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France : ce que disait Bruno Retailleau sur l’immigration et l’Algérie

La nomination de Bruno Retailleau, 63 ans, comme ministre de l’Intérieur en France samedi 21 septembre n’est pas tout à fait une surprise. 

Ses idées très à droite cadrent avec le virage pris par le président Emmanuel Macron avant même les dernières élections législatives et les tractations qui ont suivi pour la formation du gouvernement Michel Barnier.

Bruno Retailleau incarne la ligne la plus dure de sa famille politique concernant notamment le sujet de l’heure en France, l’immigration et les étrangers. 

Retour sur ses propos sur l’immigration et l’Algérie qui ont refait surface sur les réseaux sociaux après sa nomination comme ministre de l’Intérieur.

Le nouveau ministre de l’Intérieur appartient certes au parti Les Républicains (droite), mais ses débuts en politique, il les a fait à l’extrême-droite, auprès du souverainiste Philippe de Villiers.

Comme le montre la constance de ses déclarations pendant trois décennies, Retailleau ne semble pas être de ceux qui surfent sur la tendance du moment en utilisant le tremplin de l’immigration pour avancer en carrière. Sur ce sujet au moins, il a les convictions chevillées au corps. 

Les archives de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) gardent ses propositions les plus dures, exprimées dans le lexique de l’extrême-droite et ses nombreux dérapages. 

Dans les années 1990 déjà, il bousculait Jean-Marie Le Pen sur son propre terrain.  

“Créer une société multiculturelle avec la juxtaposition de blocs de populations, ce serait forcément une société multi-conflictuelle”, déclarait-il en 1997.

“Les gens qui viennent, notamment l’immigration africaine, ce sont des gens qui n’ont pas la même culture que nous, des gens qui viennent non pas pour être français mais souvent pour profiter des droits sociaux français. Donc le problème est que ces gens ne sauraient pas s’assimiler”, ajoutait-il, plus explicite. 

Bruno Retailleau, des positions inchangées sur l’immigration 

Bruno Retailleau a rejoint en 2010 Les Républicains, à l’époque UMP (Union pour un mouvement populaire), le parti créé en 2002 par les Chiraquiers entre les deux tours de la présidentielle de la même année qui a vu Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national, accéder au deuxième tour contre Jacques Chirac.

Non pas qu’il avait changé ou mis de l’eau dans son vin. C’est plutôt ce parti qui s’était endurci sur les questions liées à l’immigration sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy qui l’a pris en main à partir de 2004. Le modèle l’a visiblement séduit. “Quand on est de droite, il faut s’assurer de droite. On va s’assumer pour faire baisser le vote RN comme l’avait fait Sarkozy en 2007”, dira-t-il en 2020. 

Tout au long de sa carrière, celui qui est devenu samedi 21 septembre ministre de l’intérieur n’a pas cédé un pouce sur les thèmes qui font son identité politique, l’immigration, les étrangers, l’identité, la sécurité. 

En 2015, il est monté au créneau pour s’opposer au vote par le conseil régional du Pays-de-la-Loire d’une aide en faveur des réfugiés, estimant qu’ “il ne faut pas créer un appel d’air” et qu’il faut “garantir qu’il s’agit bien de réfugiés fuyant réellement la mort”. 

En 2018, il a déclaré qu’à partir d’un niveau, l’immigration “devient une menace” parce que “une partie malheureusement de l’immigration en réalité refuse d’entrer dans le récit national”.

Bruno Retailleau s’est particulièrement déchaîné en 2020 après l’assassinat du professeur Samuel Paty par un jeune radicalisé, dénonçant une “décivilisation” et un “un ensauvagement de la société française”. C’est pendant la même année qu’il a appelé à un référendum sur l’immigration. 

Le sénateur a désormais plus de visibilité en tant que président du groupe LR au Sénat. Une visibilité qu’il utilisera pour la même cause, celle de la lutte contre l’immigration, avec les dérapages qui vont avec. Pour Retailleau “il y a un lien désormais statistiquement établi entre cette immigration massive et la violence et l’insécurité”. 

Ce que disait Bruneau Retailleau sur l’Algérie

En 2023, après les émeutes qui ont suivi le meurtre du jeune Nahel par un policier, il a regretté la “régression vers leurs origines ethniques” des immigrés de la deuxième et troisième génération.  “Certes ce sont des Français mais des Français par leur identité”, a-t-il dit. 

La même année, il a directement contribué à durcir le projet de loi immigration en rédigeant lui-même une partie du texte. Il s’est aussi distingué à la même période par le dépôt d’un projet de résolution pour révoquer unilatéralement l’accord algéro-français de 1968 sur l’immigration. Une année plus tôt, en 2022, il avait prononcé cette phrase qui résume tout : “Malheureusement pour la France, l’immigration n’est pas une chance”. 

En plus de son hostilité à l’égard de l’accord de 1968, le nouveau ministre de l’Intérieur a été particulièrement critique à l’égard du président Macron et son projet de réconciliation des mémoires de la colonisation française en Algérie.

« Stop au “en même temps” mémoriel », a-t-il lancé le 2 septembre 2022 à l’issue dans une contribution publiée sur le site internet de son parti à l’issue de la visite de travail effectuée fin août de la même année du président français en Algérie.

Il lui a reproché de n’avoir rien sur les « massacres » d’Européens à Oran le 5 juillet 1962 lors de son déplacement dans la capitale de l’ouest algérien. « Par le silence présidentiel est une nouvelle preuve que le « en même temps » mémoriel est tout à la fois humiliant, injuste et dangereux pour la France », a-t-il écrit.

Sur les accords de 1968, Bruno Retailleau, a été plus radical. Il fait partie des personnalités politiques françaises favorables à leur abrogation, même au risque de provoquer un incident diplomatique avec l’Algérie. « Et alors ? », a-t-il répondu lors d’un entretien à la radio communautaire juive Radioj. « Il faut aller à ce rapport de force avec l’Algérie

« Les Algériens  considèrent qu’ils ont un droit de tirage illimité moral sur la France  et ils considèrent que la colonisation leur a donné des droits éternels,  notamment des visas », a-t-il dit.

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