La Laiterie Soummam a lancé, samedi 16 novembre, l’exploitation d’une ferme de 2.000 hectares à Ouargla dans le Sud algérien afin de produire du blé et des fourrages pour ses vaches. Un projet encouragé par le président Abdelmadjid Tebboune dans le but de réduire les importations de poudre de lait.
Sur la concession agricole à Ouargla, les travaux vont bon train. Les premiers forages ont été réalisés et plusieurs pivots installés. Le 16 novembre, Seddik Saadi, le directeur de la Laiterie Soummam, a accueilli les autorités locales et notamment Abdul Ghani Filali, le wali afin de procéder au lancement officiel de la campagne de semis.
Les autorisations de forages ont permis un accès à l’eau et le débit obtenu sur place est appréciable.
En juin dernier, le responsable de la communication à la laiterie Soummam, Djamel Alilat confiait au quotidien Horizons : « Nous avons acquis des terres à Ouargla sur une superficie de plus de 2.000 ha, où nous avons entamé la production du fourrage et des céréales qui vont servir à approvisionner nos éleveurs et notre usine de fabrication de concentré d’aliment implantée à Bordj Bou Arreridj ».
Une première en Algérie dans la mesure où les fabricants d’aliments du bétail utilisent généralement des matières premières importées.
L’entreprise fondée par Lounis Hamitouche assure actuellement une « collecte moyenne quotidienne de 860.000 litres de lait cru, ce qui fait d’elle le premier collecteur et producteur de lait à l’échelle nationale », selon Djamel Alilat.
Un projet suggéré par le président Tebboune
Lors de ses passages à la Foire de la production nationale d’Alger, il y a des stands devant lesquels le président Tebboune s’arrête parfois. C’est le cas de celui de la Laiterie Soummam installée à Akbou dans la wilaya de Bejaïa.
En 2019, lors de la Foire de la production nationale, le président Abdelmadjid Tebboune a rencontré le patron de la laiterie Soummam qui produit notamment yaourts, lait et fromages. La discussion avait porté sur l’investissement, la création d’emplois et l’exportation.
À cette occasion, le chef de l’État s’était déclaré satisfait par le travail réalisé par cette entreprise : « Vous êtes un exemple », avait-il déclaré.
Puis, il avait ajouté : « Dites-moi ce dont vous avez besoin pour créer plus d’emplois, je suis là. Vous avez travaillé, investi, ça ne me gêne pas qu’il y ait du donnant donnant. On vous donne les terrains et vous créez des emplois. Notre objectif, c’est de redémarrer la machine et de créer des emplois pour les jeunes. Le chômage doit baisser obligatoirement et cela va se faire avec des gens comme vous qui ont déjà donné la preuve sur le terrain. Je suis avec vous ».
Lors de l’édition 2022, le président de la République a eu l’occasion de s’arrêter à nouveau au stand Soummam où le représentant de la laiterie avait présenté les dernières réalisations de cette entreprise familiale, leader de la production des produits laitiers en Algérie.
Le chef de l’État avait alors demandé que la proportion de poudre de lait incorporée dans les préparations de la laiterie soit diminuée au profit du lait produit en Algérie.
Et il avait suggéré le développement de la production locale de lait et avait indiqué que toutes les facilités pourraient être accordées par les pouvoirs publics à cet effet. Accompagné du ministre de l’Agriculture et du Développement rural, le chef de l’État avait déclaré : « Si vous voulez un terrain à Adrar, à Menia ou à Aïn Salah, donnez-leur tout de suite. Je préfère qu’il bénéficie d’une concession et que le sol produise et qu’il mette en valeur la terre et produise du lait au lieu d’utiliser la poudre de lait ».
Puis le président Tebboune avait proposé : « Reprenez votre dossier pour voir combien vous avez besoin de superficie. Sachant qu’une vache a besoin d’un hectare, si vous devez élever 10.000 vaches, demandez 10.000 hectares ». Ajoutant : « C’est sans problème. Moi, je vous assure que vous les aurez ».
La laiterie Soummam dispose actuellement de huit fermes consacrées à l’élevage de vaches laitières implantées au niveau de différentes régions du pays, ce qui représente un cheptel de plus de 3.000 têtes.
Vers la réduction des importations de poudre de lait
L’Algérie est classée parmi les plus gros importateurs de poudre de lait. En 2022, Khaled Soualmia, directeur général de l’Office national interprofessionnel du lait et des produits laitiers (ONIL), avait eu l’occasion de préciser lors d’un entretien avec la presse locale que la facture d’importation du lait de l’Algérie en poudre était « estimée à environ 600 millions de dollars ».
Afin de réduire ces importations, la production locale de lait est fortement encouragée. Fin avril, un accord-cadre a été signé entre le ministère de l’Agriculture et la société qatarie Baladna pour la réalisation d’une ferme géante devant accueillir 270.000 vaches pour la production de lait en poudre à Adrar.
Le projet devrait s’étendre sur une superficie de 117.000 hectares et être composé de 3 pôles : une ferme de production de céréales et de fourrage, une ferme d’élevage de vaches et de production de lait et de viande, ainsi qu’une usine de production de lait en poudre.
La laiterie Baladna exploite au Qatar une ferme de 24.000 vaches nourries à partir de foin de luzerne importé par conteneurs depuis le Soudan. Dans le cas du projet d’Adrar, ce fourrage devrait être produit localement.
Lait et viande blanche
Le développement actuel de la filière lait en Algérie repose en grande partie sur l’utilisation de maïs ensilage conditionné sous forme de balles rondes enrubannées. Ce produit remporte un succès grandissant auprès des investisseurs du Sud qui réalisent cette culture sous pivot après une première culture de blé. Les surplus sont dirigés vers les exploitations laitières du Nord du pays.
Dans le même temps, la filière avicole nécessite, elle aussi, du maïs, cependant sous la forme de grains. Un maïs actuellement importé à raison de plus de 4 millions de tonnes par an.
Aussi, début septembre, Youcef Cherfa, le ministère de l’Agriculture, a indiqué l’objectif de la mise en culture de 220.000 hectares consacrés à la culture du maïs au Sud.
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