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France : ces candidats franco-algériens sur le chemin du RN

Ils s’appellent Sabrina Sebaihi, Fatiha Keloua-Hachi, Abdelkader Lahmar, Karim Belaid ou encore Rania Tessa Maachou. Certains sont connus et médiatisés, d’autres le sont moins. Leurs points communs : ils sont franco-algériens et candidats aux législatives françaises du 30 juin et 7 juillet.

Candidats indépendants ou investis par les partis de gauche, ils sont engagés dans le combat pour faire barrage au Rassemblement national, vainqueur des Européennes 2024 et favori des sondages pour ces législatives.

En tant que Français d’origine algérienne, ils ont encore plus de raison de s’opposer à l’extrême-droite qui leur promet de ne plus être des Français comme les autres. La dernière annonce du RN est d’interdire l’accès aux binationaux à certaines fonctions « stratégiques ». Les Franco-maghrébins sont particulièrement visés.

Sabrina Sebaihi : « Il ne faut rien laisser passer, jamais »

Sabrina Sebaihi n’est plus à présenter. Député écologiste depuis 2022 dans l’assemblée qui vient d’être dissoute par le président Emmanuel Macron, elle s’est distinguée dans ses deux années de mandat par son action pour le rapprochement entre la France et l’Algérie par l’aplanissement du litige mémoriel.

En mars dernier, elle a fait adopter une résolution condamnant les massacres d’Algériens le 17 octobre 1961 à Paris.

Il y a quelques semaines, elle a annoncé la création avec trois autres députés d’un groupe de travail pour soumettre, début 2025, une proposition de loi reconnaissant les massacres du 8 mai 1945 en Algérie.

La décision du président Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale le 9 juin dernier suite la victoire de l’extrême droite aux Européennes a pris de court la députée d’origine algérienne et tout le groupe, mais ce n’est que partie remise.

Sabrina Sebaihi est candidate pour sa propre succession. Elle a été investie par le parti Écologie, Europe les Verts (EELV), dans le cadre de l’alliance de gauche le Nouveau front populaire (NFP), dans la quatrième circonscription des Hauts-de-Seine, englobant Nanterre et Suresnes.

Candidate de gauche, de surcroît issue de l’immigration, Sabrina Sebaihi cristallise depuis le début de la campagne les attaques de l’extrême-droite. Lundi 24 juin, elle a partagé sur X un échantillon des insultes racistes qui barrent ses affiches électorales.

Loin de la décourager, ces attaques renforcent au contraire sa conviction, “celle de défaire dans les urnes ceux qui ont participé à cette libération de la parole raciste et sexiste”, écrit-elle.

Sabrina Sebaihi est née à Ivry-sur-Seine dans une famille d’immigrés algériens. Sa date de naissance est très symbolique : le 10 mai 1981, le jour de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, porté par une coalition de gauche. Un signe ?

France : des candidats franco-algériens veulent barrer la route au RN

Fatiha Keloua-Hachi est aussi d’origine algérienne, députée sortante et candidate pour un nouveau mandat investie par le nouveau Front populaire dans la huitième circonscription de Seine-Saint-Denis.

Cette enseignante de lettres de 53 ans a fait sensation en 2022 en se qualifiant au second tour de l’élection du président de l’Assemblée nationale. Candidate de la Nupes, elle avait obtenu 146 voix au premier tour.

Elle était aux côtés de Sabrina Sebaihi en mars dernier lors de l’adoption de la résolution sur les massacres de 1961. Ce qui lui a valu une campagne de haine et d’attaques racistes du même courant. Le 29 mars, elle a annoncé un dépôt de plainte.

“Il ne faut rien laisser passer, jamais. Je continuerai mon travail pour que nous puissions parler sans tabou de l’histoire coloniale de la France et dépasser les mémoires conflictuelles. Je ne céderai jamais aux menaces”, avait-elle déclaré.

“L’extrême droite et ses relais sur les réseaux sociaux n’acceptent pas que nous ayons franchi une étape aussi essentielle dans notre travail de mémoire”, a-t-elle regretté.

Aujourd’hui, elle est encore une fois aux avant-lignes pour barrer la route du pouvoir à ce courant qui menace sérieusement la relation franco-algérienne.

Abdelkader Lahmar à propos du RN : « Ce sont des gens racistes »

Moins connu peut-être, Abdelkader Lahmar n’en a pas moins de détermination pour battre l’extrême-droite dans la septième circonscription du Rhône (région lyonnaise). Candidat de la Nupes en 2022, il a été battu difficilement au second tour par un adversaire LR (Les Républicains).

Cet enseignant en économie de gestion retente sa chance en étant cette fois investi par le nouveau Front populaire.

Outre la suppression de la réforme des retraites, sa priorité est d’empêcher le RN de gagner. “Ce sont des gens racistes. C’est à nous de nous emparer de cette possibilité de les contrer », disait-il pendant la campagne pour les européennes.

Le franco-algérien de 53 ans était 26e sur la liste de La France Insoumise (LFI) dirigée par Manon Aubry. Sa position dans la liste ne lui a pas permis d’être élu.

“Pour la justice sociale et contre le RN”, c’est le mot d’ordre de l’autre candidat franco-algérien de ces législatives françaises 2024, Kamel Belaid.

Médecin renommé âgé de 65 ans, Belaid est le candidat du Parti communiste français (PCF), membre de l’alliance NFP, dans la cinquième circonscription de l’Aisne.

“Nous empêcherons Jordan Bardella d’accéder à Matignon et mettrons en œuvre un projet de ruptures écologiques et sociales pour transformer la vie des Françaises et des Français”, promet-il.

Sa position vis-à-vis du RN est sans ambiguïté : “Ce parti est raciste et xénophobe. Il est une menace permanente pour la République et une impasse pour la France.”

Rania Tessa Maachou : « Je m’opposerai fermement à toute mesure qui marginaliserait une partie de nos concitoyens. »

Rania Tessa Maachou, gestionnaire de patrimoine de 43 ans, se distingue des autres candidats d’origine algérienne sur deux points. Elle se présente comme indépendante, donc non investie par la coalition de gauche et elle n’est pas candidate en France métropolitaine mais dans la 9e circonscription des français de l’étranger qui englobe l’Afrique de l’ouest et le Maghreb, donc l’Algérie.

Pour elle, il n’est pas nécessaire pour représenter les Français d’être un politicien de carrière. Elle s’engage à défendre l’égalité des droits avec « les français de France », notamment en matière de protection sociale et de retraite.

« Mes origines sont algériennes et mon parcours de vie entre la France, l’Algérie et le Maroc me permet de bien comprendre les défis auxquels sont confrontés nos compatriotes de cette circonscription », dit-elle.

Rania Tessa Maachou n’est pas insensible aux tiraillements en cours en France. « Nous avons tous une part de la situation actuelle mais nous ne sommes pas des victimes impuissantes de la situation. Nous pouvons agir ».

« En tant que députée, je m’opposerai fermement à toute mesure qui marginaliserait une partie de nos concitoyens », promet-elle dans un entretien à TSA à paraître jeudi matin, en réaction à la mesure du RN d’interdire l’accès à certains aux binationaux s’il accède au pouvoir.

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