C’est une véritable campagne que les médias français proches de l’extrême-droite mènent contre l’Algérie. Des sujets “oubliés” ressortent subitement dans les colonnes et sur les plateaux des médias.
Tout est décidément bon pour critiquer l’Algérie dans un contexte de crise aiguë entre les deux pays, la plus grave depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, de l’avis de nombreux observateurs.
Quand l’affaire Boualem Sansal ou encore celle des influenceurs algériens arrêtés pour appels à la violence ne suffisent pas pour attiser les braises, d’autres sujets censés être défavorables pour l’image de l’Algérie sont déterrés.
C’est le cas par exemple de l’épineuse question des factures de soins des Algériens dans les structures françaises de santé. Il n’est pas innocent que le sujet soit remis sur la table précisément dans cette conjoncture précise.
Des médias français de la même mouvance ont même commandé des sondages sur la perception de l’Algérie et son immigration par l’opinion publique française.
Leurs résultats cadrent évidemment avec ce que le courant extrémiste souhaite. Le premier sondage, dévoilé le 8 janvier, a été commandé par trois médias de la galaxie Bolloré, Europe 1, Cnews et Le Journal du Dimanche (JDD).
Il a été demandé aux sondés s’ils sont pour ou contre l’arrêt de l’immigration algérienne. Selon les résultats, 66% des Français se sont dit favorables à l’arrêt immédiat de toute immigration en provenance d’Algérie.
Les résultats d’un autre sondage, réalisé par l’institut IFOP pour Sud Radio, un autre média extrémiste, ont été rendus publics le 17 janvier. Il en ressort que 71% des Français ont une image négative des Algériens, contre seulement 32% qui ont une telle opinion des Marocains.
Soins des Algériens en France : un dossier qui refait surface à chaque crise
Dans son édition de lundi 20 janvier, le journal de droite l’Opinion a ressorti le dossier des coûts des soins des Algériens en France.
Selon les sources du journal, les Algériens détenteurs d’un visa touristique ou diplomatique ont laissé en 2023 auprès des hôpitaux de Paris des factures impayées s’élevant à 44,9 millions d’euros. Ce montant concerne uniquement l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), précise le journal.
Le média cite un rapport du Sénat daté de 2017 et qui faisait état de “la venue régulière” de ces patients algériens ayant des maladies parfois lourdes qui “ne sont pas prises en charge par l’assurance exigée pour l’obtention de leur visa”.
Dans ce dossier aussi, les médias français accablent les autorités algériennes. “Les pourparlers ont été difficiles, Alger nous répondant qu’il appartenait à la France de refuser les patients qui ne sont pas pris en charge”, indique à l’Opinion une responsable l’AP-HP.
Soins à l’étranger : la Turquie, nouvelle destination pour les Algériens
Le JDD rappelle pour sa part cette confession de l’un des plus grands pourfendeurs du moment de la relation bilatérale, l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, auquel un diplomate algérien aurait dit : “Votre charité chrétienne vous perdra. ”
Comme toute la relation bilatérale et la crise actuelle, ce dossier de la sécurité sociale divise le gouvernement français. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et son entourage souhaitent, sans surprise, “le mettre sur la table”, tandis que les ministres de la Santé et des Affaires étrangères “ne semblent pas du même avis”.
En tout cas, se réjouit presque le JDD, “en plein conflit diplomatique, la dette de l’Algérie vis-à-vis des hôpitaux français ne fait qu’assombrir les relations entre Paris et Alger.”
Intervenant dans le débat sur la crise en cours entre l’Algérie et la France, l’ancien ministre algérien El Hachemi Djaaboub a rétorqué dans un texte publié le 11 janvier, à ceux qui appellent à revoir les accords de sécurité sociale entre les deux pays, que les Algériens se rendent maintenant en Turquie où ils reçoivent des soins de meilleure qualité et à un coût moindre qu’en France.