Économie

Gaz algérien en Europe : la menace Donald Trump plane

Principal marché du gaz algérien, l’Union européenne (UE) est sommée par Donald Trump d’acheter plus d’hydrocarbures des États-Unis.

L’injonction du président américain élu, qui prendra ses fonctions le 25 janvier prochain, aura-t-elle un impact sur les livraisons algériennes au vieux continent ?

L’Algérie est devenue en octobre dernier le premier fournisseur de gaz à l’UE, avec des exportations s’élevant en valeur à 1,3 milliard d’euros pendant le même mois, soit 21 % du total des importations de cet espace. L’Algérie est suivie de la Russie, des États-Unis, de la Norvège et de l’Azerbaïdjan.

Reliée à l’Europe par deux gazoducs (vers l’Espagne et l’Italie), l’Algérie a augmenté ses livraisons de gaz vers le Vieux continent après le déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022, et ce, à la demande de l’Europe qui souhaite réduire sa dépendance aux hydrocarbures russes.

Le retour de Donald Trump au pouvoir à Washington est un nouveau facteur risque de chambouler la carte énergétique mondiale actuelle. Dans le bras de fer commercial qu’il promet aux principaux partenaires des États-Unis, Trump souhaite imposer plus de gaz et de pétrole américains à l’Europe.

Les hydrocarbures est le levier qu’il compte utiliser pour réduire le déficit commercial abyssal de son pays par rapport à l’UE en commerce de biens. Un déficit qui s’élève à 155,8 milliards de dollars. La balance des échanges de services est toutefois en faveur des États-Unis avec 104 milliards d’euros.

Vendredi 20 décembre, Donald Trump, qui prendre les rênes des États-Unis en janvier 2025, a fait savoir sur son réseau social Truth Media qu’il a informé les dirigeants de l’Union européenne que s’ils n’achètent pas plus de gaz et de pétrole américains pour réduire le déséquilibre des échanges de biens, il imposera des taxes douanières très élevées sur les marchandises en provenance de l’UE.

Trump somme l’Europe d’acheter plus de gaz américain : quel effet pour l’Algérie ?

Jusque-là, Donald Trump avait annoncé de fortes taxes sur les marchandises en provenance de la Chine, du Canada et du Mexique.

La Commission européenne a fait état de sa disposition à discuter avec le président élu afin de consolider la forte relation avec les USA, y compris dans le secteur de l’énergie.

Un porte-parole de la CE a indiqué que l’UE demeure attachée à l’objectif de s’affranchir progressivement des livraisons russes d’énergie et de diversifier ses sources d’approvisionnement.

Les importations d’hydrocarbures des États-Unis avaient sensiblement augmenté après le déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022.

L’UE achète actuellement 2 millions de barils/jour de pétrole américain, soit la moitié des exportations américaines. Au premier semestre 2024, les États-Unis ont fourni 17 % des besoins de l’UE en pétrole et surtout 47 % de ses importations de GNL (gaz naturel liquéfié).

Au vu de cette structure des livraisons américaines, il ne devrait pas y avoir d’impact considérable sur les exportations algériennes de gaz naturel par gazoduc. Si l’Europe devait augmenter ses achats des États-Unis, ce serait du GNL supplémentaire.

L’Algérie a aussi des parts sur le marché européen du GNL.

Selon la plateforme Energy News, les exportations algériennes de GNL vers l’Europe se sont élevées en 2023 à 12,9 millions de tonnes, contre 10 millions de tonnes en 2022. Selon la même source, il s’agit du plus haut niveau des livraisons algériennes depuis 2010.

Les plus gros clients européens du GNL algérien au sein de l’Union européenne sont la France (1,5 million de tonnes), l’Italie et l’Espagne (950.000 tonnes chacune) au premier semestre 2024.

Le premier client européen de l’Algérie n’est pas un pays de l’UE. Il s’agit de la Turquie (2,17 millions de tonnes pendant la même période).

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