Voilà qui ne devrait pas rapprocher l’Algérie et la France de la fin de la brouille. Très vraisemblablement, la justice française ne donnera pas une suite favorable à la demande d’extradition de l’ancien ministre Abdeslam Bouchouareb formulée par l’Algérie où il est condamné dans plusieurs dossiers pour corruption.
La justice française n’a pas encore tranché dans cette affaire, mais le parquet général a requis, ce mercredi 5 mars, devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence, la non-extradition vers l’Algérie de l’ex-ministre de l’Industrie (2014-2017) sous le mandat de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika. Le parquet a appuyé son argumentaire sur des remarques inadéquates sur le système carcéral algérien.
L’avocat général a demandé à la cour d’appel de ne pas exécuter les demandes d’extradition de Bouchouareb formulées par l’Algérie, au nombre de six depuis 18 mois, rapporte l’AFP.
Décision le 19 mars prochain
La décision de la chambre d’instruction sera rendue le 19 mars. En cas d’avis défavorable, ce serait une décision définitive et la procédure d’extradition prendrait automatiquement fin.
« L’éloignement de M. Bouchouareb, gravement malade, ferait courir à celui-ci, si ce n’est un risque de vie, (un risque) de déclin rapide et irréversible de son état de santé », a estimé le procureur Raphaël Sanesi de Gentile.
Les autorités algériennes ont envisagé de placer l’ancien ministre, aujourd’hui âgé de 72 ans, à la prison d’El Harrach (Alger) dans « des salles de 120 à 145 m² », avaient-elles répondu à une demande d’explication de la justice française.
« J’ai du mal à imaginer qu’il puisse vivre dans une communauté de vie avec une quinzaine de personnes », a dit l’avocat général, ajoutant qu’il regrette aussi « le risque de voir mélanger l’activité judiciaire (…) avec des éléments d’ordre international », en allusion à la crise en cours entre Alger et Paris.
Abdeslam Bouchouareb : « Je suis un grand industriel anti-islamiste »
L’avocat du prévenu a demandé la non-extradition de son client en mettant en avant une prétendue surpopulation carcérale en Algérie déduite à partir d’un article de presse, de surcroît d’un média français pro-marocain et anti-algérien. L’avocat a présenté devant la cour le contenu d’un reportage de Jeune Afrique sur les prisons algériennes.
Me Anne-Sophie Partaix, avocate de l’Algérie, a rappelé que les autorités algériennes ont donné, le 13 février dernier, « les garanties nécessaires » à la justice française. L’avocate a justifié la requête de l’Algérie par le fait que « M. Bouchouareb a volé de l’argent aux Algériens, il a été condamné et doit répondre de ses actes ».
L’ancien ministre, présent à l’audience, a tenté de donner un cachet politique aux poursuites dont il fait l’objet en Algérie.
« Je ne suis pas un voleur, mais un grand industriel anti-islamiste », a-t-il dit, se présentant aussi comme un « libéral ». Selon l’AFP, il était « au bord des larmes », et « visiblement affaibli par la maladie ».
Abdeslam Bouchouareb a été condamné par la justice algérienne cinq fois à 20 ans de prison pour des faits de corruption commis pendant qu’il dirigeait le ministère de l’Industrie et des Mines. Il est, en outre, poursuivi dans un sixième dossier pour les mêmes accusations.
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