Société

Harcèlement de rue en Algérie : ce témoignage d’une jeune femme suscite de nombreuses réactions

Le récent témoignage d’une jeune Algérienne sur les réseaux sociaux relance le débat sur la le harcèlement des femmes dans les espaces publics. Ce phénomène, bien que largement répandu, reste malheureusement bien souvent minimisé ou carrément ignoré.

Des plateformes comme TikTok donnent néanmoins une voix aux victimes, des milliers d’Algériennes qui subissent remarques et paroles désobligeantes à chaque sortie dans l’espace public.

Le harcèlement de rue en Algérie, une réalité quotidienne

@heybilllllaحسبي الله فيكم♬ original sound – Billababyy

C’est l’histoire de Nabila, une influenceuse algérienne qui rassemble une communauté de 1,8 million d’abonnés sur TikTok. « Je sortais du métro lorsqu’un jeune homme m’a abordée », commence-t-elle son récit. Peu à peu, elle dévoile les répliques clichées que sort tout bon dragueur algérien : « Eh ma jolie, viens, j’te parle ! », « Arrête de te la jouer, tu te prends pour qui ? ».

Voilà à peu près le discours auquel ont droit quotidiennement les femmes en Algérie. Pour Nabila, la situation a rapidement dégénéré : le ton de l’importun n’a pas tardé à changer dès lors que ses « avances » ont été ignorées. Et c’est ainsi que la jeune femme a été traitée de tous les noms alors qu’elle souhaitait simplement quitter la station du métro.

« J’ai juste levé la tête pour voir où je mettais les pieds lorsque je l’ai aperçu, un homme très grand qui s’abaisse à ça ! », s’étonne-t-elle, et de poursuivre : « Comment un homme que je ne connais pas ose-t-il venir m’importuner et, quand je ne lui réponds pas, m’arroser d’insultes ? ».

L’influenceuse n’en reste pas là. Elle relate également comment il a essayé de lui refourguer la responsabilité de ce harcèlement injustifié, sous les yeux des passants, la traitant de « matérialiste » : « Si j’avais été en voiture, tu m’aurais bien parlé, ça ne t’aurait pas dérangé ! ». Ce qui amène Nabila à remarquer : « Un individu comme ça a donc si peu confiance en lui ? C’est quel niveau de complexe d’infériorité, ça ? ».

En à peine trois jours, le clip de la TikTokeuse a fait le tour du réseau social, enregistrant actuellement plus de 3 millions de vues et près de 245.000 mentions Like. Les réactions dans la section commentaires, se comptant au nombre de 9.200, montre des divergences sur ce sujet pourtant très sensible.

Un manque cruel de prise de conscience attise ce triste phénomène

Bon nombre d’intervenants soutiennent la jeune femme : « Elle a entièrement raison. Ces individus enfreignent la loi effrontément », « Le souci, c’est qu’ils sont nombreux à sévir ainsi dans nos rues ». Certains commentaires montrent néanmoins un manque de prise de conscience de la gravité de la situation, visiblement habitués à commettre ou à subir ce comportement outrancier.

« Cet échange t’affecte à ce point ? », « Pourquoi en faire toute une histoire ? », « Tu pouvais simplement faire comme si de rien n’était », lit-on parmi les interventions, auxquelles Nabila se charge de répondre : « Évidemment que ça m’affecte. Au cas où vous ne le sauriez pas, c’est du harcèlement de rue ».

Les longues explications de la TikTokeuse, qui est clairement la victime de l’histoire, n’ont apparemment pas convaincu quelques internautes masculins qui s’obstinent à défendre ce type de harceleur, quitte à attaquer le physique de l’influenceuse : « Je me demande ce qu’il t’a trouvé ! », « Tu n’es pas la seule à plaindre. Il est tombé sur la tête pour te regarder, toi », « Je mettrais ma main au feu que s’il avait une Audi Q3 ou S3, tu serais avec lui », « Il a raison… Pour qui te prends-tu ? ».

Au vu de ces dernières déclarations, on peut dire que tant que les mentalités ne changent pas, surtout du côté masculin, le harcèlement de rue restera une triste réalité pour la femme algérienne. Ces comportements profondément ancrés doivent être remis en question, en plus d’éduquer les jeunes générations, ainsi que les adultes, au respect de l’autre, surtout si l’autre est une femme.

Légiférer ou dénoncer sur les réseaux sociaux est un premier pas qui reste insuffisant. Ce fléau ne pourra disparaître qu’après une prise de conscience générale chez chaque individu.

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