Diasporas

Hamid Terzi, un Algérien qui fait bouger Montréal

À Montréal, son nom vient s’ajouter à ceux qui font bouger la ville. Hamid Terzi intègre le conseil d’administration d’Exo, le réseau de transport métropolitain de la grande région montréalaise, au Canada.

Une nomination prestigieuse pour un ressortissant algérien, dans une institution qui dessert plus de 80 municipalités et gère des millions de déplacements chaque année.

De Bab El Oued à Montréal, un parcours couronné de succès

Hamid Terzi a été nommé en tant que membre du conseil d’administration du réseau Exo en cette fin février 2025. Sa mission ? défendre les droits des personnes handicapées et améliorer leurs conditions de transport.

Dans un entretien à TSA Algérie, il révèle : « Je travaille notamment sur le transport adapté : comment développer l’offre de services, améliorer la qualité, répondre aux plaintes, proposer des solutions concrètes… ».

Des missions qui lui tiennent à cœur, car « à Montréal, avec les tempêtes de neige, il faut un vrai plan pour permettre aux personnes handicapées de sortir de chez elles ».

Avant Montréal, la carrière de Hamid Terzi débute à Alger. Originaire de Ouadhia à Tizi-Ouzou, il naît et grandit dans la capitale algérienne, précisément dans le quartier populaire de Bab El Oued, « un quartier qui forge le caractère ».

« On n’avait pas beaucoup de moyens, les écoles étaient en dessous de la moyenne, mais on a fait ce qu’il fallait. C’était une enfance difficile, mais ça m’a permis de développer des compétences pour réussir avec peu », confie-t-il.

Issu d’une famille lettrée, le jeune Hamid décroche son diplôme en biologie et débute sa carrière au CHU Mustapha d’Alger.

Il y exerce d’abord en tant que biologiste, puis, pendant 10 ans -de 1989 à 1999-, il siège deux mandats consécutifs au conseil d’administration de l’hôpital. En parallèle, il commence à s’impliquer dans le tissu associatif, des débuts qui se font avec SOS Enfants.

À partir des années 2000, Hamid Terzi prend le large et s’installe au Québec, à Montréal. Nouvelle vie, nouvelle carrière ! Il reprend des études, décroche un diplôme à l’école de gestion HEC Montréal, et obtient une certification en management de projet de l’université Laval.

Hamid Terzi, un engagement social qui ne connaît pas de frein

Après plusieurs années dans l’industrie pharmaceutique, puis chez Cevital comme directeur qualité, hygiène, sécurité, environnement (QHSE) pendant 5 ans, il lance sa propre activité de consultant en gestion des processus, et intervient à la fois au Canada et en Algérie.

À côté de ses activités professionnelles, il n’est jamais bien loin du monde associatif. Depuis 2017, le Montréalais d’origine algérienne siège au conseil consultatif stratégique de la Fondation INCA, dédiée aux personnes aveugles.

« Avec un budget de 100 millions de dollars, c’est sans doute la plus grande en Amérique du Nord. C’est une fondation qui défend les aveugles depuis 1918 », explique-t-il.

Depuis 5 ans, Hamid Terzi dirige aussi Alpha, l’Association d’entraide des personnes handicapées physiques de Montréal : « C’est un organisme qui existe depuis 45 ans, soutenu par le ministère de la Santé. On est là pour aider, orienter et trouver des solutions ».

L’engagement social de Hamid Terzi n’est pas récent, mais date de ses jeunes années en Algérie.

« Je suis un ancien syndicaliste. En Algérie, j’étais très impliqué dans le syndicat national de la santé. J’ai toujours œuvré pour défendre les droits des personnes. Ça a commencé dans la vingtaine, et ça ne m’a jamais quitté », assure-t-il.

Un projet plein de promesses pour l’Algérie

Aujourd’hui, Hamid Terzi est à 3 ans de la retraite, et il prépare déjà la suite. Cette suite, il la voit du côté de son pays d’origine.

Il dévoile à TSA : « Je réfléchis à créer un organisme pour les personnes handicapées, similaire à celui que je dirige ici. J’aimerais apporter mon expérience, monter un modèle qui permette de trouver des financements, de fournir du matériel, d’organiser du transport, pourquoi pas des navettes adaptées… Il y a beaucoup à faire ».

Par ailleurs, ce projet ne serait pas la première initiative solidaire qu’il réalise en Algérie. En 1997, ce défenseur des droits des personnes handicapées a mobilisé une équipe de médecins pour une mission humanitaire à Djanet.

« J’ai toujours aimé m’investir dans ce genre d’initiatives, malgré les obstacles. Quand on a un objectif et qu’on s’en donne les moyens, ça finit toujours par aboutir », affirme-t-il.

« Mon message s’adresse à la diaspora »

D’ailleurs, s’il devait résumer ce qui lui donne le plus de fierté aujourd’hui, il cite sans hésiter son « implication » dans les projets sociaux.

Hamid Terzi révèle : «  Être reconnu à Montréal, par les trois paliers du gouvernement, comme quelqu’un qui peut contribuer, c’est une vraie satisfaction. Et puis, j’ai aussi cette fierté personnelle d’avoir su évoluer, de ne jamais avoir arrêté d’apprendre. Je suis venu comme biologiste, aujourd’hui j’ai plusieurs diplômes, des certifications… Et mes enfants suivent, ils réussissent très bien. La deuxième génération ira encore plus loin ».

Son ascension doit servir d’exemple à la jeune génération issue de l’immigration. À travers son parcours, le nouveau membre du conseil d’administration d’Exo souhaite aussi adresser un message à la diaspora algérienne partout dans le monde.

« Nous avons beaucoup d’expertise. Quand je vois mon réseau en Amérique du Nord, il y a des compétences dans tous les domaines », dit-il, et de poursuivre :

« On doit bâtir des ponts entre notre pays d’origine et nos pays d’accueil. Nous pouvons développer beaucoup de projets. Je sais que l’Algérie essaie de créer un espace pour les échanges, j’espère que ça va aboutir ».

Glissant un dernier vœu, il conclut : « On a un beau pays, avec beaucoup de richesses. Mon message s’adresse à la diaspora, pour qu’elle puisse faire quelque chose chez nous, et au pays, qu’il nous ouvre les portes pour qu’on puisse contribuer ».

Les plus lus