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France : une préfecture critiquée pour sa gestion des titres de séjour

Dématérialiser la procédure de renouvellement des titres de séjour en France aurait pu être un véritable atout pour les demandeurs, si les rendez-vous n’étaient pas accordés au compte-goutte via les plateformes numériques.

En matière de gestion des demandes de permis de séjour, certaines préfectures sont pires que d’autres. Depuis plus d’un an, la préfecture de l’Isère est pointée du doigt par les étrangers et les associations d’aide aux immigrés. Elle est accusée d’être une « fabrique de sans-papiers ».

Le collectif « Bouge Ta Pref » qui rassemble une cinquantaine d’associations et syndicats, envisage même de lancer une action en justice contre la préfecture, rapporte la radio publique France Bleu.

La cause ? Depuis le mois de mars 2024, les étrangers qui souhaitent renouveler leurs titres de séjour auprès de la préfecture de l’Isère ne peuvent plus obtenir leur rendez-vous que via internet. Or le site web connaît plusieurs bugs en raison d’un « engorgement massif ».

Des centaines de demandeurs et une cinquantaine de rendez-vous

Pour obtenir un rendez-vous, il faut parfois attendre plusieurs mois, fait savoir France Bleu. Cela peut pousser certains demandeurs dans l’irrégularité. « C’est ce qu’on appelle la fabrique des sans-papiers », dénonce Martine Faure Saint-Aman, membre de la Cimade.

Cette activiste estime que ne pas arriver à renouveler les titre de séjour peut être le début du drame pour les demandeurs qui vont devenir sans papiers puis perdre « leur travail, leurs logements, leurs enfants et aussi leurs droits ».

La militante dévoile que « la prise de rendez-vous n’est possible que le vendredi soir à 18h ». Elle souligne que « des centaines » de demandeurs attendent ce moment devant leurs écrans. Elle regrette cependant que seule une « cinquantaine » d’entre eux va finalement parvenir à décrocher un créneau.

Titres de séjour : quand la dématérialisation devient une déshumanisation

« Moi, personnellement, j’essaye depuis des mois et des mois, je ne suis arrivée qu’une seule fois à prendre un rendez-vous », témoigne cette militante qui dévoile que le collectif Bouge Ta Pref a lancé « une démarche en justice avec une parution au tribunal administratif le 24 mars pour demander à la préfecture d’avoir un accueil physique aux usagers ».

La bénévole va jusqu’à dénoncer une « déshumanisation », vu que les demandeurs de titres de séjour sont confrontés à un véritable mur numérique qui  les empêche d’accéder à un employé humain de la préfecture, « même pour demander le moindre renseignement ».

La militante souligne qu’avant la dématérialisation, il y avait « 400 personnes par jour qui venaient à la préfecture chaque jour ». Après le numérique à tout va, ce sont 50-60 personnes par jour qui entrent. Où sont passées les 350 restantes ? « Elles sont désespérées dans la rue à chercher », se désole l’intervenante.

De son côté, la préfecture de l’Isère, contactée par le média français, a assuré qu’elle est en train d’élaborer « nouvel outil de prise de rendez-vous », promettant qu’il sera « déployé sous peu ».

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