Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a effectué ce dimanche 6 avril une visite à Alger où il a acté la fin de la crise entre l’Algérie et la France. Il a été reçu par son homologue algérien Ahmed Attaf et le président Abdelmadjid Tebboune. Après ces entretiens, il a annoncé la « réactivation dès aujourd’hui de tous les mécanismes de coopération dans tous les secteurs », entre l’Algérie et la France.
L’Algérie et la France reprennent la coopération avec « sérieux, discrétion, efficacité »
« Nous avons mis sur la table avec franchise l’ensemble des sujets qui nous ont préoccupés ces derniers mois afin de décliner les principes posés par les deux présidents lors de leur entretien téléphonique du 31 mars et de retrouver la dynamique et l’ambition fixée par les deux chefs d’État dans la déclaration d’Alger de 2022 », a fait savoir Jean-Noël Barrot dans une déclaration à la presse.
Il a précisé que l’Algérie et la France ont « décidé de le faire avec sérieux, discrétion, efficacité, en réactivant dès aujourd’hui l’ensemble des mécanismes de coopération dans tous les secteurs ». « Nous revenons à la normale, et pour reprendre les mots du président Tebboune « le rideau se lève » », a-t-il dit.
Jean-Noël Barrot a ajouté que les « contacts entre les services de renseignement » des deux pays « reprennent ». Il a annoncé qu’une « réunion des plus hauts responsables de la sécurité est désormais actée et de même nous aurons un dialogue stratégique sur le Sahel ».
Dans le domaine judiciaire, Jean-Noël Barrot a dit avoir confirmé au président Tebboune la visite prochaine du ministre de la Justice et Garde des Sceaux Gérald Darmanin en Algérie, en précisant qu’elle « s’accompagnera d’une reprise du dialogue judiciaire entre nos deux pays ».
Coopération économique entre l’Algérie et la France : ce qui va se passer
« Nous avons beaucoup d’enjeux de coopération notamment sur l’exécution des commissions rogatoires sur le dossier sensible des biens mal acquis. J’ai évoqué, et le Garde des sceaux aura l’occasion de le préciser, l’invitation par le services en charge du parquet national financier à leurs homologues algériens des juridictions compétentes à se rendre à Paris pour étudier tous les dossiers », a-t-il dit.
Dans le champ des mobilités, les deux présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron sont « convenus de la reprise sans délai de la coopération migratoire, a rappelé le chef de la diplomatie française ». Un engagement qui a été « confirmé par le président Tebboune », selon M. Barrot.
Rencontre entre des consuls d’Algérie et des préfets
Dans le détail, la reprise de la coopération migratoire entre l’Algérie et la France concerne les « réadmissions, les visas », selon M. Barrot qui a précisé que « ces questions seront traitées dans le cadre des accords existants via les procédures normales et fluides de la coopération consulaire ».
Le chef de la diplomatie française a dit que le président Tebboune était « favorable à une rencontre prochaine entre les consuls algériens en France et les préfets. Nous allons maintenant l’organiser avec le ministère algérien des Affaires étrangères. Et puis nous sommes convenus de travailler au contenu des accords qui régissent notre relation sur le plan migratoire et d’identifier les enrichissements nécessaires pour les rendre plus efficaces ».
Lors de la visite à Alger, Jean-Noël Barrot a posé sur la table le dossier économique. « J’ai eu l’occasion de rappeler les difficultés apparues ces derniers mois s’agissant du développement de nos échanges en particulier dans les secteurs agroalimentaire, automobile, du transport maritime. Le président Tebboune m’a assuré de sa volonté de leur donner une nouvelle impulsion », a expliqué M. Barrot.
Pour remettre sur les rails la coopération économique qui a été impactée par la crise de ces derniers mois, une rencontre aura lieu entre le Medef et le Conseil du renouveau économique algérien (Crea).
« Le président du Medef recevra son homologue algérien du CREA le 19 mai prochain. Nous avons acté la tenue avant l’été d’une réunion du Comefa », a indiqué Jean-Noël Barrot dans sa déclaration.
Algérie – France : Tebboune invite Benjamin Stora à Alger
Sur le plan mémoriel, les contacts ont « repris entre les historiens français et algériens de la commission mixte », a poursuivi M. Berrot, en révélant que le président Tebboune lui a « confirmé que l’historien Benjamin Stora était invité à venir à Alger pour poursuivre le travail sur les restitutions des objets culturels ».
« Tout cela sera suivi à mon niveau et à celui de mon homologue (Ahmed Attaf, NDR). Nous actons la reprise du dialogue entre nos deux diplomaties et les secrétaires généraux de nos deux ministères se rencontreront dans les tout prochains jours », a ajouté le chef de la diplomatie française.
Enfin, Jean-Noël Barrot a évoqué le cas de Boualem Sansal qui a été condamné le 27 mars dernier à 5 ans de prison ferme et 500.000 dinars d’amende notamment pour atteinte à l’unité nationale.
« Je souhaite enfin avoir un mot pour notre compatriote Boualem Sansal. J’appelle de mes vœux, comme l’a fait le président Macron auprès du président Tebboune, à un geste d’humanité en vue de son âge et en vue de son état de santé », a dit Barrot.
Le chef de la diplomatie française a conclu sa déclaration en expliquant que cette visite est une « volonté partagée de lever le rideau, d’entrer dans une nouvelle phase de notre relation. Une relation d’égal à égal entre la France et l’Algérie au bénéfice mutuel de nos deux pays et de nos deux peuples. C’est l’objectif de ma présence aujourd’hui ».