Économie

Investissement : l’UE propose un nouvel outil à l’Algérie

Une nouvelle ère dans les relations économiques est sur le point de s’ouvrir entre l’Union européenne et l’Algérie. Bruxelles propose à Alger un nouveau type de partenariat dans le cadre des zones économiques spéciales (ZES).

Dans un contexte marqué par la volonté de l’Algérie de renégocier l’accord d’association avec l’Union européenne, entré en vigueur en 2005, et donc jugé aujourd’hui obsolète, l’UE veut renforcer ses investissements en Algérie, à travers un nouveau mécanisme.

Ce lundi 17 février, une conférence sous le thème : « Les zones économiques spéciales (ZES) comme outil d’attraction des investissements en Algérie », est tenue à Alger, indique un communiqué de l’Ambassade de l’Union européenne à Alger, envoyé à notre rédaction.

L’Algérie sera-t-elle une « zone économique spéciale » pour l’UE ?

L’événement qui s’inscrit dans le cadre du projet « Partenariat euro-algérien pour l’investissement durable », est organisé par la délégation de l’UE et l’Ambassade de Pologne à Alger. La Pologne assure la présidence tournante de l’Union européenne, en partenariat avec l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI).

Selon le communiqué, cette conférence sera l’occasion d’échanger sur le rôle potentiel des zones économiques spéciales (ZES), comme outil de promotion des investissements directs étrangers (IDE) européens et des projets de délocalisation vers l’Algérie.

Des experts et des officiels polonais et algériens vont discuter des défis et des opportunités liées à la création et à la gestion des ZES à l’échelle mondiale, pour évaluer l’applicabilité de différents types de ces zones à l’Algérie.

Les rencontres avec la partie algérienne devraient permettre de sortir avec des conclusions pratiques permettant « la réalisation effective des objectifs de mise en œuvre de l’accord d’association, visant entre autres l’intensification de la coopération économique entre l’Algérie et l’Union européenne », lit-on dans le communiqué.

Cela concerne notamment les investissements européens en Algérie dans tous les domaines mutuellement bénéfiques, avec une attention particulière sur les zones économiques spéciales (ZES). Ces dernières peuvent constituer une réponse aux critiques algériennes sur la faiblesse des investissements européens en Algérie. De 2005 à 2020, les pays de l’Union européenne ont « investi 13 milliards de dollars, pour 12 milliards de dividendes » alors que les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 1000 milliards de dollars, a indiqué en septembre dernier le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf.

Zones économiques spéciales (ZES) : de quoi s’agit-il  ?

Les zones économiques spéciales sont un outil qui correspond à une stratégie de développement définie dans des zones géographiques particulières, en vue d’attirer les investissements et de stimuler l’activité économique.

Selon le communiqué de l’Ambassade de l’UE à Alger, les ZES, que l’Union européenne propose à l’Algérie, jouent « un rôle significatif dans la promotion du développement économique, en offrant la possibilité de tester l’impact de certaines réformes libérales dans un environnement contrôlé ».

Elles sont orientées vers l’exportation et sont souvent gérées par des entreprises privées. Ces ZES offre un « environnement favorable » aux investisseurs, dont notamment des procédures import/export souples et des services logistiques, technologiques et financiers de qualité.

En gros, la conférence tenue lundi à Alger aura pour objectif de « promouvoir l’Algérie en tant que destination pour les IDE européens et ainsi renforcer les relations économiques bilatérales ».

Cette nouvelle initiative intervient au moment où l’Algérie veut renégocier l’accord d’association avec l’Union européenne, car jugé obsolète par le gouvernement algérien en raison de l’évolution de l’économie algérienne devenue plus diversifiée.

Pourquoi l’Algérie souhaite-t-elle renégocier l’accord d’association avec l’UE ?

Lors d’un conseil des ministres tenu le 26 janvier dernier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a expliqué que la révision de l’accord d’association entre l’Algérie et l’UE est « imposée par des données économiques réalistes » et aucunement sur fond de conflit.

Désormais, les exportations de l’Algérie hors hydrocarbures se sont diversifiées et élargies, notamment à l’agriculture, les minéraux, les produits miniers et les produits alimentaires, a-t-il précisé. L’accord signé en 2005, pendant que l’Algérie n’exportait que des hydrocarbures, n’est donc plus d’actualité.

À travers la révision de cet accord d’association, l’Algérie veut instaurer des relations basées sur le « principe gagnant-gagnant » avec l’Union européenne. L’Algérie veut en effet mettre fin au déséquilibre de cet accord, qui penche plus vers l’UE.

Concrètement, à la lumière des changements économiques intervenus depuis la conclusion de l’accord, l’Algérie veut obtenir de l’UE un accès plus important pour ses produits hors hydrocarbures dont les exportations vers les marchés européens sont limitées par les quotas ou les normes.

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