En France, les étrangers sont désormais constamment sous la menace d’une expulsion, avec la nouvelle politique migratoire du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Le moindre prétexte peut conduire à une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Les Algériens sont particulièrement dans le collimateur.
Lors de l’entrevue périodique avec les médias de la presse nationale, diffusée samedi soir, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a cité l’exemple d’un ressortissant algérien sous OQTF pour un motif pour le moins étonnant.
« Un Algérien placé sous OQTF pour avoir dénoncé le génocide à Gaza »
En application de la politique du ministère de l’Intérieur concernant l’immigration, les préfectures doivent atteindre des objectifs en matière d’OQTF et d’expulsions d’étrangers, y compris ceux en situation régulière.
Des avocats spécialisés dans le droit des étrangers décrivent une situation inédite, avec une explosion du nombre de refus de titres de séjour suivi de décisions d’expulsions. Toute infraction, aussi insignifiante soit-elle, peut conduire à une OQTF, même pour les étrangers en situation régulière.
Dénoncer la situation à Gaza est, par exemple, devenu un tabou, voire un délit en France, puisque toute personne étrangère qui dénonce les crimes israéliens en Palestine risque désormais une OQTF. Un ressortissant algérien en a même fait les frais.
S’exprimant autour de la crise diplomatique qui secoue les relations entre la France et l’Algérie, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a cité l’exemple d’un « Algérien placé sous OQTF pour avoir dénoncé le génocide à Gaza ».
Selon lui, « ce sont des dizaines de cas par jour, c’est la liberté d’expression ». « Pour eux (le gouvernement français), la liberté est, je dis ce que je veux et tu te la fermes : On ne se la ferme pas », a martelé le chef de l’État.
Le chef de l’État algérien n’a pas précisé si l’OQTF a été exécutée. L’Algérie refuse presque systématiquement les expulsions d’Algériens qui ne sont pas validées par la justice, comme cela a été le cas pour l’influenceur Doualemn, renvoyé de l’aéroport d’Alger.
« On ne laissera personne toucher les membres de notre diaspora »
D’ailleurs, le président Tebboune a rappelé hier soir que la diaspora algérienne en France bénéficie de tout le soutien des autorités algériennes. « Pour ce qui est des membres de notre diaspora, qui respectent les lois des pays de leurs résidences, on ne laissera personne les toucher », a-t-il déclaré.
Le président français, Emmanuel Macron, lui-même, a affirmé qu’il « respecte ceux qui vivent là-bas dans la paix et la sérénité », a encore ajouté le chef de l’État.
À propos de la crise actuelle entre les deux pays, liée principalement à l’exécution des OQTF, Tebboune a affirmé que « le dossier contentieux est créé de toutes pièces », soulignant que l’Algérie et la France « sont deux États indépendants » et que leurs « présidents travaillent ensemble. Tout le reste ne nous concerne pas ».
Pour ce qui est de la gestion de ce contentieux, le président de la République a indiqué que le dossier « est entre de bonnes mains, entre les mains de quelqu’un de très compétent qui a toute ma confiance, en l’occurrence le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf ».