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La classe politique française face à son destin !

La classe politique française face à son destin !

Par franz massard / Adobe Stock
France

TRIBUNE. Le gouvernement français est aujourd’hui dominé par les perdants aux dernières élections législatives, à savoir, les macronistes de Renaissance, Les Républicains (LR) et le Modem.

Malgré tout, ce gouvernement de coalition des perdants est à la merci du parti d’extrême droite, le Rassemblement National (RN), qui est arrivé deuxième aux élections, derrière le Front Populaire, une coalition des partis de gauche.

En effet, pour ce gouvernement, le danger ne peut venir que du RN. Non par une censure de ce dernier, car une mention de censure du RN a peu de chance d’être votée par les partis du Front Populaire, mais par le vote d’une mention de censure présentée par le Front Populaire, qu’il pourrait décider de suivre à l’insu du plein gré de ce dernier.

Un gouvernement à la merci du RN

À tout moment, et dès lors que les textes le permettront, le gouvernement actuel pourrait tomber si le RN devait voter une éventuelle mention de censure du Front Populaire, réuni pour la circonstance (même si cette perspective s’éloigne de plus en plus).

De fait, le sort du gouvernement actuel est entre les mains du RN. Et pour survivre, ce gouvernement doit agir dans deux directions : provoquer et alimenter jusqu’à la caricature les polémiques pour isoler la principale et première composante du Front Populaire, La France Insoumise, et phagocyter cette coalition pour éloigner le spectre d’une mention de censure d’un front uni, et donner des gages, presque chaque jour, en laissant glisser le discours officiel vers les éléments de langage populistes et électoralistes du RN.

C’est précisément là qu’intervient le ministre de l’IntérieurBruno Retailleau, candidat à la présidence des LR. Il est à l’évidence le laissez-passer RN du gouvernement et l’incarnation de leur alliance objective.

Une tension politique permanente autour d’un triptyque

En imposant une tension politique permanente autour d’une actualité portant exclusivement sur des triptyques, l’Islam, les musulmans et le voile ; les immigrés, les sans-papiers et les droits sociaux ; l’Algérie, les accords de 1968 et les OQTF, il s’inscrit dans la tradition, le discours et la stratégie racistes, xénophobes, islamophobes et algérophobes du Front National devenu RN avec l’ensemble de ces derniers attributs mais débarrassé de l’étiquette antisémite qui caractérisait son ancien mentor.

Cela permet à M Retailleau d’alimenter tous les fantasmes autour des musulmans de France et des immigrés, et de nourrir les aigris qui ont l’obsession de l’Algérie, le tout dans le cadre d’une double stratégie : préserver autant que possible le gouvernement François Bayrou d’une censure et donner une visibilité et des perspectives politiques à sa trajectoire personnelle pour emporter la direction des LR et s’imposer comme le candidat naturel du parti aux prochaines élections présidentielles.

Le gouvernement français devient ainsi un marchepied à une ambition personnelle, et se faisant il se laisse aller à porter officiellement en son sein, et donc en présence des macronistes de Renaissance et des démocrates du Modem, des discours excessifs et extrémistes qui ciblent de manière éhontée des populations, dont une partie des Français, en raison de leur religion et/ou de leur pays d’origine.

Ce grave glissement est la conséquence d’une stratégie anti partis menée par le président Macron lors de son 1er mandat et d’un affaissement généralisé de la classe politique française traditionnelle qui n’a pas réussi à se renouveler et à faire émerger des personnalités suffisamment charismatiques pour emporter l’adhésion des français, à l’appui de projets et d’ambition d’envergure pour la France, sans avoir besoin de recourir aux discours populistes, racistes, xénophobes, islamophobes et désormais algérophobes.

C’est d’autant plus grave que de puissants instruments médiatiques sont également à l’œuvre pour alimenter et promouvoir à longueur d’ondes des discours désinhibés portés par des personnages politiques et médiatiques qui sont systématiquement sur un narratif populiste, raciste et islamophobe, anxiogène pour une grande partie de la société française, la plus fragilisée par des conditions économiques, sociales et financières difficiles, et qui de fait la rendent réceptive à ces battages médiatiques outranciers et haïssables.

Et c’est là que le bât blesse pour une société politique française, Exécutif compris, qui, pour survivre politiquement, se retrouve à faire la course au courant extrémiste de droite, en empruntant ses éléments de langage, ce qui le rend plus audible et crédible et donc suffisamment légitime aux yeux de cette frange de la société française fragilisée pour lui donner les clés de la direction du pays. C’est le serpent qui se mord la queue !

Si les femmes et les hommes politiques français responsables et raisonnables ne se décident pas, dans un sursaut salvateur, de se remettre à l’ouvrage, avec sérieux, courage et exigence, pour offrir aux Français une vision et une ambition pour la France, autour d’un projet suffisamment mobilisateur pour ne pas avoir à recourir aux idées populistes d’extrême droite, racistes, xénophobes, islamophobes et algérophobes, il est fort à parier que les prochaines élections, quelles qu’elles soient, donneront à ces idées funestes une majorité suffisante pour diriger les institutions républicaines. 

*Vice-président du parti politique algérien Jil Jadid

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