Accusé d’être à l’origine de la détérioration de la relation franco-algérienne par ses menaces et sa posture en faveur d’un bras de fer avec Alger, Bruno Retailleau est à nouveau pointé du doigt par la gauche dans une autre crise qui bouleverse la France.
Le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau est doublement sous les feux des critiques depuis l’assassinat d’un homme musulman vendredi dans une mosquée du Gard dans le sud de la France.
Il lui est notamment reproché ses précédentes déclarations qui auront contribué à attiser la suspicion autour des musulmans et son déplacement tardif dans la ville où a eu lieu le meurtre d’Aboubakar Cissé, tué à coups de poignard vendredi dernier dans une mosquée du Gard. Il est accusé par ses détracteurs de nourrir l’islamophobie en France.
Le jeune malien a été assassiné vendredi 25 avril. Le ministre de l’Intérieur a réagi le jour même sur X.
Pourquoi Bruno Retailleau est sous le feu des critiques ?
« L’enquête permettra, je l’espère, d’appréhender rapidement l’auteur et de faire la lumière sur cet événement épouvantable »« , a-t-il écrit, tout en exprimant son »soutien à la famille de la victime« et sa »solidarité à la communauté musulmane« touchée par une »violence barbare, dans son lieu de culte, le jour de la grande prière".
En sa qualité de ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau est aussi celui en charge du culte. S’il a réagi promptement sur les réseaux sociaux, beaucoup lui reprochent d’avoir mis deux jours avant de se déplacer dans la ville où a eu lieu le drame, et de ne s’être pas rendu dans la mosquée où le meurtre a été commis.
Il est soupçonné de « deux poids, deux mesures », car lors de drames précédents, il était toujours prompt à se rendre les lieux. Cette fois, malgré la gravité de l’acte, il a maintenu deux réunions publiques en lien avec sa candidature pour le congrès du parti Les Républicains (LR, droite).
« Si l’équivalent c’était produit dans une église ou dans une synagogue, est-ce que vous auriez attendu deux jours avant de vous y rendre ? », lui a-t-on demandé sur BFMTV.
« J’attendais des éléments d’enquête », a répondu Retailleau. Celui-ci a manqué d’assurance sur le plateau et cela n’a échappé à personne.
Malgré l’horreur de ce crime, le ministre de l’Intérieur refuse toujours de parer d’islamophobie.
Il est accusé par ses détracteurs de contribuer à l’aggravation d’un « climat islamophobe » en France.
Lors d’un rassemblement dimanche à Paris, Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France Insoumise (LFI) l’a cité nommément comme l’un des responsables français qui ont contribué à attiser l’islamophobie, rappelant qu’il a crié « à bas le voile » dans une réunion publique. A la télé, Retailleau a botté en touche, répétant que « tous les islamistes, sans exception, souhaitent que les femmes soient voilées ».
France : Bruno Retailleau a contribué à installer une « islamophobie d’atmosphère »
Ségolène Royal, ancienne candidature socialiste à la présidentielle française de 2007, n’a pas épargné le ministre de l’Intérieur.
« Il n’est pas allé dans la mosquée, il s’est cantonné à la sous-préfecture. Or, partout où il y a eu des crimes, dans les synagogues ou les églises, il s’est rendu dans les lieux de cultes », a-t-elle souligné, également sur BFMTV.
🃏«Il n’est pas allé dans la mosquée, il s’est cantonné à la sous-préfecture. Or, partout où il y a eu des crimes, dans les synagogues ou les églises, il s’est rendu dans les lieux de cultes(..)»
BFM TV – Une Ségolène Royal très fine dans ses analyses concernant Bruno Retailleau pic.twitter.com/xB5G0NrNwn
— DANS LA SÉQUENCE (@D_La_Sequence) April 28, 2025
« M. Retailleau a conscience qu’il a jeté en pâture des millions de personnes », a accusé pour sa part l’ancienne ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem.
S’il ne s’est pas déplacé immédiatement sur les lieux du crime et n’a pas rejoint la marche de dimanche contre l’islamophobie, « c’est aussi parce qu’il a eu peur d’être mal accueilli », a-t-elle ajouté. Pour elle, Retailleau a « utilisé la population musulmane comme en ferait une omelette en cassant des œufs », pour « grappiller quelques voix ».
« Tant que certains ont parlé un moment d’un antisémitisme d’atmosphère, c’est d’avoir installé une islamophobie, une haine des musulmans d’atmosphère », a expliqué l’ancienne ministre.
🃏«Une islamophobie, une haine des musulmans d’atmosphère, c’est d’une telle évidence(..) présentés systématiquement comme un danger une menace, déshumanisés. Mr Retailleau a conscience qu’il a jeté en pâture des millions de gens(..)»
C ce soir- Najat Vallaud-B
C’est lancé pic.twitter.com/W7oPkItXTA
— DANS LA SÉQUENCE (@D_La_Sequence) April 28, 2025
Pour Manuel Bompard, coordinateur de LFI, Bruno Retailleau est responsable du climat actuel par « les propos, les déclarations qu’il a eues ces derniers mois, son obsession à cibler les musulmans », comme lorsqu’il a dit publiquement « à bas le voile ! ».
« Qu’est-ce que c’est que ces propos ? Je rappelle quand même que M. Retailleau est ministre de l’Intérieur, il est ministre des cultes », a dit Bompard, soulignant que le discours de Bruno Retailleau et de certains médias a contribué à entretenir un climat d’obsession contre les musulmans.
Retailleau entretient, avec l’aide de certains médias, une obsession contre les musulmans.
Alors qu’il est ministre des cultes, il a scandé « à bas le voile » dans une réunion publique.
Qu’aurait-on dit s’il avait déclaré « à bas la croix » ou « à bas la kippa » ? pic.twitter.com/IWnSG8bEhl
— Manuel Bompard (@mbompard) April 28, 2025
Bruno Retailleau qui est candidat à la présidence des LR, tout en visant la présidentielle de 2027, est dans le viseur de la gauche pour sa gestion de la crise avec l’Algérie qui dure depuis près de 9 mois. Après l’assassinat d’un musulman dans une mosquée vendredi, le ministre de l’Intérieur se retrouve à nouveau sous le feu des critiques, pour avoir réagi timidement, et plus globalement sur ses prises de positions controversées sur le voile et l’islam.
« Alors qu’il est ministre des cultes, il a scandé « à bas le voile » dans une réunion publique. Qu’aurait-on dit s’il avait déclaré « à bas la croix » ou « à bas la kippa » ? », a lancé Manuel Bompard. Le 26 mars, lors d’une réunion publique organisée par l’association pro-israélienne Elnet à Paris, il a lancé : « À bas le voile ! ».
Monsieur le ministre @BrunoRetailleau,
Allez vous en. pic.twitter.com/sdXIkC4M3L
— Sabrina Sebaihi (@SabrinaSebaihi) April 29, 2025