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Fatima Hassouna, « l’œil de Gaza », tuée par Israël

Fatima Hassouna, « l’œil de Gaza », tuée par Israël

Capture vidéo Instagram
Fatima Hassouna

Fatima Hassouna, la photojournaliste palestinienne et héroïne d’un documentaire sélectionné au prochain festival de Cannes, a été assassinée avec dix membres de sa famille dans un bombardement ciblant sa maison dans la bande de Gaza.

Ce mercredi 16 avril, la maison familiale de la jeune femme, dans le quartier d’Al Tuffah au nord-est de Gaza, a été la cible de frappes israéliennes. Tous les occupants ont été tués. Fatima avait 25 ans.

« L’œil de Gaza » réduite au silence par l’armée israélienne

Pendant plus de 18 mois, la photographe Fatima Hassouna a documenté le calvaire quotidien des Gazaouis, armée d’un courage immense et de son objectif.

Aujourd’hui, elle est l’une des innombrables victimes de l’armée israélienne : Fatima rejoint une liste tragique de près de 200 journalistes tués par les bombardements et les assassinats ciblés depuis le 7 octobre 2023.

Sa mort suscite de nombreuses réactions dans le monde arabe et au-delà. « Israël a tué la photojournaliste Fatima Hassouna ainsi que 10 membres de sa famille lors du bombardement de sa maison, dans la bande de Gaza », dénonce sur LinkedIn le journaliste indépendant Roberto F.

La photojournaliste, diplômée en multimédia du collège universitaire des sciences appliquées de Gaza, était surnommée « l’œil de Gaza » pour le « travail gigantesque qu’elle a fait pour documenter les 18 mois de massacre à Gaza ».

Sur Instagram, elle a partagé une story sur un coucher de soleil depuis sa maison, écrivant : « C’est le premier coucher de soleil depuis longtemps ». Ce fut son dernier.

Elle envoyait quotidiennement des photos, des vidéos, des messages et des notes vocales à la réalisatrice et cinéaste iranienne exilée Sapideh Farsi. Peu à peu, les deux femmes ont assemblé un film unique intitulé « Put your soul on your hand and walk ».

Cette production, énième témoignage de l’horreur vécue à Gaza, a été sélectionnée au prochain Festival de Cannes. L’annonce de la sélection a été faite le mardi 15 avril, la veille de l’assassinat de Fatima Hassouna.

« Je veux une mort dont le monde entier entendra parler »

La réalisatrice iranienne confie, citée par L’Humanité : « Ce film est une fenêtre, ouverte par le miracle d’une rencontre avec Fatem (Fatima Hassouna), qui m’a permis de voir des fragments du massacre en cours des Palestiniens. Fatem est devenue mes yeux à Gaza, et moi, un lien entre elle et le monde extérieur. Nous avons maintenu cette ligne de vie pendant presque un an. Les bouts de pixels et de sons échangés entre nous, sont devenus le film que voici ».

La mort de Fatima Hassoun, témoin actif du massacre des Gazaouis, a été une nouvelle bouleversante. Amande Bazerolle, la coordinatrice d’urgence de Médecins sans Frontières à Gaza, s’est exprimée sur le sujet :

« Gaza est devenue une fosse commune pour les Palestiniens et ceux qui leur viennent en aide. Nous assistons en temps réel à la destruction et au déplacement forcé de toute la population de Gaza ».

Comme si elle s’y attendait, Fatima Hassoun avait déjà écrit son testament. Une déclaration poignante que le journaliste Roberto F. relaie :

« Quant à la mort, qui est inévitable, si je meurs, je veux une mort retentissante. Je ne veux pas être une simple brève dans un flash info, ni un chiffre parmi d’autres. Je veux une mort dont le monde entier entendra parler, une empreinte qui restera à jamais, et des images immortelles que ni le temps ni l’espace ne pourront enterrer ».

L’image d’un jeune Palestinien amputé lauréate du World Press Photo 2025

Le lendemain de la mort de Fatima Hassoun, un autre visage palestinien bouleverse le monde. Dans la série des enfants et jeunes adultes dont la vie a été gâchée par l’entité sioniste, citons Samar Abu Elouf et Mahmoud Ajjour. L’une est une photographe, l’autre est un enfant de 9 ans qui a perdu ses deux bras alors qu’il fuyait une attaque israélienne à Gaza.

Ce jeudi 17 avril, la photo de ce jeune Palestinien a remporté le premier prix du World Press Photo 2025, rapporte le journal Libération. L’image a été capturée par la photographe palestinienne Samar Abu Elouf pour le New York Times.

On y voit le jeune Mahmoud, aujourd’hui évacué à Doha, après qu’une explosion lui a mutilé un bras et arraché l’autre.

La photographe raconte : « L’une des choses les plus difficiles que la mère de Mahmoud m’ait expliquées, c’est que lorsque Mahmoud a compris que ses bras étaient amputés, la première phrase qu’il lui a dite a été : « Comment vais-je pouvoir te serrer dans mes bras» ».

Quant à la directrice exécutive de World Press Photo, Joumana El Zein Khoury, elle explique pourquoi ce cliché a été choisi parmi les quelque 59.320 photos passées au crible : « C’est une photo silencieuse, qui pourtant parle très fort. Elle raconte l’histoire d’un garçon, mais aussi d’une guerre encore plus large qui impactera les générations futures ».

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