc que l’Algérie commence déjà à rivaliser avec les principaux exportateurs de la tomate vers Europe, dont notamment le Maroc, surtout que les exportations en provenance de ce pays maghrébin ont reculé durant la saison actuelle, en raison notamment de l’impact des températures élevées et de la sécheresse.
Selon la base de données Fiscalité et Union douanière de la Commission européenne, les exportations de tomates marocaines vers l’Union européenne ont jusqu’à présent chuté de 3 % par rapport à la saison dernière.
Cette année, l’Espagne a enregistré une augmentation significative des importations de tomates en provenance de pays tiers au début de la saison, avec 28 % de tonnes supplémentaires entre septembre et novembre par rapport à la saison précédente, indique la même source.
Il s’agit donc d’une aubaine pour l’Algérie qui espère s’imposer sur le marché européen de la tomate. Au niveau national, l’Algérie a mis en place, en mai de l’année dernière, un mégaprojet dans le désert du Sahara pour se lancer à la conquête du marché européen de la tomate.
Ce méga projet installé à El Meghaier, dans le sud-est algérien, est dirigé par le groupe privé algérien Souakri. Il comprend d’immenses serres ultramodernes sur 10 hectares, fruit d’un partenariat avec une entreprise hollandaise. Le groupe Souakri compte démarrer avec une production de 6000 tonnes de tomates.