La crise entre la France et l’Algérie sera au centre d’une réunion prévue dans les prochains jours entre le président Emmanuel Macron et « les ministres concernés » par cette question. L’annonce a été faite, ce mercredi 15 janvier, par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot devant le Parlement.
Dans son intervention, Barrot a rappelé que la relation avec l’Algérie a été qualifiée par Emmanuel Macron de « relation d’intimité profonde » lorsque les deux pays ont signé, en août 2022, une feuille de route qui détermine les termes de leur coopération. « Pour une coopération, il faut être deux », a toutefois souligné le chef de la diplomatie française.
Selon lui, les raisons qui ont conduit les autorités algériennes à « adopter une posture d’hostilité, n’ont rien à voir avec l’Algérie ni avec ses intérêts ».
L’allusion est à la reconnaissance, en juillet dernier, par la France de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental. Ce qui avait conduit l’Algérie à procéder au retrait de son ambassadeur à Paris. Le poste est depuis resté vacant.
« La France est un pays souverain qui choisit le terme de ces alliances avec d’autres pays, et ce que la France entend construire avec le Maroc n’enlève rien à ce que la France entend construire avec l’Algérie », a ajouté Jean-Noël Barrot.
« Évaluer les suites à donner »
Le ministre français a vite enchaîné sur les deux sujets qui fâchent en ce moment.
Le renvoi par l’Algérie de l’influenceur Doualemn, le 9 janvier, « alors même qu’il détenait un passeport biométrique », est « un précédent que nous considérons comme grave », a-t-il déclaré.
Il s’agit d’un « épisode regrettable » qui s’ajoute à « la détention de notre compatriote Boualem Sansal, dont les raisons de la détention sont considérées par la France comme complètement infondées », a ajouté Barrot.
« Le président de la République et le Premier ministre réuniront dans les prochains jours les ministres concernés pour évaluer les suites à donner et les mesures à prendre », a-t-il annoncé dans la foulée.
Le chef de la diplomatie française ne ferme pas la porte à un règlement de la crise avec l’Algérie, rappelant qu’il avait déjà exprimé sa disposition à se rendre à Alger « pour traiter de toutes les questions et pas seulement celles qui ont fait l’actualité ces dernières semaines ».
« Ni l’Algérie ni la France n’ont intérêt à ce que s’installe une tension durable entre deux pays voisins, deux grands pays de la Méditerranée », a-t-il conclu son intervention.
Bruno Retailleau réitère ses accusations contre l’Algérie
La tribune a aussi vu le passage d’un autre personnage clé directement concerné par la crise. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, est accusé par plusieurs voix d’attiser les braises par ses déclarations.
Dans son intervention, il a confirmé la tenue prochainement de la réunion annoncée par son collègue des Affaires étrangères. « Toutes les mesures doivent être mises sur la table, des mesures individuelles et plus générales », a-t-il indiqué.
Retailleau a réitéré ses accusations contre l’Algérie. « Ça n’est pas la France qui ne respecte pas le droit dans cette affaire. C’est l’Algérie », a-t-il répété, soulignant que l’influenceur en question est un « multirécidiviste », cumulant des condamnations à un total de 11 années de prison.
Le ministre de l’Intérieur a, lui aussi, reproché à l’Algérie de détenir Boualem Sansal.
L’influenceur Doualemn restera en centre de rétention
Avant ce passage à l’Assemblée, Retailleau et son collègue de la Justice Gérald Darmanin ont été recadrés par Jean-Noël Barrot.
« Chacun est libre de ses opinions et de faire des propositions, mais c’est au quai d’Orsay, sous l’autorité du président de la République, que se forge la politique étrangère de la France », a répondu le ministre des Affaires étrangères à la plateforme Brut qui l’interrogeait sur l’imposition du visa aux porteurs d’un passeport diplomatique algérien, une mesure proposée par Gérald Darmanin.
Dans ce contexte, la Cour d’appel de Paris a rejeté ce mercredi le référé-opposition introduit par les avocats de l’influenceur Doualemn contre la prolongation de sa mise en centre de rétention.
« Tant qu’il y a un arrêté d’expulsion, je n’ai pas de raison de m’opposer au renvoi vers votre pays », lui a dit la présidente de la Cour à la lecture de la décision, selon BFMTV.
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