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Importations de blé dur, l’Algérie fait ses courses avant 2025

Importations de blé dur, l’Algérie fait ses courses avant 2025

Photo par dusanpetkovic1 / Adobe Stock
Céréales

L’Office algérien des céréales (OAIC) a acheté une importante quantité de blé dur. L’appel d’offres international qu’il a lancé aurait été conclu mercredi 18 décembre, selon l’agence Reuters qui cite des négociants.

La quantité achetée est estimée entre 350 à 400 000 tonnes, avec la possibilité d’atteindre 500 000 tonnes. Les estimations de prix varient entre 340 dollars et 352 dollars la tonne.

La quantité commandée devrait être livrée en quatre périodes en mars et avril 2025. L’origine du blé serait du Canada, des États-Unis et d’Australie. Le dernier achat de blé dur par l’Algérie remonte au 21 novembre dernier, selon la même source.

Cette annonce intervient dans un contexte marqué par la décision du gouvernement de ne pas importer de blé dur en 2025.

La production de blé dur de l’Algérie 2024 a permis d’assurer 1,2 milliard de dollars au profit du Trésor, selon un exposé présenté lors d’une réunion du Conseil des ministres.

Malgré le niveau de la récolte de 2024 ces nouvelles importations de blé dur pourraient entrer dans la constitution des stocks stratégiques. En la matière, la stratégie de l’OAIC est de constituer des stocks de réserve permettant d’assurer la consommation locale durant plusieurs mois. 

Cependant, la difficulté vient du fait que sur le marché mondial, le blé dur est une céréale peu disponible. C’est ce qui motive l’entreprise italienne BF à la recherche de blé dur en Algérie dans le cadre d’un partenariat sur 36 000 hectares.

Cette spécificité du marché mondial du blé dur rend la tâche de l’OAIC de s’approvisionner sur les marchés extérieurs que plus difficile.

Actuellement la production algérienne de blé dur couvre presque la totalité des besoins locaux.

Le président, Abdelmadjid Tebboune a annoncé, fin novembre, que l’Algérie allait tenter de ne plus importer de blé dur en 2025.

 « Cette année, nous avons produit 80% de nos besoins en blé dur. Il reste 20% et nous sommes capables d’assurer notre autosuffisance en blé dur en 2025. J’ai donné des instructions au gouvernement d’essayer ne pas importer même un quintal de blé dur », a-t-il déclaré lors de la cérémonie de célébration du 50e anniversaire de création de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA).

Incertitude sur les semis 2024

C’est ainsi que dès la fin du mois de juillet, le ministère de l’agriculture a pu promettre aux agriculteurs la livraison de 4,2 millions de quintaux de semences certifiées. À cette occasion, la traditionnelle norme d’un quintal de semences par hectare appliquée par les CCLS lors de la vente aux agriculteurs a été relevée. Une décision appréciée par les agriculteurs.

Si on peut constater des cas de mauvais réglages des semoirs, le surdosage au semis est une pratique courante. Elle est liée à la mauvaise préparation des lits de semences, au risque de sécheresse automnale qui réduisent le taux de levée du blé.

Les fréquents retards de semis qui se prolongent jusqu’à fin décembre se traduisent également par la pratique de surdosage. Car, les plants de blé compensent leur retard de croissance en produisant moins de tiges et donc moins d’épis.

Aussi, afin d’éviter des cas de revente sur le marché informel, la vente de semences certifiées à prix administré tient compte des surfaces déclarées par les agriculteurs.

Une autre décision a concerné le niveau des surfaces à semer en céréales dont celles en blé dur. Dès le mois d’août, le ministre de l’Agriculture a annoncé l’objectif de 3 millions d’hectares emblavés en céréales.

Outre la promesse d’une plus grande disponibilité en semences et en engrais, l’extension du principe du guichet unique simplifie l’attribution de crédits de campagne de type Rfig.

Dès le début octobre, Youcef Cherfa a tenu à lancer officiellement à Sétif la campagne de semis.

Algérie : des incertitudes sur la campagne céréalière 2025

Mais disposer de semences ne garantit pas une bonne récolte. Deux incertitudes pèsent sur le résultat final : le niveau des emblavements et le volume des pluies printanières.

Cette année encore des cas de sécheresses ont été constatés au niveau de plusieurs wilayas du pays. La baisse des prix des moutons ces deux dernières semaines souligne les effets du manque de pluies à travers la baisse drastiques des réserves en fourrage.

Un manque de pluie qui se traduit en général par des retards des opérations de semis. Les agriculteurs ayant peur d’un dessèchement des premiers plants de blé levés.

À cet égard, les équipes techniques de l’Institut Techniques des Grandes Cultures (ITGC) encourage l’emploi de techniques pour semer dans des conditions sèches, tel le roulage après le passage du semoir. Mais ces techniques restent encore marginales en Algérie.

Aussi, à ce jour, en absence d’un premier bilan concernant la campagne de semis, il reste une incertitude sur les surfaces emblavées.  L’objectif des 3 millions d’hectares semés a-t-il été atteint ?

L’incertitude sur le printemps 2025

Quant à l’incertitude liée au niveau des pluies printanières, en absence de restitutions de la paille au sol, la terre retient moins d’eau. Il s’agit là d’un problème structurel qui pour l’instant n’a pas de solution car cette paille va avant tout à l’élevage étant donné le déficit fourrager considérable du pays.

Si en théorie, l’irrigation d’appoint est possible, dans la pratique il y une concurrence avec les autres cultures : pomme de terre, oignons, tomates industrielles et arboriculture.

Il reste d’énormes réserves de productivité. Des agriculteurs de la région de Constantine notent l’effet positif de la culture du colza sur le blé qui suit. Cependant, cette culture manque du soutien des services publics.

Au sud, malgré la chaleur, les producteurs n’ont pas à se préoccuper des pluies puisque leurs rampes-pivot assurent une irrigation continue.

Le sud à la rescousse

Cependant, malgré leur progression les surfaces emblavées en blé dur au sud et les rendements obtenus avec des pointes de 70 quintaux par hectare, les surfaces restent marginales par rapport à celles du nord du pays.

La culture de blé dur sous irrigation continue pivot au sud présente de garantir un niveau précis de production. Le chiffre de 4 millions de quintaux de blé a été avancé. Le niveau de cette production est en constante augmentation du fait de l’attribution de concessions agricole à des investisseurs locaux ; jusqu’à 120 000 hectares ces derniers mois.

Des entreprises d’origine turque, italienne ou saoudienne se pressent pour cultiver des céréales au sud.

C’est également d’entreprises publiques et d’investisseurs privés. C’est le cas d’Axium Constantine. Cette entreprise spécialisée dans la production de semences bénéficie depuis cette année l’exploitation d’une concession de 12 000 hectares. Il n’en demeure pas moins que nombreux sont ces programmes qui en sont encore à leur début.

La wilaya d’Adrar qui comprend plusieurs projets de grande envergure, a vu la nomination d’un nouveau wali : Ali Bouguerra qui était à Tiaret.

Un wali réputé pour son sens de l’écoute et sa capacité de négociation. Après quelques semaines de prise de fonction il s’est saisi du dossier agricole en réunissant les principaux opérateurs locaux.

Il apparait que le programme d’amélioration de la production de blé dur comprend des mesures capitales comme par exemple la dotation de semences certifiées.

Cependant, il subsiste encore de multiples incertitudes : possibles retards au semis ou faible niveau des pluies printanières.

Des incertitudes pouvant se répercuter sur le niveau de la production nationale malgré l’apport de blé en provenance du sud. Aussi, afin de parer à toute éventualité, il semble que l’OAIC fait ses courses avant 2025.

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