En France, les exactions de l’armée pendant la colonisation de l’Algérie reviennent au cœur de l’actualité. Après l’affaire Jean-Michel Aphatie, un documentaire d’un historien français à propos de la guerre d’Algérie, qui sera diffusé prochainement, risque aussi de faire du bruit.
Mardi 25 février, sur le plateau de RTL, le journaliste Jean-Michel Aphatie a comparé les crimes coloniaux en Algérie à ceux des nazis pendant la Seconde guerre mondiale. Depuis, il est lynché de toutes parts en France.
Écarté de l’antenne pour une semaine, après avoir révélé ces vérités, le journaliste a annoncé ce dimanche 9 mars, sur X qu’il ne « reviendrait pas à RTL », affirmant qu’il n’a commis aucune faute lors de son intervention sur la Guerre d’Algérie.
Un documentaire choc sur l’utilisation des armes chimiques par l’armée française en Algérie
D’autres faits méconnus des crimes de l’armée française en Algérie lors de la période coloniale vont bientôt être révélés dans un documentaire réalisé par Claire Billet, sur la base des recherches de l’historien Christophe Lafaye.
Le film sera diffusé le 16 mars prochain sur France 5 dans l’émission La case de l’histoire de Fabrice D’Almeida, rapporte l’hebdomadaire d’information régional Voix du Jura, ce dimanche 9 mars. La diffusion du documentaire choc pourrait faire du bruit, prévoit le média français.
Le film documentaire devrait révéler des faits inédits sur le recours aux armes chimiques par l’armée française en Algérie. « On a parlé de la torture, des massacres, des viols, des déplacements de population… Mais la guerre chimique est un sujet qui était passé inaperçu », indique le docteur en Histoire contemporaine de l’université d’Aix-Marseille, Christophe Lafaye.
« 450 opérations militaires ayant eu recours aux armes chimiques en Algérie »
Au cours de ses recherches, l’historien a identifié « 450 opérations militaires ayant eu recours aux armes chimiques en Algérie, principalement concentrées dans les zones montagneuses, en Haute-Kabylie et dans les Aurès ».
À travers la consultation de diverses archives, il a pu confirmer l’utilisation d’une combinaison de ces trois éléments chimiques pour créer un gaz mortel, utilisé par l’armée coloniale pour notamment rendre irrespirables les grottes occupées par les combattants pour les obliger à sortir.
Toutefois, l’utilisation de ce gaz en une seule munition et dans des quantités extrêmement importantes entraîne « assez rapidement la mort des gens qui se trouvaient à l’intérieur des grottes », révèle l’auteur des recherches.
L’armée a commencé à former des équipes spéciales pour l’emploi de ces armes chimiques à partir de 1956. Ces unités seront employées jusqu’à la fin de la guerre en 1962, souligne encore l’intervenant.
Ces gaz ont aussi fait des victimes parmi les populations civiles
Pis encore, les recherches de l’historien ont révélé que ces gaz, censés être utilisés uniquement contre les combattants, ont aussi fait des victimes parmi les populations civiles dans les villages de montagne, lorsqu’ils fuyaient les troupes de l’armée française.
Malgré les difficultés qu’il a rencontrées lors de ses recherches, Christophe Lafaye est tout de même parvenu à remonter jusqu’à l’auteur de la décision politique. « C’est le ministre Maurice Bourgès-Maunoury qui a signé l’autorisation d’utilisation des armes chimiques », dit-il.
Selon lui, la 4ᵉ puis la 5ᵉ République « ont totalement assumé, ordonné et organisé la conduite d’une guerre chimique pendant la guerre d’Algérie ».