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Israël : des groupes français se retirent sur la pointe des pieds

Sous la pression des opinions publiques et notamment du mouvement BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) et autres collectifs, de plus en plus d’entreprises françaises reconsidèrent leurs relations avec Israël ou leur présence dans ce pays.

Au moins deux groupes français très connus viennent d’opter pour un « retrait discret » -comme le qualifie le site français Mediapart- d’Israël, un État accusé de commettre un génocide contre la population civile de Gaza.

Depuis octobre 2023, plus de 41.000 civils, dont une majorité de femmes et d’enfants, ont été tués par l’armée israélienne dans l’enclave palestinienne.

Retraits discrets de Carrefour et AXA

À mesure que l’ampleur du bilan augmente, celle du mouvement de boycott de l’État hébreu monte aussi et de plus en plus d’entreprises occidentales finissent par céder.

Selon Mediapart, citant un rapport établi en août dernier par l’ONG Eko qui œuvre pour limiter l’influence des multinationales à travers le monde, le groupe français AXA s’est « désinvesti de toutes les banques israéliennes finançant les crimes de guerre à l’encontre des Palestiniens ».

Dans le détail, le rapport, réalisé en collaboration avec le collectif « Stop AXA Assistance to Israeli Apartheid », précise que le groupe français a procédé ces derniers mois à un « désinvestissement clair, rapide et délibéré » des établissements Bank Hapoalim, Bank Leumi et Israel Discount Bank.

Jusqu’au 30 septembre 2023, AXA détenait dans les banques israéliennes plus de 2,5 millions d’actions, d’une valeur de 20,4 millions de dollars, indique-t-on.

Les trois banques israéliennes figurent sur une liste établie par les Nations-Unies des entreprises impliquées directement ou indirectement dans la colonisation des territoires palestiniens.

AXA avait entamé son retrait des entités israéliennes bien avant la guerre en cours déclenchée en octobre 2023. Selon le même rapport, le groupe s’était désengagé en 2022 du capital de deux autres banques israéliennes, Mizrahi-Tefahot Bank et First International Bank of Israel, et en 2019 de celui de la société d’armement Elbit Systems. AXA était sous la pression du mouvement de boycott depuis 2016.

Entreprises françaises en Israël : AXA et Carrefour effectuent des retraits discrets

Pour les membres du mouvement BDS, ces retraits successifs constituent « un succès important ». Et ce n’est pas le seul, puisqu’un autre grand groupe français, Carrefour, qui a, lui aussi, fait l’objet d’une campagne de boycott, a « discrètement » retiré les produits de sa marque des magasins Yenot Bitan qui opère dans les colonies de Cisjordanie.

Carrefour s’était attiré les foudres des opinions publiques propalestiniennes à travers le monde lorsque, juste après le début de la guerre de Gaza le 7 octobre dernier, sa branche israélienne avait annoncé qu’elle allait faire des « milliers d’envois personnels » aux soldats israéliens engagés dans les bombardements contre la population civile gazaouie.

Le retrait des produits Carrefour n’a toutefois qu’une portée « cosmétique », estime Pierre Motin, responsable de la plateforme des ONG pour la Palestine, cité par Mediapart.

Pierre Motin estime qu’il s’agit d’un « petit retrait sur la visibilité et l’affichage de la marque dans les colonies », déplorant que « les accords de franchise demeurent ».

Un autre grand groupe français est, pour les mêmes raisons, dans le viseur de six collectifs pro-palestiniens. Il s’agit du géant bancaire BNP Paribas auquel il est reproché de « financer l’État israélien en pleine guerre contre la population civile de Gaza ».

En juin dernier, le journal français L’humanité avait révélé que BNP Paribas s’est engagé à garantir 2 milliards de dollars sur un total de 8 milliards de dollars d’obligations émises par l’État d’Israël.

Selon un rapport du collectif « Don’t buy occupation », la banque française est aussi la principale institution financière d’Elbit Systems, auquel elle a accordé en 2022 un prêt de 174 millions de dollars.

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