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France – Algérie : « Macron n’a pas respecté un engagement avec Tebboune »

France – Algérie : « Macron n’a pas respecté un engagement avec Tebboune »

Source : APS
Rahabi

Le diplomate algérien Abdelaziz Rahabi est revenu longuement sur la crise en cours entre l’Algérie et la France, en révélant que le président Emmanuel Macron a pris un engagement devant son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune sur le Sahara occidental, mais qu’ « il ne l’a pas respecté »

Sur le plateau d’Ennahar TV, Abdelaziz Rahabi a fustigé le rôle néfaste du ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau qui, selon lui, a provoqué ces nouvelles tensions après la tentative de rapprochement entre les deux pays. Il a aussi assuré que la France n’a ni leviers de pression ni influence en Algérie. 

Abdelaziz Rahabi fustige le rôle néfaste de Bruno Retailleau

« Personnellement, je ne considère pas que cette crise n’est pas la plus grave que nous avons connu avec la France, à la différence qu’ aujourd’hui, les réseaux sociaux jouent un rôle d’amplificateur », a dit Abdelaziz Rahabi, rappelant les brouilles qui ont suivi la nationalisation des hydrocarbures en 1971, les attaques contre la diaspora algérienne dans les années 1970 et l’attentat contre le consulat d’Algérie à Marseille, ainsi que la demande faite en 1979 par les autorités françaises d’éloigner chaque année 35 000 Algériens en situation régulière. 

Par contre, ajoute-t-il, l’expulsion de diplomates de part et d’autre est un « précédent ».

Tout a commencé lorsque la police française a arrêté, « sans doute sur ordre du ministre de l’Intérieur » un agent consulaire algérien « qui n’a pas l’immunité totale mais dispose de certaines immunités. La France pouvait par exemple demander le départ de cet agent consulaire », rappelle l’ancien ministre de la Communication. 

Or, constate-t-il, en France, « l’immigration et l’islam focalisent tous les débats intérieurs » et le dossier Algérie « est entre les mains du ministre de l’Intérieur ». 

Ce qui est « inacceptable » et procède d’une pensée néocolonialiste, critique Abdelaziz Rahabi.

Durant la guerre de Libération, l’Algérie, en tant que département français, était gérée par les ministres de l’Intérieur et de la justice, rappelle-t-il. En 1979, lors de la crise sur l’immigration, le chargé du dossier était aussi le ministre de l’Intérieur français.

« C’est inacceptable et il est du droit de l’Algérie de refuser de traiter avec le ministre de l’Intérieur », clame Abdelaziz Rahabi. 

 

« Si les Français croient qu’ils ont une influence en Algérie, ils se trompent »

 

Pour le diplomate algérien, Bruno Retailleau et le courant extrémiste ont un agenda politique, d’où leurs attaques contre l’Algérie.

Ils marchent, ajoute-t-il, sur les pas de Nicolas Sarkozy qui s’est servi, en tant que ministre de l’Intérieur, du dossier Algérie pour devenir président de la France en 2007.

Car, « il n’y a pas meilleur sujet en France pour monter dans les sondages que l’islam et l’immigration, particulièrement l’immigration algérienne ». « C’est du racisme », accuse le diplomate. 

Il y a aujourd’hui, sur la politique de la France, l’influence de plusieurs courants, dont les nostalgiques de l’Algérie française.

Abdelaziz Rahabi souligne par exemple que le président Emmanuel Macron n’a pas tenu l’engagement qu’il a pris devant le président Abdelmadjid Tebboune et l’ancien ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra de ne pas changer la position traditionnelle de la France sur le Sahara occidental. 

Fin juillet dernier, le palais royal marocain a dévoilé le contenu d’une lettre adressée par Emmanuel Macron au roi Mohammed VI où il reconnaît la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Le président français a écrit que le plan d’autonomie est la seule base pour résoudre le conflit sahraoui alors que jusque-là Paris le considérait comme une option sérieuse.

 

Abdelaziz Rahabi : « La France n’a aucune influence en Algérie »

 

Bruno Retailleau est devenu « le porte-parole officiel du gouvernement français » et le président Macron n’a aucune autorité sur lui en ce qui concerne la relation avec l’Algérie, estime Abdelaziz Rahabi.

À la dernière « injonction » de Retailleau qui a déclaré que l’Algérie avait le choix entre « l’escalade ou le dialogue », Rahabi a rétorqué que la voie qu’il faut suivre est celle de « relations normales ». 

L’influence ne s’exerce pas par le discours, mais par des outils. Or, la France n’a pas aujourd’hui d’influence en Algérie ni d’outils de pression, signale le diplomate algérien qui se félicite du fait que l’Algérie s’est affranchie dès l’indépendance de toute possibilité d’influence étrangère en refusant de faire partie de la zone franc (monnaie française à l’époque) ou d’adhérer aux pactes militaires (OTAN et pacte de Varsovie). Elle avait aussi refusé l’aide française au développement. 

« La France n’a pas d’influence en Algérie. S’ils croient qu’ils ont une influence culturelle ou des élites francophones, ils se trompent », a tranché l’ancien ambassadeur d’Algérie au Mexique et en Espagne. 

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