En France, le débat autour de l’interdiction du port du voile par les sportives musulmanes refait surface à la suite de l’adoption par le Sénat, mardi dernier, d’une proposition de loi sur la laïcité dans les compétitions sportives. Indigné par une telle mesure, un sénateur d’origine monte au créneau.
Proposé par le sénateur LR Michel Savin, le projet de loi proposant l’interdiction du port du voile dans le Code du sport a été adopté par le Sénat mardi 18 février par 210 voix contre 81.
Pis encore, le gouvernement français soutient « avec force » cette proposition de loi visant à interdire le port de signes religieux, notamment le voile, dans les compétitions sportives, au niveau professionnel comme amateur.
Le gouvernement français soutient la proposition de loi interdisant le voile dans le sport
Le texte du projet de loi indique que « le port de tout signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique ou religieuse est interdit » dans toutes les compétitions organisées par les fédérations sportives françaises.
Pour François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, cette loi « apporte une pierre bienvenue dans l’édifice qu’ensemble, nous devons construire depuis des années contre toutes les formes de séparatisme ».
De son côté, la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio (droite) affirme à propos de ce projet de loi : « Entre le hijab et le burkini, et le sport, il faut choisir ». La proposition ravive donc ce débat récurrent à propos du port du voile dans les compétitions sportives en France.
Parmi ceux qui ont voté contre ce projet de loi controversé, le sénateur franco-algérien Akli Mellouli, rappelle dans une contribution publiée sur les réseaux sociaux que « la laïcité, c’est aussi le droit de vivre librement sa religion sans prosélytismes ni atteintes à la liberté de l’autre ».
Le sénateur refuse d’accepter que « notre République soit entachée » de cette nouvelle loi qu’il qualifie de « raciste, xénophobe et islamophobe ».
« Cette loi va empêcher les femmes de s’épanouir dans leur passion »
Akli Mellouli, sénateur écologiste du Val-de-Marne, trouve que, sous le prétexte d’une « interprétation galvaudée » de la laïcité et d’une vision « fantasmée de la pratique de l’Islam en France », cette interdiction « arrache une liberté de plus à nos concitoyen(ne)s musulmans ».
Face à cette nouvelle loi, ces derniers devront désormais « faire un choix impensable il y a 20 ans : pratiquer sa religion ou son sport préféré », a encore dénoncé le sénateur franco-algérien, connu pour ses combats inlassables contre les injustices et les discriminations en France.
Lors de son intervention aux débats autour de cette loi, le sénateur a relevé une contradiction flagrante : « on va voter une loi pour protéger, intégrer et émanciper les femmes, mais on va commencer par les empêcher de venir dans des espaces de socialisation et d’émancipation, pour la simple raison qu’elle porte un voile ».
Cette loi, qui porte tout simplement atteinte aux libertés des musulmans, va priver « les femmes de s’épanouir dans leur passion et de développer les liens fraternels propres au sport », dénonce-t-il encore dans son coup de gueule.
Il appelle enfin à ne pas laisser l’obscurantisme, les préjugés et les fantasmes gagner du terrain, et à ne pas abandonner « la lutte pour les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité ».