Le projet de remise en cause du droit du sol divise la classe politique française. L’idée lancée par le Premier ministre François Bayrou de lancer un débat général sur l’identité nationale, et partant, sur le droit du sol, ne fait pas l’unanimité au sein du camp présidentiel.
Belkhir Belhaddad, député macroniste d’origine algérienne, vient de jeter l’éponge avec fracas, après l’adoption d’une réforme du droit de sol pour le département d’outre-mer de Mayotte.
La réforme a été adoptée, jeudi 6 février, par l’Assemblée nationale. Il est désormais exigé des parents de résider tous les deux depuis au moins trois ans à Mayotte pour que leur enfant né sur l’archipel puisse avoir automatiquement la nationalité française.
Droit du sol : le député Belkhir Belhaddad quitte la macronie
Pour le député d’origine algérienne Belkhir Belhaddad, du groupe macronien Ensemble pour la République, sa famille politique est entrée « dans la rhétorique » de l’extrême-droite avec cette volonté de remettre en cause le droit du sol, dénonçant un discours qui enferme le débat « dans le rejet des autres ».
Au lendemain du vote du texte porté par Les Républicains, l’élu a annoncé avec fracas sa démission du groupe parlementaire du camp présidentiel.
« Ce qui m’insupporte, c’est qu’on entre dans la rhétorique et la sémantique du Rassemblement national (…) qui consiste à enfermer le débat dans le rejet des autres et que ça soit toujours les étrangers, les Arabes et les noirs, qui sont les maux de notre société », a-t-il déclaré sur France Info.
« La position du groupe parlementaire ne correspond pas du tout aux engagements que j’avais pris lors des élections législatives », a-t-il par ailleurs déclaré au Figaro, estimant que « c’est un terrain dangereux, glissant ».
« Je sens autour de moi beaucoup de compréhension dans l’engagement qui est le mien de ne pas soutenir cette restriction du droit au sol de Mayotte », a-t-il indiqué sur France Info.
« Je n’ai pas de tabou », a assuré le parlementaire de 55 ans, affirmant qu’il n’est pas opposé au débat sur « l’identité nationale », que souhaite le Premier ministre. Néanmoins, il met une condition. Il faut, selon lui, que cela soit fait « dans un climat apaisé et de rester dans un cadre républicain ».
Droit du sol : un député d’origine algérienne refuse « le rejet des autres »
Belkhir Belhaddad est né à Timgad, dans la région de Batna, en Algérie, en 1969. Il est arrivé en France avec ses parents à l’âge de 7 ans, au milieu des années 1970. Militant du Parti socialiste depuis 2006, il a rejoint le parti En Marche d’Emmanuel Macron en 2017.
La même année, il a été élu député de Moselle, puis réélu en 2022. Dirigeant d’une entreprise dénommée Gem Energy qu’il a lui-même fondée, le Franco-Algérien a aussi créé l’association Cap avenir diversité, dont l’objectif est la promotion de la diversité dans les entreprises.
Belkhir Belhaddad n’est pas le seul personnage du camp présidentiel à s’opposer à la remise en cause du droit du sol, un projet que rejettent même certains membres du gouvernement.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est dit, sans surprise, « parfaitement d’accord » avec le débat que veut lancer le Premier ministre, estimant que pour devenir Français, « il faut assimiler des valeurs ».
En revanche, la numéro deux du gouvernement, la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne, a publiquement rejeté l’idée de son collègue de la Justice Gérald Darmanin qui veut modifier la Constitution pour réformer le droit du sol.
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