Économie

La Banque mondiale dévoile le nouveau visage de l’économie algérienne

« Comment l’Algérie construit une économie dynamique pour demain ». C’est ainsi que la Banque mondiale a titré un article sur la progression des exportations hors hydrocarbures de l’Algérie, mis en ligne sur son site worldbank.org.

Des performances rendues possibles par une batterie de réformes, dont la nouvelle loi sur l’investissement de 2022 et le Système communautaire portuaire algérien (APCS).

Malgré les avancées, des problèmes de productivité et de bureaucratie sont toujours soulignés, tempère toutefois l’institution financière mondiale.

La Banque mondiale souligne d’emblée la diversification de l’économie algérienne et la hausse des exportations hors hydrocarbures.

Cette image qui symbolise la transformation de l’économie algérienne

D’abord par les chiffres :  5,1 milliards de dollars en 2023, soit le triple du volume de 2017. Puis par une image concrète : des grues vrombissent au-dessus des piles de conteneurs au port d’Alger.

Il y a dix ans, 90 % de ces navires transportaient du pétrole et du gaz », rappelle un employé du port en désignant les navires chargés d’une multitude de produits prêts à être expédiés vers l’étranger, des engrais, des bobines d’acier et des caisses de dattes. L’image « symbolise un nouveau chapitre de l’histoire économique de l’Algérie ».

Afin de réduire sa forte dépendance aux hydrocarbures, l’Algérie a entrepris « une profonde transformation pour réduire cette dépendance et attirer les investissements étrangers » et « les récentes mesures soutenues par la Banque mondiale commencent à porter leurs fruits », lit-on dans l’article, qui cite les conclusions du Point économique de l’Algérie pour le second semestre 2024.

Ainsi, les exportations hors hydrocarbures de l’Algérie ont triplé depuis 2017, pour atteindre 5,1 milliards de dollars en 2023. Elles sont constituées essentiellement d’engrais, de produits sidérurgiques et de ciment. Cette performance témoigne des « premiers succès enregistrés dans l’élargissement de la base économique de l’Algérie ».

Au cœur de cette transformation, se trouve le Système communautaire portuaire algérien (APCS), lancé en juillet 2021 et développé avec l’expertise de la Banque mondiale, souligne cette dernière.

Il s’agit, est-il expliqué, d’une plateforme numérique qui connecte tous les acteurs portuaires et réduit les délais de dédouanement des marchandises en reliant les douanes, les compagnies maritimes et les exportateurs via une interface unique.

La Banque mondiale salue la progression des exportations hors hydrocarbures de l’Algérie 

Pour Meriem Ait Ali Slimane, économiste principale à la Banque mondiale, l’APCS « marque un tournant pour le secteur commercial algérien » et « démontre comment des réformes ciblées peuvent avoir un impact économique transformateur ».

Outre cette plateforme portuaire, la loi sur l’investissement de 2022 a été aussi un « élément clé » des efforts de l’Algérie.

Visant à attirer les investisseurs nationaux et étrangers, le texte offre « des incitations telles que des exonérations fiscales, des exonérations de droits de douane et des procédures administratives simplifiées par l’intermédiaire de la nouvelle Agence algérienne de promotion des investissements (AAPI) ».

Cette dernière a déployé une plateforme en ligne pour simplifier le parcours des investisseurs, en facilitant l’accès au foncier, à l’information et aux incitations par voie numérique et elle a pu compter sur l’aide de la Banque mondiale qui a fourni des « formations et des recommandations politiques », notamment des conseils « sur la manière d’attirer les investissements directs étrangers ».

La Banque mondiale a aussi souligné la progression du secteur agricole algérien, notamment dans l’exportation de produits alimentaires frais.

Là aussi, la Banque mondiale explique avoir apporté une « assistance technique » qui a facilité la réalisation d’études de marché, d’évaluations des chaînes de valeur et de dialogues public-privé.

En 2018, elle a soutenu une campagne ayant permis de collecter plus de 800.000 peaux de mouton, « ouvrant ainsi de nouvelles perspectives à l’industrie du cuir ».

Des efforts similaires dans le secteur industriel se sont concentrés sur des chaînes de valeur telles que le liège et la mécanique de précision, indique-t-on.

Ces défis que l’Algérie doit relever

La Banque mondiale rappelle aussi qu’elle a aidé l’Agence nationale d’accréditation (ALGERAC) afin de garantir la conformité des produits algériens aux normes internationales.

Toutefois, souligne la Banque mondiale, malgré les progrès réalisés, l’Algérie continue de rencontrer des difficultés en matière de productivité et de bureaucratie.

La transition mondiale vers la décarbonation pose aussi des défis à l’Algérie, notamment pour les exportations à forte intensité de carbone.

Pour soutenir la croissance des exportations, l’Algérie doit accroître sa productivité, attirer davantage d’IDE et verdir ses processus industriels, estime la Banque mondiale qui a recommandé l’adoption d’une tarification du carbone, la diversification des marchés d’exportation et le renforcement des chaînes de valeur dans des secteurs à fort potentiel comme les énergies renouvelables et les technologies de l’information.

« L’enjeu consiste désormais à poursuivre sur cette lancée en s’attaquant aux obstacles structurels et en améliorant la compétitivité », estime Kamel Braham, représentant résident de la Banque mondiale en Algérie.

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