Confrontée à la sécheresse et à l’amenuisement de ses ressources hydriques dans le nord du pays, l’Algérie encourage la plantation d’arbres moins gourmands en eau.
Début février, les services agricoles de la wilaya de Batna ont lancé un appel aux agriculteurs qui souhaitent planter des arbres fruitiers en leur proposant des figuiers, des amandiers, des pistachiers…
Des arbres moins exigeants en eau, un tournant pour les services agricoles.
Pour bénéficier d’aides à la plantation, les agriculteurs algériens sont invités à se rapprocher des services agricoles et d’y déposer leurs dossiers. Il devrait y figurer la carte d’agriculteur, l’occupation légale d’un terrain agricole et justifier de disponibilités pour l’irrigation des arbres.
Pommiers et abricotiers de Ngaous
La wilaya de Batna est traditionnellement connue pour ses abricots et ses pommiers.
À Ngaous, les variétés d’abricots Louizi, Rosé, Paviot ou Canino sont gorgées de soleil et ont permis l’installation d’usines de transformation des fruits.
En 2024, ce sont près de 400 000 quintaux d’abricots qui ont été récoltés contre près de 120 000 quintaux en 2023. Une hausse liée à une meilleure pluviométrie, aussi afin de pallier au risque de sécheresse, les services agricoles demandent aux agriculteurs d’avoir recours à des systèmes d’irrigation plus économes en eau.
La culture des pommiers y est plus récente et a vite acquis ses lettres de noblesse. Les communes d’Ichmoul, Inoughissen, Foum Toub, Oued Taga et Ouyoune El Assafir bénéficient d’un bon ensoleillement mais également d’hivers particulièrement froids du fait de leur altitude.
Un froid indispensable aux pommiers. Problème, les besoins en eau de l’espèce sont élevés et obligent les agriculteurs à disposer de forages et à construire des bassins de stockage.
Engouement pour le pistachier en Algérie
C’est pourquoi les services agricoles algériens mettent aujourd’hui l’accent sur des espèces moins dépendantes des apports d’eau. Un hectare de pommiers peut avoir besoin de 2 200 m3 d’eau par an alors que les besoins de l’amandier en eau ne sont que de 300 m3 et ceux du pistachier que de 100 m3.
Au grand étonnement des Syriens vivant en Algérie, la culture de la pistache est peu développée dans le pays.
L’arbre est pourtant réputé être adapté au climat semi-aride ce qui explique sa large diffusion en Syrie. Dès le début des années 1970 à Batna, les services agricoles ont mis en place un verger d’observation à Timgad. Mais ce n’est que récemment qu’on assiste à un véritable engouement même s’il est nécessaire d’attendre 4 à 5 années après plantation pour obtenir de premières récoltes.
En 2024 à El Bayadh, les services agricoles ont démarré la plantation de 200 000 arbres fruitiers résistants à la sécheresse où le pistachier est présent aux côtés d’amandiers et d’arganiers. Une opération confiée à l’Entreprise régionale de génie rural Djurdjura (ERGR).
À Ouargla, la pépinière Loudini offre ses services pour procéder aux plantations de pistachiers et à l’installation d’un système d’irrigation localisée par goutte à goutte.
À la tête de cette entreprise, le jeune Bilal Loudini a révolutionné les façons de faire. Il a opté pour la plantation mécanisée qui ne nécessite que 5 minutes pour planter un arbre en terrain meuble, déclare-t-il.
C’est en 2022 que cet entrepreneur, issu d’un couple algéro-russe, a créé une pépinière. Dans un langage en langue arabe teinté d’un fort accent russe, il vulgarise les techniques de plantation du pistachier.
En décembre 2024, il confiait au quotidien El Moudjahid : « C’est un projet autofinancé. J’ai commencé par la plantation de 10 hectares, aujourd’hui j’ai atteint 90 hectares avec une capacité annuelle de production de pistachiers de 100.000 à 1 million de plants par an. Nous ambitionnons d’atteindre 2 millions de plants ».
Partout en Algérie, le tournant pris par les services agricoles d’encourager les plantations d’arbres fruitiers moins gourmands en eau est significatif d’une prise de conscience : le manque de pluie. Ce qui oblige à un recours plus fréquent aux eaux souterraines avec un rabattement de la nappe déjà signalé dans plusieurs wilayas.
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