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France : qui gère la relation avec l’Algérie ?

Les choses commencent peut-être à se décanter dans l’épineux dossier de la crise diplomatique entre l’Algérie et la France. Le gouvernement français évoque pour la première fois « l’apaisement », laissant entrevoir une possible sortie de crise. Ce mercredi, Paris a rappelé la partie qui gère la relation avec l’Algérie.

Dans le même temps, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, maintient sa ligne dure, mais cette fois, il a été désavoué publiquement par la justice sur le cas d’un autre influenceur algérien dont il s’est empressé d’annoncer l’arrestation, ce mercredi 22 janvier.

À l’issue d’un Conseil des ministres tenu, ce mercredi 22 janvier, la porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, a abordé l’état actuel de la relation bilatérale avec beaucoup de prudence, exprimant une volonté d’aller vers l’ « apaisement » et d’éviter l’ « escalade ».

Affaire Boualem Sansal : Paris maintient la pression sur Alger

« Personne n’a intérêt à une escalade entre la France et l’Algérie, mais ce que nous opposons, c’est que l’Algérie fait monter la tension avec des dossiers qui sont importants pour nous. Je pense à Boualem Sansal sur lequel nous n’arrivons pas à aboutir à une solution », a dit la porte-parole.

« Pour le reste, a-t-elle ajouté, le ministre des Affaires étrangères a proposé d’aller en Algérie, de discuter avec le président (Abdelmadjid) Tebboune. Nous sommes dans cette perspective-là d’apaisement des relations avec l’Algérie, mais sans naïveté. Nous devons faire face s’il y a des difficultés ».

« Surtout, nous devons ramener nos relations avec l’Algérie au même niveau que nos relations avec d’autres États. Je pense que l’histoire avec l’Algérie est suffisamment compliquée, difficile, mais aussi belle parfois. Il faut la ramener à une relation qui est une relation d’État à État et ça, c’est le travail du ministre des Affaires étrangères aux côtés du président de la République », a-t-elle insisté.

Relation France – Algérie : Paris évoque l’ « apaisement » avec Alger

Au début de son intervention devant les médias, la porte-parole du gouvernement avait précisé que « le président de la République et le ministre des Affaires étrangères sont les deux personnes qui, aujourd’hui, gèrent la relation entre la France et l’Algérie ».

La mise au point est destinée au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui avait déjà été recadré sur ce point à plusieurs reprises par le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.

« C’est au Quai d’Orsay, sous l’autorité du président de la République, que se forge la politique étrangère de la France », a répété plusieurs fois Barrot ces derniers jours.

Les désaveux se multiplient donc pour Bruno Retailleau. Ce mercredi, il a annoncé l’arrestation à Paris d’un autre influenceur algérien, un certain Rafik Meziane, qui, selon lui, « appelait à commettre des actes violents sur le territoire français sur TikTok ».

Mais le ministre a été désavoué par le Parquet de Paris qui a évoqué auprès du site actu.fr « une fuite tout à fait prématurée », indiquant que « rien n’est retenu contre la personne concernée, qui doit en outre suivre des soins » et qu’ « il n’y a pas de garde à vue à ce stade ».

Malgré les désaveux successifs qu’il essuie, Bruno Retailleau maintient une ligne dure dans la gestion de la crise avec l’Algérie. Dans un entretien publié mardi dans L’Express, il a encore soutenu que « puisque la manière douce n’a pas suffi, il me semble que nous devons à présent examiner l’ensemble des moyens à notre disposition pour remettre la relation sur de bons rails ».

« Aucune douleur de l’Histoire ne peut donner à quiconque, y compris à l’Algérie, un droit d’offenser la France », a-t-il rebondi ce mercredi sur X.

« Il n’est ni sain ni normal que la politique étrangère de la France à l’égard d’un de nos principaux partenaires soit dictée par un ministre autre que celui des Affaires Étrangères, dont le seul objectif est de se rendre populaire auprès d’un segment de l’opinion publique », lui a répondu sur la même plateforme le diplomate Gérard Araud.

« Ce n’est pas ainsi qu’on fait de la politique étrangère. Ces postures de matamore ne mènent nulle part », a appuyé dans un autre tweet l’ancien ambassadeur de France aux États-Unis.

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