Pour un niveau médiocre et des résultats dérisoires sur la scène continentale, certains clubs algériens payent des fortunes à leurs joueurs. La Fédération algérienne de football (FAF) a annoncé fin décembre dernier un projet de plafonner les salaires.
Un mois après, Walid Sadi est relancé sur la question par un député de l’Assemblée populaire nationale (APN), en sa qualité de ministre des Sports, une fonction qu’il cumule avec celle de président de la FAF. Dans sa réponse, le ministre a annoncé la fin des dépenses faramineuses en salaires des joueurs dès la prochaine saison, 2025-2026.
Les clubs qui offrent des salaires dépassant tout entendement sont ceux qui sont financés par des entreprises publiques comme Sonatrach, Madar et Mobilis, autrement dit par l’argent public. Environ la moitié des clubs de l’élite sont dans cette situation.
La masse salariale d’un seul club financé par un groupe public par exemple avoisine les 100 millions de dinars par mois, et certains joueurs touchent des salaires indécents de 10 millions de dinars par mois. En plus, les salaires sont octroyés dans une opacité totale.
Aucun ne communique ni sur les salaires de ses joueurs, ni sur ceux de ses entraîneurs. Gavés d’argent public, ces clubs se permettent même de recruter des entraîneurs étrangers qu’ils paient au prix fort pour des résultats dérisoires.
Clubs algériens de football : l’argent public coule à flot
Dans sa réponse au député de la wilaya de Djelfa Ahmed Rebhi, Walid Sadi a fait savoir que la question des « gros salaires » dans le football a fait l’objet d’une réunion au siège du ministère le 28 novembre 2024, ayant réuni autour du secrétaire général du ministère, les responsables des entreprises publiques ayant des actions dans des clubs de football ou sponsorisant des clubs, ainsi que le président de la Ligue de football professionnel (LFP) et le secrétaire général de la fédération.
Au cours de cette réunion, il a été transmis aux présents les directives des pouvoirs publics quant à la rationalisation des dépenses de fonctionnement des clubs et la nécessité de mettre fin à la dilapidation de l’argent public « dans des opérations qui n’ont rien à voir avec le développement du football ».
Parmi les instructions transmises aux responsables des sociétés concernés, le plafonnement des budgets des clubs professionnels et la mise en place de mécanismes adéquats pour une meilleure maîtrise des niveaux des salaires « exagérés » des joueurs, d’éviter la dilapidation et de lutter contre la corruption et la spéculation. D’autres instructions ont été données pour l’investissement dans la construction d’infrastructures sportives, notamment des centres de formation et des académies.
Les salaires indécents dans le football agacent les pouvoirs publics
Le secrétariat général de la FAF a été chargé de l’accompagnement des clubs en ce qui concerne l’amélioration de la gouvernance et la rationalisation de leur gestion suivant les standards internationaux, a ajouté le ministre des Sports.
Pour rappel, une réunion a eu lieu le 30 décembre dernier entre la FAF et les présidents de clubs.
La fédération avait indiqué dans un communiqué que la réunion a porté sur « la rationalisation des dépenses par un suivi budgétaire rigoureux, sous le contrôle de la DCGF de la FAF », « la mise en place d’un nouveau contrat type de performance du joueur professionnel dès le mois de juin 2025 », et la « réalisation d’une charte éthique imposable à tous les intervenants dans le football professionnel ».
Salaires dans le football algérien : ce qui va changer à partir de la saison 2025-2026
Les présents ont arrêté des mesures concrètes pour mettre fin aux salaires faramineux des joueurs.
Une source proche de la FAF avait précisé à TSA qu’il a été décidé de plafonner les salaires à 2,5 millions de dinars par mois, et ce, à partir de la saison prochaine 2025-2026.
Les clubs peuvent dépasser ce seuil, exceptionnellement et sous conditions, notamment pour recruter des joueurs reconnus pour leurs qualités, avait ajouté la même source.
Dans sa réponse au député Rebhi, Walid Sadi a expliqué que la problématique des salaires des joueurs de la ligue professionnelle a « pris un tournant qui a poussé les pouvoirs publics à mettre en place des règles afin de mettre fin à cette situation et au gaspillage de l’argent public », d’autant plus, a-t-il ajouté, que les fonds dont bénéficient les clubs viennent d’entreprises publiques économiques.
Ce financement est destiné à accompagner les clubs vers un professionnalisme véritable, où tout doit être déterminé par les règles du marché, a rappelé Walid Sadi.
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