Chassé par la porte, il tente de revenir par la fenêtre. Israël n’a pas renoncé à son projet d’intégrer l’Union africaine.

Avec toutefois moins de chances que lors de sa première tentative en 2021, à cause de la guerre sanglante que son armée mène à Gaza depuis plus de quatre mois. Les portes de l’instance panafricaine sont désormais hermétiquement closes devant l’État hébreu.

Comme en 2023, une délégation israélienne est envoyée à Addis-Abeba pour tenter d’assister aux travaux du sommet de l’organisation panafricaine.

En février de l’année passée, les images de l’expulsion de la délégation israélienne de la salle qui devait abriter le sommet des chefs d’État de l’UA avaient fait le tour du monde.

L’État hébreu avait obtenu la qualité de membre observateur de l’Union africaine en juillet 2021 sur décision du président de la Commission africaine, le Tchadien Moussa Faki, sans l’avis des instances habilitées.

Devant l’opposition de nombreux pays membres menés par l’Algérie et l’Afrique du Sud, la décision a été suspendue. Le sommet de 2023 n’a pas tranché la question, la confiant à un panel de sept chefs d’État, dont le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Le panel est chargé d’émettre des propositions.

Une année après, les Israéliens sont revenus à la charge. La chaîne qatarie Al Jazeera, citant une source diplomatique, rapporte que l’Union africaine a empêché, mercredi 14 février, une délégation israélienne d’accéder au siège de l’organisation dans la capitale éthiopienne.

La délégation israélienne, composée du directeur général du ministère des Affaires étrangères Yaakov Blitshstein et du directeur du département de gestion de l’Afrique, Amit Bayas, avait demandé à rencontrer des responsables africains « dans le but de présenter son point de vue sur l’évolution de la guerre à Gaza », indique la source d’Al Jazeera.

Israël éconduit par l’Union africaine : une défaite pour ses alliés, dont le Maroc

Les deux hauts responsables de la diplomatie israélienne sont arrivés à Addis-Abeba pour tenter de participer à la séance d’ouverture des réunions du conseil des ministres des Affaires étrangères, en qualité d’observateurs. Mais ils en ont été empêchés par les responsables de l’Union africaine, ajoute la même source.

Empêtré dans la guerre à Gaza, Israël fait face à la colère d’une grande partie de la communauté internationale à cause des crimes commis par son armée dans l’enclave palestinienne où plus de 28 000 civils ont été tués en un peu plus de quatre mois.

L’envoi d’une délégation à Addis-Abeba avait pour objectif de communiquer avec un certain nombre de responsables africains afin d’ « atténuer la position africaine à l’égard d’Israël dans le contexte de la guerre à Gaza » et de tenter de convaincre à nouveau certains pays de soutenir l’octroi à Israël le statut de membre observateur, précise la chaîne Qatarie.

Déjà recalé en 2023, les maigres chances d’Israël d’intégrer l’Union africaine avec l’appui d’alliés comme le Maroc, ont été emportées par la guerre en cours à Gaza.

Le front africain d’opposition à l’admission de l’État hébreu en tant que membre observateur s’est davantage renforcé, avec toujours aux avant-lignes l’Algérie et l’Afrique du Sud, avec d’autres pays comme la Namibie.

Le président Abdelmadjid Tebboune a été le premier à appeler les juristes du monde entier à engager des actions efficaces devant les juridictions internationales pour mettre fin à l’impunité d’Israël.

En novembre dernier, l’Afrique du Sud a traîné Israël pour génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ). Dans son verdict rendu le 26 janvier, la juridiction a ordonné à l’État hébreu de prendre un certain nombre de mesures afin d’empêcher le génocide des populations palestiniennes de la bande de Gaza.

Mardi 13 février, l’Afrique du Sud a introduit une nouvelle requête auprès de la CIJ afin d’empêcher une offensive israélienne contre la ville de Rafah, dernier endroit sûr pour les réfugiés gazaouis.

La guerre à Gaza et les crimes de l’armée israélienne ont mis en minorité les pro-israéliens au sein de l’Union africaine. Pour Israël, ce sont les efforts de plusieurs décennies pour se positionner dans le continent qui partent en fumée.

Il s’agit aussi d’une retentissante défaite pour ses alliés en Afrique, en tête desquels se trouve le Maroc. Et ce n’est pas par hasard que c’est l’Afrique qui est en première ligne face à Israël dans la dénonciation de la guerre à Gaza. Le continent africain a souffert plus que d’autres des atrocités du colonialisme français, allemand, belge et britannique.

Le 13 janvier, la Namibie a rappelé à l’Allemagne qui est l’un des soutiens les plus importants d’Israël, son passé génocidaire en Afrique. La présidence namibienne a rappelé à Berlin le génocide commis par l’empire allemand en Namibie entre 1904 et 1908.