Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur, a réagi, ce lundi 7 avril, à l’annonce, faite dimanche à Alger, par son collègue des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, d’un retour à la normale entre l’Algérie et la France. Voici ce qu’il a dit.
Bruno Retailleau a peut-être été mis à l’écart de la gestion directe du dossier algérien, mais il garde visiblement sa liberté de parole sur le sujet. Au risque de provoquer de nouvelles tensions entre les deux pays.
Il met déjà la pression sur son collègue des Affaires étrangères qui est chargé, côté français, de piloter le réchauffement des relations entre l’Algérie et la France.
Partisan d’un « bras de fer » avec Alger bien avant le début de la crise franco-algérienne, le ministre français de l’Intérieur a dû céder et accepter un règlement diplomatique de la crise, qui était en réalité la seule issue envisageable.
L’Algérie a commencé à reprendre les Algériens sous OQTF
En visite hier dimanche à Alger, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a été reçu par son homologue algérien Ahmed Attaf puis par le président Abdelmadjid Tebboune.
À l’issue de ces entretiens, les deux pays ont acté un retour à la normale dans tous les domaines, de la sécurité à l’économie en passant par l’immigration et la coopération judiciaire.
Parmi les avancées notables figure notamment la question de l’immigration et des reconduites à la frontière, qui a été au cœur de la crise. Le président Tebboune a donné son feu vert à une réunion prochaine entre les consuls d’Algérie en France et les préfets. Ce qui devrait permettre d’avancer rapidement sur ces dossiers.
D’ailleurs, après plusieurs semaines de blocages, l’Algérie a commencé à reprendre des ressortissants placés sous Obligation de quitter le territoire français (OQTF), dont sept cas ont déjà été réglés, a annoncé, ce lundi Belkhir Belhaddad, député français et membre du groupe d’amitié France-Algérie à l’Assemblée nationale sur les ondes de France Info.
Fin de la crise entre Paris et Alger : Bruno Retailleau attend des « résultats »
Malgré ces avancées notables vers une sortie de crise entre les deux pays, Bruno Retailleau campe sur ses positions. Interrogé ce lundi 7 avril par le journal Ouest France concernant l’apaisement entre la France et l’Algérie, il a répondu : « Moi, je jugerai sur les faits. »
« Ça fait des années que la France tend la main à l’Algérie », répond-il. « Pour quel résultat ? Dans aucune négociation, vous ne pouvez utiliser seulement l’arme de la gentillesse ; il faut aussi l’arme de la fermeté. Bien entendu, quand on veut sortir d’une crise, c’est le moment de la diplomatie. Très bien. », a-t-il dit, maintenant sa position initiale sur le dossier, sans les menaces cette fois.
Avant de lancer : « Maintenant, ce que j’attends, ce sont les résultats. Quand est-ce que Boualem Sansal sera libéré et quand est-ce que l’Algérie appliquera strictement l’accord de 1994 ? Alors, je jugerai. »
Le cas de Boualem Sansal, qui a été condamné le 27 mars dernier par le tribunal de Dar El Beïda (Alger) à 5 ans de prison ferme, a été évoqué à deux reprises : le 31 mars, lors de l’entretien téléphonique entre les présidents Tebboune et Macron, et hier lors de la rencontre entre le chef de l’État algérien et Jean-Noël Barrot.
Aucune annonce n’a été faite, mais le dossier semble en bonne voie pour un règlement « humanitaire » comme souhaité par la partie française.
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