Le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau semble déterminé à aller jusqu’au bout de sa logique de confrontation avec l’Algérie. Ce lundi 3 mars, il est revenu encore une fois à la charge, en brandissant des menaces de sanctions contre l’Algérie, ses ressortissants et sa compagnie aérienne nationale Air Algérie.
L’Algérie est devenue l’obsession de ce ministre et cela se manifeste à chacune de ses sorties médiatiques ces dernières semaines. Ce lundi encore, le locataire de Place Beauvau a fait de l’Algérie l’axe central d’une interview sur BFMTV-RMC. Et bien qu’il soit désavoué par le président Macron à propos de l’Algérie, il continue de suggérer le rapport de force avec Alger.
« Nous avons renvoyé un certain nombre d’Algériens détenteurs de passeports diplomatiques »
« Je n’ai pas dit qu’on stoppait tout de façon unilatérale. Mais sans un rapport de force, nous n’obtiendrons rien de l’Algérie », a-t-il déclaré, soulignant que « ce rapport de force, nous l’avons déjà commencé ».
La mise en place de ce rapport de force est concrétisée, selon le même intervenant, par le renvoi d’un certain nombre de ressortissants algériens détenteurs de passeports diplomatiques, « mais qui n’offrait pas toutes les garanties ». C’est le cas notamment de l’épouse de l’ambassadeur d’Algérie au Mali, refoulée samedi 1ᵉʳ mars à l’aéroport de Roissy. Une “provocation” qui ne restera pas “sans réponse” de l’Algérie, selon l’agence APS.
Pour ce qui est de l’enjeu de ce bras de fer, Retailleau explique qu’il ne s’agit pas « d’un caprice du ministre de l’Intérieur, mais c’est une question de sécurité. Ma mission est de protéger les Français ».
Une liste de plusieurs centaines d’Algériens « qui ont des profils dangereux »
Concernant la différence entre la position de Macron et de la sienne sur le dossier algérien, l’intervenant souligne que le soutien du Premier ministre, François Bayrou, et donc du gouvernement, lui suffirait de s’engager dans son rapport de force avec l’Algérie.
« Cette ligne de fermeté, qui est la mienne depuis des semaines, est désormais partagée par le gouvernement », a-t-il dit, évitant de commenter le fait que sa position vis-à-vis de l’Algérie n’est aucunement partagée par la présidence française.
Toujours à propos du rapport de force avec l’Algérie, Bruno Retailleau fait savoir que ses services sont en train d’établir une liste de plusieurs centaines de personnes (des Algériens, NDLR), qui ont des profils dangereux (terroristes, criminels…) que nous allons présenter aux Algériens ».
Cette liste sera présentée dans les semaines à venir, a précisé l’intervenant, affirmant qu’il maintient le délai de quatre à six semaines donné à l’Algérie, un « ultimatum » rejeté catégoriquement par Alger.
Air Algérie : « On peut vérifier les conditions dans lesquelles les commandants de bord respectent notre droit »
Des sanctions en France contre la compagnie aérienne algérienne, Air Algérie, font aussi partie des moyens que compte mettre en œuvre le ministre de l’Intérieur pour faire pression sur Alger. Il a en effet évoqué à nouveau des sanctions contre la compagnie aérienne algérienne.
En réponse à une question sur les moyens qui seront mis en place pour contraindre Air Algérie à annuler ses vols vers la France, il répond qu’il a déjà mis sur la table « des moyens de riposte gradués ».
« Je ne m’interdis rien. On peut vérifier les conditions dans lesquelles les commandants de bord respectent notre droit et les formalités administratives », a déclaré Retailleau, ajoutant ensuite : « j’observe qu’à Alger, ils ne s’en privent pas ».
Mi-février, le ministère de l’Intérieur a fait état d’une « exigence supplémentaire et nouvelle » de la compagnie nationale Air Algérie, qui « exige des laissez-passer consulaires même lorsque les individus prévus au départ sont détenteurs de pièces d’identité en cours de validité ».