Dans le centre de la Tunisie, un nouvel aliment prend de plus en plus de place dans les marchés des villes et risque même de remplacer la viande rouge, selon les médias locaux.
Il ne s’agit ni de volaille ni de poisson, mais d’un aliment longtemps oublié dans la cuisine populaire tunisienne : l’escargot.
L’escargot, le nouveau roi sur les marchés tunisiens ?
La viande rouge, incontournable dans la cuisine traditionnelle en Tunisie, ne semble plus accessible au portefeuille tunisien moyen. Face à la flambée des prix, les consommateurs recherchent de nouvelles alternatives, et ils ne sont pas les seuls.
En Algérie et au Maroc aussi, la hausse des prix de certains aliments comme le bœuf et l’agneau pousse les consommateurs à revoir leur panier. En Tunisie, l’escargot semble avoir tiré son épingle du jeu et est devenu la nouvelle protéine du pauvre.
Dans certaines régions rurales, telles qu’Akouda, non loin de Sousse, les jeunes chômeurs sillonnent les champs pour récolter ces gastéropodes et les revendre sur les marchés. « Ils sont rentables, bénéfiques et très demandés », affirme un jeune vendeur de 29 ans, cité par le site d’information Kapitalis.
Le phénomène prend de l’ampleur ces derniers mois, car en plus d’être pauvres en graisses et riches en fer, les escargots sont vendus à des prix inférieurs à ceux de la viande rouge : 55 dinars tunisiens (16 euros) le kilo de bœuf contre moins de 28 dinars (8,33 euros) le kilo d’escargots, d’après la même source.
« Les escargots sont meilleurs en cuisine que l’agneau. Si la viande d’agneau coûte 60 dinars, un bol d’escargots coûte 5 dinars », ajoute un autre vendeur au marché d’Akouda.
« Si les gens connaissaient la valeur des escargots, ils en mangeraient toute l’année »
Cette « transition » alimentaire forcée reflète la réalité économique du pays. Le taux de chômage des jeunes dépasse les 40 %, le pouvoir d’achat est sous pression, et l’inflation persiste.
Dans ce contexte, l’escargot permet de se nourrir à moindre coût, mais aussi de gagner sa vie. Pourtant, cet aliment oublié n’est pas nouveau dans la cuisine tunisienne.
D’après une étude parue dans la revue scientifique Archaeological and Anthropological Sciences, les escargots y étaient présents depuis plus de 7.000 ans.
Aujourd’hui, ils se glissent encore dans les marmites des Tunisiens et ils semblent rencontrer beaucoup de succès. Une restauratrice à Tunis révèle qu’ils ont été particulièrement populaires durant ce Ramadan. Elle soutient : « Si les gens connaissaient la valeur des escargots, ils en mangeraient toute l’année ».
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