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France : la polémique sur l’électorat musulman refait surface

En France, on parle de nouveau du vote musulman, un mois et demi après des élections législatives perdues de justesse par le courant xénophobe et ouvertement anti-musulman.

Le débat a refait surface à l’occasion de la parution d’un livre signé d’un dissident de La France Insoumise (LFI), un parti accusé par ses détracteurs de cibler le réservoir de l’électorat musulman. 

François Ruffin, cadre de LFI, a fait défection en pleine campagne électorale pour les législatives à cause d’un désaccord avec le leader du mouvement Jean-Luc Mélenchon. 

Il vient de raconter les péripéties de sa séparation avec le parti dans un livre intitulé “Itinéraire, ma France en entier, pas à moitié”. 

Jean-Luc Mélenchon et son parti sont en fait accusés de communautarisme depuis qu’ils ont pris position contre les massacres commis par Israël à Gaza.

 Mélenchon et LFI sont en outre accusés d’antisémitisme à cause de cette même position. 

Pendant la campagne des législatives, Francois Ruffin a qualifié le leader du parti de gauche de “boulet” pour la formation politique. 

Dans son livre, il réitère le même jugement, proférant des accusations graves, indiquant qu’il a lui-même pris part à une campagne électorale “au faciès”. 

Dans les quartiers populaires, les animateurs de la campagne de LFI s’empressaient de montrer le portrait de Mélenchon dès qu’ils rencontraient un noir ou un maghrébin.

 “C’était le succès assuré, son nom servait de passe-partout”, a dit François Ruffin.

En revanche, dès qu’on tombait sur un blanc, pas seulement dans les campagnes mais aussi dans les quartiers, il devenait un verrou”, écrit Ruffin, qui accuse son désormais ex-parti de faire dans “le communautarisme”, d’avoir “abandonné l’électorat ouvrier”, de”racialiser la vie politique” et d’avoir “laissé tomber les ouvriers blancs des campagnes pour les musulmans des banlieues”, tout cela “à des fins électorales”.  

Les accusations tombent à point pour une grande de la classe politique et des médias français qui retiennent les mêmes griefs contre LFI et son chef.

 Sans surprise, Ruffin est interviewé par de nombreux journaux et invité sur plusieurs plateaux, dont celui de BFMTV, relançant de plus belle le débat sur le supposé électorat communautaire, précisément musulman. 

L’électorat musulman fait de nouveau débat en France 

Selon une analyse largement partagée dans les milieux de droite et d’extrême-droite, Jean-Luc Mélenchon a raté de très peu de se qualifier au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2022, il lui a manqué 600 000 voix. 

Constatant qu’il a remporté un grand nombre de voix dans les quartiers populaires, il mise depuis sur ces derniers pour booster ses scores électoraux. 

Le leader de gauche ne s’en est jamais caché, mettant les quartiers pauvres au centre de son discours, notamment lors des dernières législatives, ce qui est tout naturel pour un parti de cette obédience. 

Sur une vidéo très partagée, on le voit donner des consignes claires à ses militants : “Il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers populaires, tout le reste, il faut laisser tomber, on perd notre temps. Là se trouve la masse de gens qui ont intérêt à une politique de gauche”.

Néanmoins, ses détracteurs l’accusent aussi de défendre la cause palestinienne, non pas par sympathie pour les Palestiniens, mais pour capter les voix des musulmans de France. 

D’après plusieurs sondages, les musulmans de France ont majoritairement voté pour LFI lors des différents scrutins de ces dernières années.

 Ils ont été 62% à le faire lors des dernières européennes, 69% aux présidentielles de 2022.

 Du reste, l’électorat musulman a toujours voté plus à gauche qu’à droite, pour des raisons évidentes. 

Ce comportement électoral est donc antérieur à la guerre de Gaza et à la volonté prêtée à Jean-Luc Mélenchon de l’instrumentalser. 

Si de nombreux médias de droite s’empressent à chaque fois de mettre en exergue ce “vote musulman” en faveur de la gauche, les observateurs n’ont pas manqué de relever un nouveau phénomène au cours des dernières législatives où des musulmans de France ont affirmé à visage découvert leur intention de voter pour l’extrême-droite. 

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