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Fin de l’accord franco-algérien de 1968 : Bruno Retailleau revient à la charge

Fin de l’accord franco-algérien de 1968 : Bruno Retailleau revient à la charge

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Bruno Retailleau

Parmi les figures politiques en France qui ne veulent plus de l’accord franco-algérien de 1968 sur l’immigration, il y a le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Avant son arrivée au gouvernement, il avait, à maintes reprises, tiré à boulets rouges sur cet accord.

Le jour même de sa prise de fonctions en tant que ministre de l’Intérieur, Retailleau s’est exprimé à propos de l’accord franco-algérien de 1968, assurant qu’il est pour sa suppression, afin d’arriver à réduire les flux migratoires.

Moins d’une semaine après, le responsable récidive et assure que l’accord de 1968 est « très favorable pour l’Algérie et très défavorable pour la France », réaffirmant qu’il est pour sa renégociation.

Profiter de la brouille diplomatique avec Alger

Pour quelqu’un qui ne veut plus entendre parler de cet accord, le ministre français le sert à toutes les sauces. En effet, ce 27 novembre 2024, devant le sénat, Retailleau a encore agité l’épouvantail de l’accord franco-algérien, le présentant presque comme l’unique responsable de la crise migratoire que traverse la France.

Selon Retailleau, l’accord de 1968 est « un droit exorbitant (pour les Algériens de France) que plus rien ne justifie ». Il réitère ainsi sa position et assure : « À titre personnel, il serait favorable à la dénonciation de cet accord ». Une déclaration, souligne-t-il, qui « n’engage que lui » et non le gouvernement français.

Ceci dit, le ministre explique que la France « s’approche » de la décision d’en finir avec l’accord de 1968 du fait de la dégradation de ses  relation diplomatiques avec l’Algérie suite aux déclaration de Macron sur le Sahara occidental et, plus récemment, à l’affaire de l’arrestation du l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.

Selon Retailleau, La France et l’Algérie pourraient profiter de cette brouille diplomatique pour « se rendre mutuellement le service de s’oublier un peu l’un l’autre, notamment en matière d’accords migratoires ».

Accord franco-algérien : il y aurait « des dérogation édifiantes » pour les Algériens, selon Retailleau

Le ministre rappelle que l’accord de 1968 « a été modifié à trois reprises, en 1985, en 1994 et en 2001 », ce qui fait « qu’en l’absence d’un nouvel avenant, toutes les évolutions du droit du séjour et de la circulation des étrangers intervenus en France depuis plus de 20 ans, y compris la loi de janvier 2024, ne sont pas applicables aux ressortissants algériens ».

Pour Bruno Retailleau, grâce à l’accord de 1968, les Algériens bénéficient de « conditions très avantageuses en matière d’immigration familiale ». Le responsable parle aussi de dérogations « édifiantes » aux dispositions du droit commun en matière d’immigration professionnelle, sans pour autant les citer.

Ces avantages, prétendument octroyés aux Algériens en France grâce à l’accord de 1968, ont débouché, toujours selon le ministre, sur deux problématiques principales : la facilitation de l’entrée des Algériens en France et la structuration de leur modèle migratoire en une immigration d’installation.

Accord de 1968 : « En cas d’abrogation, on ne va pas retomber sur les accords d’Évian »

On sait en vérité que les Algériens souhaitant entrer en France sont soumis au visa tout comme les Marocains et les Tunisiens, et que les infimes spécificités concernant les Algériens par rapport au droit de séjour en France se heurtent souvent aux lourdeurs administratives des préfectures, au même titre que pour tous les autres demandeurs.

Le ministre a toutefois mis en avant le chiffre de 200.000 visas accordés chaque année aux Algériens et l’avait comparé au 2.000 laissez-passer consulaires accordés par l’Algérie aux sans-papiers sous OQTF. « Vous voyez la différence de flux ? », a-t-il noté, assurant que 40 % des locataires des CRA en France sont des Algériens.

Ainsi, aux yeux de Bruno Retailleau, la solution réside dans la dénonciation de cet accord. Selon lui, cela « ne pose pas de problème majeur » d’un point de vue juridique.

« Il est faux de prétendre, comme le fait le gouvernement algérien, qu’en cas de dénonciation nous retomberions sur les dispositions de l’accord d’Évian. Non, nous retomberions sur les dispositions de notre droit commun », a-t-il soutenu devant les sénateurs.

« Une fixation obsessionnelle sur l’Algérie »

En Algérie, les nombreuses déclarations du ministre français de l’Intérieur suscite l’incompréhension.

« Décidément, le ministre de l’intérieur français fait une fixation obsessionnelle sur l’Algérie et sur l’accord de 1968 », souligne un ancien ambassadeur d’Algérie qui dénonce « la hargne virulente et revancharde qui s’explique par son ambition maladive de vouloir « ringardiser » le Rassemblement national en draguant les franges extrémistes et le marais algérophobe».

« En vérité, ce ministre ment, comme un arracheur de dents, car il sait pertinemment que l’accord de 1968 a été vidé de sa substance par les 3 avenants successifs et que sur de très nombreuses dispositions, il est beaucoup moins avantageux que le droit commun », ajoute-t-il.

« En définitive, la seule bonne nouvelle que l’on a à l’esprit lorsque on entend couiner ce ministre, c’est que son gouvernement ne passera pas les fêtes de fin d’année et que ce sinistre sire finira dans la poubelle de l’Histoire », conclut-il.

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