Quand Yasmine Belkaïd, immunologiste franco-algérienne de renommée mondiale et directrice de l’Institut Pasteur (France), parle de l’Algérie, ses yeux brillent.
Invitée du podcast de la Grande Mosquée de Paris, aux côtés du recteur Chems-Eddine Hafiz, la scientifique a témoigné de son attachement profond à son Algérie natale.
« Ce pays est absolument fabuleux »
Originaire de Tlemcen, Yasmine Belkaïd est née à Alger et y a grandi. Pour elle, la capitale algérienne n’est pas une ville comme les autres.
Dans son entretien avec le recteur de la Grande Mosquée de Paris, diffusé sur YouTube, elle revient sur cette nostalgie que connaissent bien les membres de la diaspora.
« Quand je pense à Alger, je pense à la lumière absolument extraordinaire, à la beauté de cette ville qui s’engouffre dans la mer, la gentillesse des gens, la vie et l’énergie », confie-t-elle, tout sourire.
Elle se rappelle notamment les parfums de son enfance, des odeurs qui encensent les ruelles des villes méditerranéennes :
« Mes odeurs souvenirs, c’est le lilas de nuit, la menthe et le jasmin. Pour moi, ce sont des odeurs d’Alger, des parfums qui marquent mon enfance. Quand je repense à ces odeurs, il y a quelque chose qui se calme en moi ».
La directrice générale de l’Institut Pasteur se dit, plus globalement, « fascinée par la beauté de mon pays ». « L’Algérie est un pays hallucinant. En quelques heures en voiture, on passe d’un univers à un autre : toutes les formes de désert, des côtes magnifiques, les montagnes, la neige… Ce pays est absolument fabuleux », décrit-elle.
« Les gens en Algérie ont cette gentillesse… »
Pour Yasmina, Belkaïd, l’Algérie, c’est surtout ses habitants, leurs valeurs sensiblement les mêmes aux quatre coins du pays : « Les gens en Algérie ont cette gentillesse, cette générosité… C’est vraiment la culture algérienne : générosité, gentillesse, accueil, disponibilité ».
Cet héritage humain qui l’a façonnée, l’immunologiste l’a vécu dans son foyer, avec des « femmes fortes » qui chérissent l’apprentissage, et un père passionné de connaissance, le regretté ministre Aboubakr Belkaïd.
C’est avec cet entourage encourageant que la jeune Yasmine fait ses études à l’université des sciences et de la technologie Houari-Boumediène à Bab Ezzouar, avant de se voir contrainte de quitter le pays.
« Je suis née en Algérie, j’ai fait mes études en Algérie, à l’USTHB, et je voulais rester en Algérie. Hélas, nous avons eu une décennie difficile, et une guerre civile qui a fait que nous n’avions plus de programme de thèse en Algérie, donc j’ai dû partir », relate-t-elle.
Une chercheuse renommée attachée à son pays natal
Si elle occupe aujourd’hui une place dans les plus hautes sphères de la recherche scientifique à travers le monde, Yasmine Belkaïd affirme que l’Algérie ne l’a jamais quittée.
Dans son bureau à l’Institut Pasteur, elle a pris soin d’entourer son quotidien de roses des sables, ainsi que de tableaux de l’artiste peintre Baya, figure algérienne emblématique du 20ème siècle, avec ses créations colorées.
Et quand Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, lui demande où elle aimerait se retrouver pour un pur moment de bonheur, Yasmine Belkaïd révèle spontanément : « Taghit (oasis à Béchar), pour y voir les étoiles ».
Femme de science émérite, la professeure Belkaïd a été distinguée à l’échelle internationale pour son talent et son engagement dans la recherche.
En décembre 2024, elle reçoit le prestigieux Prix Génies Arabes en médecine, surnommé le « Nobel du monde arabe ». Une distinction qui salue ses travaux sur le système immunitaire.
Aujourd’hui, la directrice générale de l’Institut Pasteur reste profondément attachée à son pays natal et à ses valeurs.
À son image, son message à la jeune génération en Algérie et partout ailleurs est clair : « Ayez une vie engagée, battez-vous pour vos valeurs, soyez au service de l’autre, construisez et laissez des choses qui servent à la communauté ».